GARNIER Louis

  • 69988 Sachsenhausen

  • Né le 7 février 1889 à Tollaincourt (Vosges)

  • Décédé le 19 décembre 1961 à Remoulins

Louis Augustin Garnier est né le 7 février 1889 à Tollaincourt dans les Vosges. Il est le fils de Philipe Garnier et de Marie Aline Leuret, aubergistes. Il est le dernier enfant d’une fratrie de sept. Sa mère décède en 1908. Il effectue son service militaire en 1909, il est enregistré au bureau de recrutement de Neufchâteau dans les Vosges. Lors de son mariage à Nancy en Meurthe-et-Moselle le 24 décembre 1913 avec Alice Pauline Toussenot, employée de commerce, il est maréchal des logis rengagé dans le 5ème régiment de Hussards en garnison à Nancy. Il participe à la Première Guerre mondiale en tant que sous-officier. Il sert dans la cavalerie. Il reçoit la Croix de guerre en 1915. Il poursuit sa carrière de militaire. Veuf en 1936, il se remarie à Paris le 30 décembre 1937 avec Madeleine Joséphine Gueguen, modiste. A ce moment-là, il est commis de rédaction et de comptabilité au ministère de la Guerre et il réside à Paris au 53 rue de Bourgogne dans le 7ème arrondissement. Il est mobilisé en septembre 1939.

Lors de la débâcle, en tant que chef des archives, le capitaine Garnier participe au transfert des archives du 5ème bureau de l’état-major de l’armée sous l’autorité du capitaine Paul Paillole (devenu colonel après la guerre). Le 19 juin, sur ordre, il brûle quatre à cinq tonnes de dossiers à l’intérêt secondaire pour éviter que les Allemands ne s’en emparent. Après la signature de l’armistice, le 5ème bureau est dissous. A la fin du mois de juin, à Bon-Encontre dans le Lot-et-Garonne, le colonel Rivet, le capitaine Paillole et d’autres membres du service de renseignements dont Louis Garnier font le serment de poursuivre la lutte dans la clandestinité ce qui va donner naissance au réseau de renseignements et de contre-espionnage SSMF-TR (Service de sécurité militaire en France-Travaux ruraux), officiellement homologué après la guerre à compter du 1er septembre 1940. Les services de Louis Garnier, eux, sont homologués à partir du 25 juillet 1940 en tant qu’agent P2. Il est l’adjoint au chef de réseau, Paul Paillole. En tant que chef archiviste, il transporte et camoufle des documents sur la défense nationale. Le 30 juin 1940, il emmène 30 tonnes d’archives et de fiches pour les cacher dans les caves de la Société de fromages de Roquefort jusqu’en septembre. Elles vont ensuite rester trois mois à Toulon dans deux cellules de la prison maritime dans l’espoir d’être évacuées en Afrique du Nord. En janvier 1941, elles arrivent à Marseille au PC du réseau. Une partie des archives est de nouveau éliminée. Un plan de repli est prévu : 20 tonnes doivent être acheminées à Lédenon dans le Gard dans la propriété du colonel d’aviation Favre de Thierrens. Le capitaine Garnier et son adjoint, le gendarme Maurice Saint-Jean (matricule 42865 à Flossenbürg), doivent y être logés. Finalement entre le 7 et le 15 octobre 1942, 200 caisses d’archives et de fiches sont déplacées de Marseille à Lédenon. Après l’invasion de la zone Sud par l’armée allemande, Louis Garnier demande au maire de Lédenon d’éviter l’occupation de la maison de Favre de Thierrens en lui précisant qu’un dépôt d’archives d’un ministère parisien s’y trouve. Il enfouit avec Maurice Saint-Jean les caisses dans les jardins. Le 15 juin 1943, celui-ci rencontre à Beaucaire un ancien collègue des services de renseignement, l’adjudant-chef D., et lui parle de Lédenon. Le lendemain, il est arrêté en gare de Nîmes dénoncé par D., arrêté depuis trois mois et qui a été retourné par la Gestapo.

