RECHERCHEZ
Henri Marie Joseph Evrard est né le 24 juillet 1920 à Givet dans les Ardennes. Il est le fils de Joseph Ferdinand Evrard, directeur de banque à la société nancéienne, et de Marie Florine Bouchez, sans profession. Il est de religion catholique. En 1928, la famille s’installe à Pont-Saint-Esprit dans le Gard puis en 1932 à Tarare dans le Rhône. Pendant la guerre, il est comptable à la compagnie des Salins du Midi et habite à Aigues-Mortes. Il est incorporé aux chantiers de la jeunesse du 19 mars au 12 octobre 1941. Il épouse à Nîmes le 23 août 1941 Elise Louise Tournaire avec qui il a une fille, Mary. Réfractaire au Service du travail obligatoire (STO), il rejoint le 10 avril 1943 le maquis du Barrel constitué par René Rascalon et Jean Castan avec l’aide du maire de Saumane et propriétaire de cette ferme, Fernand Borgne. A la fin du mois d’avril, alerté qu’une opération de police se prépare, le groupe déménage. Le 15 mai, il s’installe dans la « baraque du Bidil » d’Aire-de-Côte sur la commune de Bassurels, à la limite entre la Lozère et le Gard, près de Saint-André-de-Valborgne.
Le 30 juin, le maquis est en alerte. Il a été averti que des groupes mobiles de réserve (GMR) sont venus en renfort à la gendarmerie du Pompidou pour traquer les maquisards. Le 1er juillet, la menace se précise. A 16 h, la Wehrmacht est à Saumane et se dirige vers Aire-de-Côte. Un ancien maquisard a dénoncé le maquis et il guide les Allemands. A Saumane, le maire, Fernand Borgne, et l’agent de liaison, Eugène Masneuf, sont arrêtés. Henri Bourelly qui aide le maquis est appréhendé à Saint-André-de-Valborgne. Le garde forestier, Emile Berrière, et le maquisard Marcel Adam sont interpellés dans la maison forestière. Le maquis est attaqué vers 21 h alors qu’il se prépare à partir. 67 maquisards sont présents au camp, retardés dans leur fuite par l’orage qui vient de finir au moment de l’arrivée de l’ennemi. Ils sont attaqués par surprise car avec le bruit de l’orage, ils n’ont pas entendu les camions arriver. Ils ne peuvent pas riposter puisqu’ils n’ont que quelques vieux fusils et quatre ou cinq revolvers. Dans la panique générale, les soldats allemands tirent sur tout ce qui bouge. Peu de résistants parviennent à prendre la fuite. L’assaut dure 20 à 25 minutes. La répression est sanglante : trois morts (Henri Aguilera, Louis Chamboredon et Jean Cazes), trois disparus (Marcel Loubier, Louis Pongibaud et Gilbert Roche) et une quarantaine de prisonniers dont deux blessés décédés en route et laissés à Saint-Jean-du-Gard (Jean Boissel et Emile Filiol), deux blessés décédés des suites de leurs blessures aux Fumades (Robert Parisot et Jean Canaguier), deux maquisards fusillés ensuite à Paris (Kurt Druckner et Henri Schumacher) et 37 sont déportés et parmi eux, 16 sont morts en déportation et deux autres peu après leur libération (Fernand Borgne et Emile Berrière).
