RECHERCHEZ
Abraham/Adolphe Galant naît le 21 août 1922 à Leipzig. Ses parents Yehudah Galant et Rose Brill, réfugiés russes, se sont établit dans cette ville allemande en 1918. Il a deux sœurs : Betty née le 4 avril 1920 et Renée le 14 juillet 1921.
En 1924, la famille émigre à Paris, dans l’idée d’aller ensuite aux Etats-Unis. Les visas leur ayant été refusés, son père Yehudah s’établit pour de bon dans la capitale, créant une entreprise de maroquinerie. Il loue alors le premier étage d’un immeuble situé 20 rue des Partants (Paris 20°) pour son industrie, installant sa famille au 6e étage. La famille s’agrandit avec la naissance d’un petit dernier : David, le 18 mars 1927, à Paris 12e,
Les Galant sont à Paris au début de l’Occupation, mais aussitôt après la première rafle du printemps 1941, ils décident de franchir clandestinement la ligne de démarcation pour se réfugier en zone libre. Ils passent en plusieurs groupes, se rassemblant à Lyon, avant de s’installer à Nîmes. Yehudah trouve pour sa famille une petite maison au 19 bis rue de la Servie. La vie reprend sur de nouvelles bases. Adolphe, qui était étudiant à Paris s’inscrit à l’université de Montpellier où il obtient sa licence, et David poursuit sa scolarité à Nîmes. En septembre 1942, la fille aînée, Betty, se marie avec Lejb/Henri Szatkownik.
La joie de ce mariage est assombrie par l’arrivée des Allemands en zone libre. Adolphe, qui milite dans des organisations étudiantes, a de nombreux contacts y compris dans la police. En mars 1943, il est averti de l’imminence de rafles. Les Galant au grand complet quittent précipitamment Nîmes pour Nice (Alpes-Maritimes) sous occupation italienne, beaucoup plus tolérante. Mais ils y sont arrêtés par les Italiens dès le 4 avril et assignés à résidence à Saint-Martin-Vésubie, au nord du département.
Malgré tout, la vie est relativement plaisante à « l’Hôtel de la Gare » où la famille occupe tout un étage. La principale contrainte est de se présenter deux fois par jour auprès des carabiniers. C’est dans cette atmosphère apaisée que sont célébrés deux heureux évènements : le mariage de Renée avec Pinchas/Paul Apelbaum et la naissance du petit Daniel, fils de Betty et Henri Szatkownik.
Pendant ce temps, Adolphe est toujours en relation avec la Résistance niçoise. Il envoie régulièrement son frère David à Nice. Ce dernier étant français, il a davantage de facilités pour se déplacer. En septembre 1943, par l’intermédiaire de ces contacts, la famille est priée de quitter de toute urgence Saint-Martin-Vésubie pour Cuneo (Italie) car la zone d’occupation italienne est sur le point de passer sous contrôle allemand. Les instructions précisent qu’après la longue traversée des Alpes à pied, un train les attendra pour les emmener à Rome où ils devraient pouvoir se fondre dans la population en attendant les Alliés.
Et c’est en tout un millier de personnes, réparties en plusieurs groupes, qui entament ce voyage éprouvant passant par le col de Fenestre (Alpes-Martimes). Les Galant font partie du premier groupe. Hélas, peu avant Cuneo, dans le village italien de Borgo San Dalmazo, au lieu de partisans locaux, c’est la 12e Compagnie de Panzer Division qui les attend. Tout le monde est pris par les Allemands, sauf quelques rescapés qui arrivent à prévenir les groupes suivants.
Les quelques 300 prisonniers, dont la famille Galant quasiment tout entière (1), sont internés à la caserne du village, avant d’être envoyés à Drancy. Ils y arrient le 23 novembre 1943 ; Yehudah reçoit le matricule 8513, Rose le 8514 et Adolphe le 8515. Avec tous leurs proches, ils sont déportés par le convoi 64 du 7 décembre. Ils arrivent à Auschwitz trois jours plus tard, où les attend Joseph Mengele en personne.
Celui-ci sélectionne immédiatement Yehudah, malade, pour la chambre à gaz. Rose subit le même sort dès son arrivée. Adolphe, qui est envoyé à Auschwitz III (Buna-Monowitz) avec son cadet David est également victime de Mengele, en mai 1944. De toute la famille, seuls David et son beau-frère Henri Szatkownik survivront.
Gérard Krebs.
(1) La plus jeune tante d’Adolphe, Hélène (épouse Holeman) et son fils, qui étaient dans l’un des groupes suivants sont les seuls qui échappent à cette arrestation puis à la déportation.
Sources :
– Association pour la Mémoire de l’Été 1943
– Témoignage de David Galant : https://collections.ushmm.org/search/catalog/irn512340
– https://yadvashem-france.org/wp-content/uploads/2020/08/saint-martin-vesubie_lesjustesdefrance.pdf
– « Lest we forget / The Memoirs of David H. Galant » Livre autopublié en 2012 par Risa Galant, rassemblant les souvenirs de son père (dont photo d’Adolphe au début 1941, avant son départ vers la zone libre)
RECHERCHEZ
Abraham/Adolphe Galant naît le 21 août 1922 à Leipzig. Ses parents Yehudah Galant et Rose Brill, réfugiés russes, se sont établit dans cette ville allemande en 1918. Il a deux sœurs : Betty née le 4 avril 1920 et Renée le 14 juillet 1921.