Deux versions divergent sur certains points quant à la suite des événements. La première version est celle issue de son dossier de demande du titre de déporté et des documents officiels (attestations, liste de départ en déportation). A la suite d’une dénonciation, Louis Garnier est interpellé le 15 juin 1943 à Lédenon dans le Gard par la Gestapo. Il est incarcéré à Lyon à la prison de Montluc. Le 19 juin, il est transféré à la prison de Sarrebruck où il est interné du 4 au 9 juillet puis dans une prison de Berlin du 10 juillet au 11 août avant d’être envoyé au camp de Sachsenhausen. Au moment de l’avancée alliée, il est transféré au château d’Eisenberg en Tchécoslovaquie du 17 avril au 7 mai 1945 où il est gardé comme otage. Il est rapatrié le 19 mai.

Le récit de Paul Paillole sur le site de l’Amicale des anciens et amis des services spéciaux français est quelque peu différent. Selon lui, Garnier n’est appréhendé que le 20 juin lorsque la propriété est fouillée de 6 heures à 17 heures par un commando du SD dirigé par le chef de la Gestapo de Vichy, Hugo Geissler. Les caisses des archives sont récupérées. Elles partent dans quatre camions à destination de Vichy où Garnier est interrogé par la Gestapo. En juillet, les archives et leur chef sont emmenés en Tchécoslovaquie dans une résidence près du camp de Hradischko, un Kommando de Flossenbürg. « Garnier y est bien traité. Dans le courant du mois d’août 1943, il sera invité par du personnel de l’Abwehr parlant correctement le français à assister à l’ouverture et à l’inventaire des caisses. Ce travail durera cinq à six semaines sans que les Allemands paraissent trouver dans ces archives matière à exploitation. A plusieurs reprises des officiers de la Wehrmacht interrogeront notre chef archiviste sur la signification de fiches et la constitution de certains dossiers. Ils s’étonneront de l’absence de documents postérieurs à 1939 et du piteux état de l’ensemble. Finalement, les caisses refermées sommairement restèrent enfermées dans plusieurs pièces ; Garnier, demeurant sur place sous la garde de SS. (…) Garnier libéré par l’Armée Soviétique, voyait avec tristesse celle-ci mettre la main sur nos archives ». Elles sont conservées à Moscou et elles ne sont rendues à la France qu’après la chute de l’URSS, entre 1994 et 2000.

En juin 1945, Louis Garnier s’installe à Versailles. Après la guerre, ses services dans la Résistance sont homologués avec le grade de capitaine. Il reçoit la médaille de la Résistance et la Croix de guerre en 1945. Il divorce le 25 juin 1948. Il se remarie à Paris le 7 novembre 1950 avec Hélène Raymonde Marie Monceau. En 1950, il est fait chevalier de la Légion d’honneur. Il est à ce moment-là chef de bureau à la présidence du Conseil et il a le grade de lieutenant de cavalerie. Retraité, il s’installe à Remoulins où il décède le 19 décembre 1961 à l’âge de 72 ans.

Marilyne Andréo

Sources :

EC Tollaincourt (en ligne sur le site internet des Archives départementales des Vosges).

EC Nancy (en ligne sur le site internet des Archives départementales de Meurthe-et-Moselle).

1 449 W 39, AD Gard, Dossier de demande de la carte de combattant volontaire de la Résistance de Garnier Louis.

21 P 611 971, DAVCC Caen, Dossier de déporté de Garnier Louis.

DAVCC Caen, Dossier de déporté de Saint-Jean Maurice.

3 335 W 29, AD Rhône, Personnes internées dans la prison de Montluc (1939-1945). Fiche de Garnier Louis Augustin.

3 335 W 16, AD Rhône, Personnes internées dans la prison de Montluc (1939-1945). Fiche de Garnier Louis Augustin.

17 P 221, SHD Vincennes, Réseau SSMF-TR.

Dossier de la Légion d’honneur de Garnier Louis Augustin sur la base de données Léonore.

https://www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr/ui/notice/155011

Arbre généalogique Louis Augustin Garnier sur Geneanet.

https://gw.geneanet.org/jfdechamp?lang=fr&n=garnier&oc=&p=louis+augustin

« 1945, l’URSS récupère les archives secrètes des Français » sur le site internet de l’Amicale des anciens et amis des services spéciaux français,

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.

