RECHERCHEZ
Heinrich Engelberg, dit Honig, naît le 23 août 1907 à Stary Sambor, ville de Galicie au nord de l’empire austro-hongrois (qui sera polonaise pendant l’entre-deux guerres et ukrainienne aujourd’hui). Il possède la nationalité autrichienne comme toute sa famille, de confession juive, fondée par le mariage de ses parents à la fin du 19ème siècle. Son père Léopold Engelberg, né le 23 janvier 1875 à Boutchatch (Galicie) est grossiste en bois. Sa mère Chaje Sure/Sara Schreier est née en 1876 à Drohobycz (Galicie), où la famille vit quelques années avant de s’installer à Stary Sambor vers 1902. Au début de la première guerre mondiale, la Galicie est envahie par les troupes russes et, comme tant d’autres, la famille Engelberg se réfugie à Vienne vers le mois septembre 1914.
Outre Honig, la famille compte six filles dont plusieurs feront de brillantes études avant que leur vie ne soit bouleversée par l’arrivée des nazis. Recha, l’aînée, née en 1900 à Drohobycz, sera docteur en chimie. Les autres, toutes nées à Stary Sambor, auront des métiers variés : Charlotte (1903) sera employée, Mania (1904) travaillera dans une école maternelle, Myriam (1909) restera étudiante, Adèle (1911), deviendra docteur en médecine et Dina (1914) poursuivra des études de biologie.
De son côté, Honig étudie le droit à la faculté de Vienne. Resté célibataire, il devient juriste et exerce pendant trois ans au début des années 1920. Il est familier des langues anglaise et française. Il rejoint ensuite l’entreprise de son père où il travaille pendant dix ans. Dans les années 1930, il vit à Vienne IX, 14/18 Bleichergasse, probablement au domicile familial de ses parents. Les circonstances l’obligent à devenir chauffeur en 1934. Deux ans plus tard, sa mère s’éteint à Vienne, le 18 août 1936.
En mars 1938, deux mois après l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne, Honig remplit une demande de visa, pour émigrer « dès que possible », selon ses propres termes. Il souhaite partir très loin d’Europe : en Australie, en Amérique du Nord, en Colombie ou bien en Nouvelle-Zélande où il pourrait retrouver un ami. Ce visa lui est refusé. C’est alors qu’il passe clandestinement en France.
Lors de l’Occupation, il réside à Nîmes, route d’Avignon. Après y avoir été arrêté, il est interné au camp des Milles, passe par celui de Drancy et le 28 août 1942, est déporté à Auschwitz par le convoi N° 25. Il décède cette année-là à une date inconnue.
Son père, probablement resté en Autriche, est déporté le 28 juillet 1942 et décède à Theresienstadt. Sa sœur Charlotte, restée à Vienne est déportée le 17 août 1942 à Maly Trostenets où elle meurt le 21 août 1942.
Les autres membres de la famille vont parvenir à émigrer en 1939 : Recha aux Etats-Unis, où Adèle la rejoint via l’Angleterre, Myriam en Angleterre tout comme Dina, passée par Bruxelles. Au prix de nombreuses difficultés, Mania rejoint la Palestine. Elle écrit un courrier en 1960 par l’intermédiaire de la communauté israélite de Vienne pour savoir ce que son frère est devenu.
Honig est inscrit sur le mur des noms du Mémorial de la Shoah : dalle 24, colonne 8, rangée 3.