En 1924, la famille émigre à Paris, dans l’idée d’aller ensuite aux Etats-Unis. Les visas leur ayant été refusés, son père Yehudah s’établit pour de bon dans la capitale, créant une entreprise de maroquinerie. Il loue alors le premier étage d’un immeuble situé 20 rue des Partants (Paris 20°) pour son industrie, installant sa famille au 6e étage. La famille s’agrandit avec la naissance d’un petit dernier : David, le 18 mars 1927, à Paris 12e,
Les Galant sont à Paris au début de l’Occupation, mais aussitôt après la première rafle du printemps 1941, ils décident de franchir clandestinement la ligne de démarcation pour se réfugier en zone libre. Ils passent en plusieurs groupes, se rassemblant à Lyon, avant de s’installer à Nîmes. Yehudah trouve pour sa famille une petite maison au 19 bis rue de la Servie. La vie reprend sur de nouvelles bases. Adolphe, qui était étudiant à Paris s’inscrit à l’université de Montpellier où il obtient sa licence, et David poursuit sa scolarité à Nîmes. En septembre 1942, la fille aînée, Betty, se marie avec Lejb/Henri Szatkownik.
La joie de ce mariage est assombrie par l’arrivée des Allemands en zone libre. Adolphe, qui milite dans des organisations étudiantes, a de nombreux contacts y compris dans la police. En mars 1943, il est averti de l’imminence de rafles. Les Galant au grand complet quittent précipitamment Nîmes pour Nice (Alpes-Maritimes) sous occupation italienne, beaucoup plus tolérante. Mais ils y sont arrêtés par les Italiens dès le 4 avril et assignés à résidence à Saint-Martin-Vésubie, au nord du département.
Malgré tout, la vie est relativement plaisante à « l’Hôtel de la Gare » où la famille occupe tout un étage. La principale contrainte est de se présenter deux fois par jour auprès des carabiniers. C’est dans cette atmosphère apaisée que sont célébrés deux heureux évènements : le mariage de Renée avec Pinchas/Paul Apelbaum et la naissance du petit Daniel, fils de Betty et Henri Szatkownik.
Pendant ce temps, Adolphe est toujours en relation avec la Résistance niçoise. Il envoie régulièrement son frère David à Nice. Ce dernier étant français, il a davantage de facilités pour se déplacer. En septembre 1943, par l’intermédiaire de ces contacts, la famille est priée de quitter de toute urgence Saint-Martin-Vésubie pour Cuneo (Italie) car la zone d’occupation italienne est sur le point de passer sous contrôle allemand. Les instructions précisent qu’après la longue traversée des Alpes à pied, un train les attendra pour les emmener à Rome où ils devraient pouvoir se fondre dans la population en attendant les Alliés.
Et c’est en tout un millier de personnes, réparties en plusieurs groupes, qui entament ce voyage éprouvant passant par le col de Fenestre (Alpes-Martimes). Les Galant font partie du premier groupe. Hélas, peu avant Cuneo, dans le village italien de Borgo San Dalmazo, au lieu de partisans locaux, c’est la 12e Compagnie de Panzer Division qui les attend. Tout le monde est pris par les Allemands, sauf quelques rescapés qui arrivent à prévenir les groupes suivants.
Les quelques 300 prisonniers, dont la famille Galant quasiment tout entière (1), sont internés à la caserne du village, avant d’être envoyés à Drancy. Ils y arrient le 23 novembre 1943 ; Yehudah reçoit le matricule 8513, Rose le 8514 et Adolphe le 8515. Avec tous leurs proches, ils sont déportés par le convoi 64 du 7 décembre. Ils arrivent à Auschwitz trois jours plus tard, où les attend Joseph Mengele en personne.
Celui-ci sélectionne immédiatement Yehudah, malade, pour la chambre à gaz. Rose subit le même sort dès son arrivée. Adolphe, qui est envoyé à Auschwitz III (Buna-Monowitz) avec son cadet David est également victime de Mengele, en mai 1944. De toute la famille, seuls David et son beau-frère Henri Szatkownik survivront.
Gérard Krebs.
(1) La plus jeune tante d’Adolphe, Hélène (épouse Holeman) et son fils, qui étaient dans l’un des groupes suivants sont les seuls qui échappent à cette arrestation puis à la déportation.
Sources :
– Association pour la Mémoire de l’Été 1943
– Témoignage de David Galant : https://collections.ushmm.org/search/catalog/irn512340
– https://yadvashem-france.org/wp-content/uploads/2020/08/saint-martin-vesubie_lesjustesdefrance.pdf
– « Lest we forget / The Memoirs of David H. Galant » Livre autopublié en 2012 par Risa Galant, rassemblant les souvenirs de son père (dont photo d’Adolphe au début 1941, avant son départ vers la zone libre)