GARNIER Louis

  • 69988 Sachsenhausen

  • Né le 7 février 1889 à Tollaincourt (Vosges)

  • Décédé le 19 décembre 1961 à Remoulins

Louis Augustin Garnier est né le 7 février 1889 à Tollaincourt dans les Vosges. Il est le fils de Philipe Garnier et de Marie Aline Leuret, aubergistes. Il est le dernier enfant d’une fratrie de sept. Sa mère décède en 1908. Il effectue son service militaire en 1909, il est enregistré au bureau de recrutement de Neufchâteau dans les Vosges. Lors de son mariage à Nancy en Meurthe-et-Moselle le 24 décembre 1913 avec Alice Pauline Toussenot, employée de commerce, il est maréchal des logis rengagé dans le 5ème régiment de Hussards en garnison à Nancy. Il participe à la Première Guerre mondiale en tant que sous-officier. Il sert dans la cavalerie. Il reçoit la Croix de guerre en 1915. Il poursuit sa carrière de militaire. Veuf en 1936, il se remarie à Paris le 30 décembre 1937 avec Madeleine Joséphine Gueguen, modiste. A ce moment-là, il est commis de rédaction et de comptabilité au ministère de la Guerre et il réside à Paris au 53 rue de Bourgogne dans le 7ème arrondissement. Il est mobilisé en septembre 1939.

Lors de la débâcle, en tant que chef des archives, le capitaine Garnier participe au transfert des archives du 5ème bureau de l’état-major de l’armée sous l’autorité du capitaine Paul Paillole (devenu colonel après la guerre). Le 19 juin, sur ordre, il brûle quatre à cinq tonnes de dossiers à l’intérêt secondaire pour éviter que les Allemands ne s’en emparent. Après la signature de l’armistice, le 5ème bureau est dissous. A la fin du mois de juin, à Bon-Encontre dans le Lot-et-Garonne, le colonel Rivet, le capitaine Paillole et d’autres membres du service de renseignements dont Louis Garnier font le serment de poursuivre la lutte dans la clandestinité ce qui va donner naissance au réseau de renseignements et de contre-espionnage SSMF-TR (Service de sécurité militaire en France-Travaux ruraux), officiellement homologué après la guerre à compter du 1er septembre 1940. Les services de Louis Garnier, eux, sont homologués à partir du 25 juillet 1940 en tant qu’agent P2. Il est l’adjoint au chef de réseau, Paul Paillole. En tant que chef archiviste, il transporte et camoufle des documents sur la défense nationale. Le 30 juin 1940, il emmène 30 tonnes d’archives et de fiches pour les cacher dans les caves de la Société de fromages de Roquefort jusqu’en septembre. Elles vont ensuite rester trois mois à Toulon dans deux cellules de la prison maritime dans l’espoir d’être évacuées en Afrique du Nord. En janvier 1941, elles arrivent à Marseille au PC du réseau. Une partie des archives est de nouveau éliminée. Un plan de repli est prévu : 20 tonnes doivent être acheminées à Lédenon dans le Gard dans la propriété du colonel d’aviation Favre de Thierrens. Le capitaine Garnier et son adjoint, le gendarme Maurice Saint-Jean (matricule 42865 à Flossenbürg), doivent y être logés. Finalement entre le 7 et le 15 octobre 1942, 200 caisses d’archives et de fiches sont déplacées de Marseille à Lédenon. Après l’invasion de la zone Sud par l’armée allemande, Louis Garnier demande au maire de Lédenon d’éviter l’occupation de la maison de Favre de Thierrens en lui précisant qu’un dépôt d’archives d’un ministère parisien s’y trouve. Il enfouit avec Maurice Saint-Jean les caisses dans les jardins. Le 15 juin 1943, celui-ci rencontre à Beaucaire un ancien collègue des services de renseignement, l’adjudant-chef D., et lui parle de Lédenon. Le lendemain, il est arrêté en gare de Nîmes dénoncé par D., arrêté depuis trois mois et qui a été retourné par la Gestapo.