Henri Evrard fait partie des prisonniers blessés, ses deux genoux ont été traversés par une balle. Il est soigné aux Fumades puis il rejoint ses camarades à la caserne Vallongue à Nîmes jusqu’au 17 septembre. Imparfaitement remis, il a des difficultés pour marcher. Il subit les brimades d’un garde qui lui fait des croche-pieds lorsqu’il porte son repas et qui s’amuse de le voir crier de douleur, tomber et renverser sa gamelle. Il est transféré à Compiègne (numéro 18730). Avec 934 personnes, il est déporté le 28 octobre à Buchenwald où il arrive le 30. Dans son convoi, on retrouve 33 autres maquisards d’Aire-de-Côte : Marcel Adam (matricule 31281), André Audemard (matricule 31150†), Germain Berrard (matricule 31059), Charles Besson (matricule 30815), Henri Bourelly (matricule 30585†), Jean Bourquin (matricule 31210†), Marius Brot (matricule 30586†), André Castellarnau (matricule 30922†), Marcel Cazalet (matricule 31242†), Charles Chapelier (matricule 30618), Albin Croutier (matricule 31019), Jean Delacourt (matricule 31258), André Deleuze (matricule 31275†), Paul Ferrier (matricule 31159), René Fialon (matricule 31143), Marcel Fistié (matricule 31302†), Denis Galinier (matricule 30989), Louis Gerbier (matricule 30915), Paul Gilbin (matricule 30583†), Jacques Guigon (matricule 30498), Raymond Laget (matricule 31032), Claudius Lavazeur (matricule 30637†), Raymond Louche (matricule 31284†), Eugène Masneuf (matricule 30617), Henri Montjardin (matricule 31260), Joseph Nanni (matricule 30809), René Otge (matricule 31020†), Charles Pialat (matricule 30917), Raymond Prouhèze (matricule 31050), Emile Reynal (matricule 31236†), Albert Servajean (matricule 31018), Lucien Simon (matricule 30624†) et Aimé Souchon (matricule 30914†). D’autres Gardois figurent aussi dans ce convoi comme Bernard Bordu (matricule 30864), Jean Boré (matricule 30830), Paul Gascon (matricule 30611†), Olive Jean (matricule 31245) et Julien Rigal (matricule 30561†). Seuls Fernand Borgne, Emile Berrière et Charles Rogier (arrêté le 2 juillet) transférés à Paris avant le 17 septembre sont déportés ensemble dans un autre convoi. René Rascalon cite un autre maquisard déporté, Michel Balog, mais aucune information n’a été retrouvée.
De Buchenwald, Henri Evrard part ensuite à Dora où il décède le 26 décembre 1943 à l’âge de 23 ans.
Marilyne Andréo
Sources :
1 911 W 54, AD Hérault, Dossier de demande de la carte de CVR d’Henri Evrard.
21 P 448 131, DAVCC Caen, Dossier de déporté d’Henri Evrard.
Dossier Arolsen.
Matricule n°1693 de Joseph Ferdinand Evrard, classe 1904, site internet des Archives départementales des Ardennes, https://archives.meuse.fr/ark:/52669/4095k7rf3gjd/ddc4c10e-5fb5-4356-9d80-54538e409fc8
René Rascalon, Résistance et Maquis FFI. Aigoual-Cévennes, p.25-42.
Robert Poujol, Aigoual 44, p.29-34.
Aimé Vielzeuf, On les appelait « les bandits », p.15-85.
Site internet Résistance en Cévennes :
http://www.cevennesresistance.fr/aire-de-cote.html
RECHERCHEZ
Henri Marie Joseph Evrard est né le 24 juillet 1920 à Givet dans les Ardennes. Il est le fils de Joseph Ferdinand Evrard, directeur de banque à la société nancéienne, et de Marie Florine Bouchez, sans profession. Il est de religion catholique. En 1928, la famille s’installe à Pont-Saint-Esprit dans le Gard puis en 1932 à Tarare dans le Rhône. Pendant la guerre, il est comptable à la compagnie des Salins du Midi et habite à Aigues-Mortes. Il est incorporé aux chantiers de la jeunesse du 19 mars au 12 octobre 1941. Il épouse à Nîmes le 23 août 1941 Elise Louise Tournaire avec qui il a une fille, Mary. Réfractaire au Service du travail obligatoire (STO), il rejoint le 10 avril 1943 le maquis du Barrel constitué par René Rascalon et Jean Castan avec l’aide du maire de Saumane et propriétaire de cette ferme, Fernand Borgne. A la fin du mois d’avril, alerté qu’une opération de police se prépare, le groupe déménage. Le 15 mai, il s’installe dans la « baraque du Bidil » d’Aire-de-Côte sur la commune de Bassurels, à la limite entre la Lozère et le Gard, près de Saint-André-de-Valborgne.
