CIANI Ricardo

  • Ausburg

  • Né le 12 septembre 1899 à Buia (Italie)

  • Décédé le 12 octobre 1948 à Robion (Vaucluse)

Ricardo Angelo nait le 12 septembre 899 à Buia (Italie). Il effectue son service militaire pendant la Première Guerre mondiale en Italie au 7ème régiment alpin (12 juin 1917-1918 et jusqu’en mars 1921).
Il se marie le 26 octobre 1921 à Buia avec Tranquile URSELLA et arrive en France la même année. Il est naturalisé français le 15 mars 1934.
L’usine des Carbonates français aux Angles (Gard) l’emploie à partir du 7 octobre 1930 et il réside dans cette commune gardoise de mai 1927 et jusqu’en août 1940. Il occupe son usine lors des grèves de mai et juin 1936 après la victoire du Front populaire. Lors de l’assemblée générale du 3 septembre 1937, Ricardo Ciani est élu (ou réélu ?) secrétaire adjoint du syndicat CGT des ouvriers des Ponts et Chaussées du Vaucluse dont le siège est à Avignon (source MAITRON selon Arch. Dép. Vaucluse, 10 M 50). Syndicaliste cégétiste, son usine se met en grève le 30 novembre 1938 pour protester contre les décrets du gouvernement Daladier du 12 novembre 1938, remettant en cause les conquêtes de 1936, notamment la semaine de 40 heures. À la déclaration de guerre, en 1939, il reste affecté à l’usine des Carbonates français aux Angles comme briquetier.
En juin 1940, le Commandant de la 15e Région adresse au préfet du Gard une demande de radiation pour mesure politique transmise par la société des Carbonates français, concernant « le réserviste CIANI Riccardo Angelo, classe 1933, B1/19, recrutement de Nîmes-Mle 2955 ».
Le 3 juin 1940, CIANI est mobilisé comme soldat de 2e classe au Dépôt 155 à Avignon, 114 Cie de marche. Puis démobilisé le 9 juillet 1940.
Angelo Chiappe nommé préfet du Gard le 25 septembre 1940 va mettre rapidement en œuvre les instructions de Vichy en réprimant les communistes et les opposants. D’après un rapport de ce préfet, le changement d’affectation de CIANI a été motivé par son action sur les chantiers de la région notamment sur les Chantiers de la Défense nationale de l’Ardoise, action qui l’aurait fait considérer comme « un élément très dangereux et dont l’activité risquait de porter entrave à l’effort de redressement national du pays ».  Toutefois, après la guerre, en 1946, « suite à une enquête minutieuse et approfondie » le Commissaire des Renseignements généraux d’Avignon signalera au préfet de Vaucluse que « des déclarations de personnes dignes de foi, il résulte que CIANI est un bon employé, travailleur et honnête et ne pouvant être considéré comme un agitateur politique ». Il précise que « le rapport de M.Bonneau, Directeur de l’usine Chêne Vert des Carbonates français qui a motivé la mesure prise à l’encontre du susnommé et qui le signale comme un élément dangereux paraît être empreint d’une certaine partialité, CIANI étant un militant cégétiste ».
D’août 1940 jusqu’en novembre 1940, CIANI réside à Sainte-Cécile-Les-Vignes puis à Camaret (Vaucluse) jusqu’en juillet 1941.
Sur proposition du 21 janvier 1941 d’Angelo Chiappe, préfet du Gard et aux motifs que « devenu Français, CIANI est apparu comme un élément communiste particulièrement actif », la nationalité française est retirée à Ricardo CIANI ainsi qu’à sa femme Tranquille et à ses deux jeunes enfants, son fils Irénée et sa fille Jeanne par décret du 29 juillet 1941 publié le 2 août 1941 (Sources Archives nationales de France- Numéro de dossier 3967 X 34). Le rapport lui prête des actions déterminantes après le Front populaire. Il faut savoir que par la loi du 22 juillet 1940, l’État français décida de réexaminer toutes les naturalisations accordées depuis 1927. Cette mesure aboutit au retrait de la nationalité française de plus de 15 000 personnes sur des motifs politiques et raciaux. Pour ces « dénaturalisés de Vichy », la procédure fut annulée par l’ordonnance du 24 mai 1944.
À partir d’août 1941, CIANI et sa famille résident à Montfavet (Vaucluse) jusqu’à son arrestation dans le Vaucluse, en janvier 1942 alors qu’il exerçait son action sur les chantiers de la Défense nationale de l’Ardoise.
Il est interné au camp du Vernet d’Ariège, sur ordre du préfet de Vaucluse, le 26 janvier 1942, quartier B- Baraque 22. « Avait tous les papiers d’identité français qui lui ont été retirés à son arrivée au camp ». « Activité politique : …reconnaît être inscrit au parti socialiste – syndiqué CGT. A fait les grèves de 1936 ».
Motif de l’internement : « Élément provocateur de l’ex-Parti communiste ».
Un courrier de la « Direction générale de la police nationale de Vichy » indique alorsqu’ « Une nouvelle enquête ayant été effectuée sur le compte de cet étranger, il résulte qu’il a toujours observé une attitude correcte au point de vue national ; travailleur et honnête, tous ses employeurs ont fourni de bons renseignements sur lui. Son dernier employeur résidant à Avignon (Montfavet), serait désireux de l’employer à nouveau en qualité d’ouvrier agricole dans son exploitation ». Ainsi, « En raison…de sa très bonne conduite au camp, de ses attaches françaises et du fait qu’il ne tombe pas à la charge de la collectivité », il est libéré du camp du Vernet d’Ariège le 28 septembre 1942 à destination de Montfavet, avec assignation à résidence.
On retrouve ensuite sa trace sur 2 listes extraite du site AROLSEN.
Bien que la date de naissance indiquée sur ces listes (le 08.11.1902) soit différente de la sienne, il s’agit assurément du même individu. Car comme l’indique le site AROLSEN « Les dates de naissance peuvent varier, notamment parce que les personnes se rajeunissaient ou se vieillissaient pour augmenter leurs chances de survie dans les camps ». Le lieu de naissance est, en revanche, bien le même : Buia, un petit village d’Italie.
Les listes AROLSEN indiquent « SK AUGSBURG Italien » (SK = Stadtkreis =région urbaine de).  Le camp dans lequel a été déporté CIANI, en tant que travailleur forcé, semble donc être Augsburg qui était un des camps satellites de Dachau.
De sa déportation, Ricardo CIANI est revenu vivant mais avec une santé dégradée. Il n’a pas raconté sa déportation à sa famille qui sait seulement qu’il a été déporté dans un camp allemand. Il n’a pas demandé de reconnaissance administrative particulière à son retour.