Rédacteurs : Georges Muller et Gérard Krebs
Sources :
– Dossier SHD de Caen
– National Library of Israel (demande de visa d’émigration d’Honig Engelberg du 16 mai 1938)
https://www.nli.org.il/en/archives/NNL_CAHJP997011251715205171/NLI#$FL197609653
– Mémoire sur les femmes docteurs de l’université de Vienne (« Fräulein Doktor »
Lebenswege von Chemikerinnen, die zwischen 1902 und 1933 an der Universität Wien dissertierten)
http://www.rudolf-werner-soukup.at/Publikationen/Dokumente/Fraeulein_Doktor_Teil_1_1902_1933_April_2024.pdf (cf. page 180)
RECHERCHEZ
Heinrich Engelberg, dit Honig, naît le 23 août 1907 à Stary Sambor, ville de Galicie au nord de l’empire austro-hongrois (qui sera polonaise pendant l’entre-deux guerres et ukrainienne aujourd’hui). Il possède la nationalité autrichienne comme toute sa famille, de confession juive, fondée par le mariage de ses parents à la fin du 19ème siècle. Son père Léopold Engelberg, né le 23 janvier 1875 à Boutchatch (Galicie) est grossiste en bois. Sa mère Chaje Sure/Sara Schreier est née en 1876 à Drohobycz (Galicie), où la famille vit quelques années avant de s’installer à Stary Sambor vers 1902. Au début de la première guerre mondiale, la Galicie est envahie par les troupes russes et, comme tant d’autres, la famille Engelberg se réfugie à Vienne vers le mois septembre 1914.
Outre Honig, la famille compte six filles dont plusieurs feront de brillantes études avant que leur vie ne soit bouleversée par l’arrivée des nazis. Recha, l’aînée, née en 1900 à Drohobycz, sera docteur en chimie. Les autres, toutes nées à Stary Sambor, auront des métiers variés : Charlotte (1903) sera employée, Mania (1904) travaillera dans une école maternelle, Myriam (1909) restera étudiante, Adèle (1911), deviendra docteur en médecine et Dina (1914) poursuivra des études de biologie.
De son côté, Honig étudie le droit à la faculté de Vienne. Resté célibataire, il devient juriste et exerce pendant trois ans au début des années 1920. Il est familier des langues anglaise et française. Il rejoint ensuite l’entreprise de son père où il travaille pendant dix ans. Dans les années 1930, il vit à Vienne IX, 14/18 Bleichergasse, probablement au domicile familial de ses parents. Les circonstances l’obligent à devenir chauffeur en 1934. Deux ans plus tard, sa mère s’éteint à Vienne, le 18 août 1936.
En mars 1938, deux mois après l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne, Honig remplit une demande de visa, pour émigrer « dès que possible », selon ses propres termes. Il souhaite partir très loin d’Europe : en Australie, en Amérique du Nord, en Colombie ou bien en Nouvelle-Zélande où il pourrait retrouver un ami. Ce visa lui est refusé. C’est alors qu’il passe clandestinement en France.
Lors de l’Occupation, il réside à Nîmes, route d’Avignon. Après y avoir été arrêté, il est interné au camp des Milles, passe par celui de Drancy et le 28 août 1942, est déporté à Auschwitz par le convoi N° 25. Il décède cette année-là à une date inconnue.
Son père, probablement resté en Autriche, est déporté le 28 juillet 1942 et décède à Theresienstadt. Sa sœur Charlotte, restée à Vienne est déportée le 17 août 1942 à Maly Trostenets où elle meurt le 21 août 1942.
Les autres membres de la famille vont parvenir à émigrer en 1939 : Recha aux Etats-Unis, où Adèle la rejoint via l’Angleterre, Myriam en Angleterre tout comme Dina, passée par Bruxelles. Au prix de nombreuses difficultés, Mania rejoint la Palestine. Elle écrit un courrier en 1960 par l’intermédiaire de la communauté israélite de Vienne pour savoir ce que son frère est devenu.
Honig est inscrit sur le mur des noms du Mémorial de la Shoah : dalle 24, colonne 8, rangée 3.
Rédacteurs : Georges Muller et Gérard Krebs
Sources :
– Dossier SHD de Caen
– National Library of Israel (demande de visa d’émigration d’Honig Engelberg du 16 mai 1938)
https://www.nli.org.il/en/archives/NNL_CAHJP997011251715205171/NLI#$FL197609653
– Mémoire sur les femmes docteurs de l’université de Vienne (« Fräulein Doktor »
Lebenswege von Chemikerinnen, die zwischen 1902 und 1933 an der Universität Wien dissertierten)
http://www.rudolf-werner-soukup.at/Publikationen/Dokumente/Fraeulein_Doktor_Teil_1_1902_1933_April_2024.pdf (cf. page 180)