Le 30 juin, le maquis est en alerte. Il a été averti que des groupes mobiles de réserve (GMR) sont venus en renfort à la gendarmerie du Pompidou pour traquer les maquisards. Le 1er juillet, la menace se précise. A 16 h, la Wehrmacht est à Saumane et se dirige vers Aire-de-Côte. Un ancien maquisard a dénoncé le maquis et il guide les Allemands. A Saumane, le maire, Fernand Borgne, et l’agent de liaison, Eugène Masneuf, sont arrêtés. Henri Bourelly qui aide le maquis est appréhendé à Saint-André-de-Valborgne. Le garde forestier, Emile Berrière, et le maquisard Marcel Adam sont interpellés dans la maison forestière. Le maquis est attaqué vers 21 h alors qu’il se prépare à partir. 67 maquisards sont présents au camp, retardés dans leur fuite par l’orage qui vient de finir au moment de l’arrivée de l’ennemi. Ils sont attaqués par surprise car avec le bruit de l’orage, ils n’ont pas entendu les camions arriver. Ils ne peuvent pas riposter puisqu’ils n’ont que quelques vieux fusils et quatre ou cinq revolvers. Dans la panique générale, les soldats allemands tirent sur tout ce qui bouge. Peu de résistants parviennent à prendre la fuite. L’assaut dure 20 à 25 minutes. La répression est sanglante : trois morts (Henri Aguilera, Louis Chamboredon et Jean Cazes), trois disparus (Marcel Loubier, Louis Pongibaud et Gilbert Roche) et une quarantaine de prisonniers dont deux blessés décédés en route et laissés à Saint-Jean-du-Gard (Jean Boissel et Emile Filiol), deux blessés décédés des suites de leurs blessures aux Fumades (Robert Parisot et Jean Canaguier), deux maquisards fusillés ensuite à Paris (Kurt Druckner et Henri Schumacher) et 37 sont déportés et parmi eux, 16 sont morts en déportation et deux autres peu après leur libération (Fernand Borgne et Emile Berrière).
Henri Evrard fait partie des prisonniers blessés, ses deux genoux ont été traversés par une balle. Il est soigné aux Fumades puis il rejoint ses camarades à la caserne Vallongue à Nîmes jusqu’au 17 septembre. Imparfaitement remis, il a des difficultés pour marcher. Il subit les brimades d’un garde qui lui fait des croche-pieds lorsqu’il porte son repas et qui s’amuse de le voir crier de douleur, tomber et renverser sa gamelle. Il est transféré à Compiègne (numéro 18730). Avec 934 personnes, il est déporté le 28 octobre à Buchenwald où il arrive le 30. Dans son convoi, on retrouve 33 autres maquisards d’Aire-de-Côte : Marcel Adam (matricule 31281), André Audemard (matricule 31150†), Germain Berrard (matricule 31059), Charles Besson (matricule 30815), Henri Bourelly (matricule 30585†), Jean Bourquin (matricule 31210†), Marius Brot (matricule 30586†), André Castellarnau (matricule 30922†), Marcel Cazalet (matricule 31242†), Charles Chapelier (matricule 30618), Albin Croutier (matricule 31019), Jean Delacourt (matricule 31258), André Deleuze (matricule 31275†), Paul Ferrier (matricule 31159), René Fialon (matricule 31143), Marcel Fistié (matricule 31302†), Denis Galinier (matricule 30989), Louis Gerbier (matricule 30915), Paul Gilbin (matricule 30583†), Jacques Guigon (matricule 30498), Raymond Laget (matricule 31032), Claudius Lavazeur (matricule 30637†), Raymond Louche (matricule 31284†), Eugène Masneuf (matricule 30617), Henri Montjardin (matricule 31260), Joseph Nanni (matricule 30809), René Otge (matricule 31020†), Charles Pialat (matricule 30917), Raymond Prouhèze (matricule 31050), Emile Reynal (matricule 31236†), Albert Servajean (matricule 31018), Lucien Simon (matricule 30624†) et Aimé Souchon (matricule 30914†). D’autres Gardois figurent aussi dans ce convoi comme Bernard Bordu (matricule 30864), Jean Boré (matricule 30830), Paul Gascon (matricule 30611†), Olive Jean (matricule 31245) et Julien Rigal (matricule 30561†). Seuls Fernand Borgne, Emile Berrière et Charles Rogier (arrêté le 2 juillet) transférés à Paris avant le 17 septembre sont déportés ensemble dans un autre convoi. René Rascalon cite un autre maquisard déporté, Michel Balog, mais aucune information n’a été retrouvée.
De Buchenwald, Henri Evrard part ensuite à Dora où il décède le 26 décembre 1943 à l’âge de 23 ans.
Marilyne Andréo
Sources :
1 911 W 54, AD Hérault, Dossier de demande de la carte de CVR d’Henri Evrard.
21 P 448 131, DAVCC Caen, Dossier de déporté d’Henri Evrard.
Dossier Arolsen.
Matricule n°1693 de Joseph Ferdinand Evrard, classe 1904, site internet des Archives départementales des Ardennes, https://archives.meuse.fr/ark:/52669/4095k7rf3gjd/ddc4c10e-5fb5-4356-9d80-54538e409fc8
René Rascalon, Résistance et Maquis FFI. Aigoual-Cévennes, p.25-42.
Robert Poujol, Aigoual 44, p.29-34.
Aimé Vielzeuf, On les appelait « les bandits », p.15-85.
Site internet Résistance en Cévennes :
http://www.cevennesresistance.fr/aire-de-cote.html