Il décède le 12 octobre 1948 à Robion (Vaucluse).

Sources :

MAITRON,
Archives nationales,
Archives départementales du Gard,
Archives départementales de l’Ariège,
Archives départementales du Vaucluse,
base AROLSEN,
ouvrage Les dénaturalisés de Vichy de Claire ZALC.

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.

CIANI Ricardo

  • Ausburg

  • Né le 12 septembre 1899 à Buia (Italie)

  • Décédé le 12 octobre 1948 à Robion (Vaucluse)

Ricardo Angelo nait le 12 septembre 899 à Buia (Italie). Il effectue son service militaire pendant la Première Guerre mondiale en Italie au 7ème régiment alpin (12 juin 1917-1918 et jusqu’en mars 1921).
Il se marie le 26 octobre 1921 à Buia avec Tranquile URSELLA et arrive en France la même année. Il est naturalisé français le 15 mars 1934.
L’usine des Carbonates français aux Angles (Gard) l’emploie à partir du 7 octobre 1930 et il réside dans cette commune gardoise de mai 1927 et jusqu’en août 1940. Il occupe son usine lors des grèves de mai et juin 1936 après la victoire du Front populaire. Lors de l’assemblée générale du 3 septembre 1937, Ricardo Ciani est élu (ou réélu ?) secrétaire adjoint du syndicat CGT des ouvriers des Ponts et Chaussées du Vaucluse dont le siège est à Avignon (source MAITRON selon Arch. Dép. Vaucluse, 10 M 50). Syndicaliste cégétiste, son usine se met en grève le 30 novembre 1938 pour protester contre les décrets du gouvernement Daladier du 12 novembre 1938, remettant en cause les conquêtes de 1936, notamment la semaine de 40 heures. À la déclaration de guerre, en 1939, il reste affecté à l’usine des Carbonates français aux Angles comme briquetier.
En juin 1940, le Commandant de la 15e Région adresse au préfet du Gard une demande de radiation pour mesure politique transmise par la société des Carbonates français, concernant « le réserviste CIANI Riccardo Angelo, classe 1933, B1/19, recrutement de Nîmes-Mle 2955 ».
Le 3 juin 1940, CIANI est mobilisé comme soldat de 2e classe au Dépôt 155 à Avignon, 114 Cie de marche. Puis démobilisé le 9 juillet 1940.
Angelo Chiappe nommé préfet du Gard le 25 septembre 1940 va mettre rapidement en œuvre les instructions de Vichy en réprimant les communistes et les opposants. D’après un rapport de ce préfet, le changement d’affectation de CIANI a été motivé par son action sur les chantiers de la région notamment sur les Chantiers de la Défense nationale de l’Ardoise, action qui l’aurait fait considérer comme « un élément très dangereux et dont l’activité risquait de porter entrave à l’effort de redressement national du pays ».  Toutefois, après la guerre, en 1946, « suite à une enquête minutieuse et approfondie » le Commissaire des Renseignements généraux d’Avignon signalera au préfet de Vaucluse que « des déclarations de personnes dignes de foi, il résulte que CIANI est un bon employé, travailleur et honnête et ne pouvant être considéré comme un agitateur politique ». Il précise que « le rapport de M.Bonneau, Directeur de l’usine Chêne Vert des Carbonates français qui a motivé la mesure prise à l’encontre du susnommé et qui le signale comme un élément dangereux paraît être empreint d’une certaine partialité, CIANI étant un militant cégétiste ».
D’août 1940 jusqu’en novembre 1940, CIANI réside à Sainte-Cécile-Les-Vignes puis à Camaret (Vaucluse) jusqu’en juillet 1941.