Deux versions divergent sur certains points quant à la suite des événements. La première version est celle issue de son dossier de demande du titre de déporté et des documents officiels (attestations, liste de départ en déportation). A la suite d’une dénonciation, Louis Garnier est interpellé le 15 juin 1943 à Lédenon dans le Gard par la Gestapo. Il est incarcéré à Lyon à la prison de Montluc. Le 19 juin, il est transféré à la prison de Sarrebruck où il est interné du 4 au 9 juillet puis dans une prison de Berlin du 10 juillet au 11 août avant d’être envoyé au camp de Sachsenhausen. Au moment de l’avancée alliée, il est transféré au château d’Eisenberg en Tchécoslovaquie du 17 avril au 7 mai 1945 où il est gardé comme otage. Il est rapatrié le 19 mai.

Le récit de Paul Paillole sur le site de l’Amicale des anciens et amis des services spéciaux français est quelque peu différent. Selon lui, Garnier n’est appréhendé que le 20 juin lorsque la propriété est fouillée de 6 heures à 17 heures par un commando du SD dirigé par le chef de la Gestapo de Vichy, Hugo Geissler. Les caisses des archives sont récupérées. Elles partent dans quatre camions à destination de Vichy où Garnier est interrogé par la Gestapo. En juillet, les archives et leur chef sont emmenés en Tchécoslovaquie dans une résidence près du camp de Hradischko, un Kommando de Flossenbürg. « Garnier y est bien traité. Dans le courant du mois d’août 1943, il sera invité par du personnel de l’Abwehr parlant correctement le français à assister à l’ouverture et à l’inventaire des caisses. Ce travail durera cinq à six semaines sans que les Allemands paraissent trouver dans ces archives matière à exploitation. A plusieurs reprises des officiers de la Wehrmacht interrogeront notre chef archiviste sur la signification de fiches et la constitution de certains dossiers. Ils s’étonneront de l’absence de documents postérieurs à 1939 et du piteux état de l’ensemble. Finalement, les caisses refermées sommairement restèrent enfermées dans plusieurs pièces ; Garnier, demeurant sur place sous la garde de SS. (…) Garnier libéré par l’Armée Soviétique, voyait avec tristesse celle-ci mettre la main sur nos archives ». Elles sont conservées à Moscou et elles ne sont rendues à la France qu’après la chute de l’URSS, entre 1994 et 2000.

En juin 1945, Louis Garnier s’installe à Versailles. Après la guerre, ses services dans la Résistance sont homologués avec le grade de capitaine. Il reçoit la médaille de la Résistance et la Croix de guerre en 1945. Il divorce le 25 juin 1948. Il se remarie à Paris le 7 novembre 1950 avec Hélène Raymonde Marie Monceau. En 1950, il est fait chevalier de la Légion d’honneur. Il est à ce moment-là chef de bureau à la présidence du Conseil et il a le grade de lieutenant de cavalerie. Retraité, il s’installe à Remoulins où il décède le 19 décembre 1961 à l’âge de 72 ans.

Marilyne Andréo

Sources :

EC Tollaincourt (en ligne sur le site internet des Archives départementales des Vosges).

EC Nancy (en ligne sur le site internet des Archives départementales de Meurthe-et-Moselle).

1 449 W 39, AD Gard, Dossier de demande de la carte de combattant volontaire de la Résistance de Garnier Louis.

21 P 611 971, DAVCC Caen, Dossier de déporté de Garnier Louis.

DAVCC Caen, Dossier de déporté de Saint-Jean Maurice.

3 335 W 29, AD Rhône, Personnes internées dans la prison de Montluc (1939-1945). Fiche de Garnier Louis Augustin.

3 335 W 16, AD Rhône, Personnes internées dans la prison de Montluc (1939-1945). Fiche de Garnier Louis Augustin.

17 P 221, SHD Vincennes, Réseau SSMF-TR.

Dossier de la Légion d’honneur de Garnier Louis Augustin sur la base de données Léonore.

https://www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr/ui/notice/155011

Arbre généalogique Louis Augustin Garnier sur Geneanet.

https://gw.geneanet.org/jfdechamp?lang=fr&n=garnier&oc=&p=louis+augustin

« 1945, l’URSS récupère les archives secrètes des Français » sur le site internet de l’Amicale des anciens et amis des services spéciaux français,

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