Sur proposition du 21 janvier 1941 d’Angelo Chiappe, préfet du Gard et aux motifs que « devenu Français, CIANI est apparu comme un élément communiste particulièrement actif », la nationalité française est retirée à Ricardo CIANI ainsi qu’à sa femme Tranquille et à ses deux jeunes enfants, son fils Irénée et sa fille Jeanne par décret du 29 juillet 1941 publié le 2 août 1941 (Sources Archives nationales de France- Numéro de dossier 3967 X 34). Le rapport lui prête des actions déterminantes après le Front populaire. Il faut savoir que par la loi du 22 juillet 1940, l’État français décida de réexaminer toutes les naturalisations accordées depuis 1927. Cette mesure aboutit au retrait de la nationalité française de plus de 15 000 personnes sur des motifs politiques et raciaux. Pour ces « dénaturalisés de Vichy », la procédure fut annulée par l’ordonnance du 24 mai 1944.
À partir d’août 1941, CIANI et sa famille résident à Montfavet (Vaucluse) jusqu’à son arrestation dans le Vaucluse, en janvier 1942 alors qu’il exerçait son action sur les chantiers de la Défense nationale de l’Ardoise.
Il est interné au camp du Vernet d’Ariège, sur ordre du préfet de Vaucluse, le 26 janvier 1942, quartier B- Baraque 22. « Avait tous les papiers d’identité français qui lui ont été retirés à son arrivée au camp ». « Activité politique : …reconnaît être inscrit au parti socialiste – syndiqué CGT. A fait les grèves de 1936 ».
Motif de l’internement : « Élément provocateur de l’ex-Parti communiste ».
Un courrier de la « Direction générale de la police nationale de Vichy » indique alorsqu’ « Une nouvelle enquête ayant été effectuée sur le compte de cet étranger, il résulte qu’il a toujours observé une attitude correcte au point de vue national ; travailleur et honnête, tous ses employeurs ont fourni de bons renseignements sur lui. Son dernier employeur résidant à Avignon (Montfavet), serait désireux de l’employer à nouveau en qualité d’ouvrier agricole dans son exploitation ». Ainsi, « En raison…de sa très bonne conduite au camp, de ses attaches françaises et du fait qu’il ne tombe pas à la charge de la collectivité », il est libéré du camp du Vernet d’Ariège le 28 septembre 1942 à destination de Montfavet, avec assignation à résidence.
On retrouve ensuite sa trace sur 2 listes extraite du site AROLSEN.
Bien que la date de naissance indiquée sur ces listes (le 08.11.1902) soit différente de la sienne, il s’agit assurément du même individu. Car comme l’indique le site AROLSEN « Les dates de naissance peuvent varier, notamment parce que les personnes se rajeunissaient ou se vieillissaient pour augmenter leurs chances de survie dans les camps ». Le lieu de naissance est, en revanche, bien le même : Buia, un petit village d’Italie.
Les listes AROLSEN indiquent « SK AUGSBURG Italien » (SK = Stadtkreis =région urbaine de).  Le camp dans lequel a été déporté CIANI, en tant que travailleur forcé, semble donc être Augsburg qui était un des camps satellites de Dachau.
De sa déportation, Ricardo CIANI est revenu vivant mais avec une santé dégradée. Il n’a pas raconté sa déportation à sa famille qui sait seulement qu’il a été déporté dans un camp allemand. Il n’a pas demandé de reconnaissance administrative particulière à son retour.

Il décède le 12 octobre 1948 à Robion (Vaucluse).

Sources :

MAITRON,
Archives nationales,
Archives départementales du Gard,
Archives départementales de l’Ariège,
Archives départementales du Vaucluse,
base AROLSEN,
ouvrage Les dénaturalisés de Vichy de Claire ZALC.

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