EISENHAMMER Ervin 

  • Auschwitz

  • Né le 18 août 1922 à Vienne (Autriche)

  • Décédé  à Auschwitz

    Né au sein de la communauté juive de Vienne le 18 août 1922, Ervin Eisenhammer migre en France cours de l’année 1940. Avec son père Otto, il est successivement affecté aux 304e GTE de Langlade et au 805e GTE de Beaucaire. Interné au camp des Mille en août 1942, il est déporté depuis Drancy par le convoi n°25 du 28 août 1942 en direction d’Auschwitz. Le lieu et la date de son décès ne sont pas connus.

     

    Ervin Eisenhammer naît à Vienne le 18 août 1922 au sein d’une famille juive. Il est l’enfant unique d’Otto Eisenhammer et de Josephine Salomon qui se convertiront au catholicisme en 1934. A la suite de l’Anschluss[1] avec l’Allemagne le 12 mars 1938, Ervin et ses parents subissent de plein fouet les mesures et les actes de violence antisémites qui explosent : humiliations publiques, pillages, expropriations avec aryanisations des biens juifs, expulsions. Comme tous les juifs d’Autriche, Ervin et ses parents se voient privés de tous leurs droits dont celui de travailler et ainsi de disposer de ressources pour subvenir à leurs besoins. Poussés à quitter leur pays, les parents d’Ervin doivent s’inscrire auprès du département de l’émigration de la « Vienna Israelitische Kultusgemeinde (IKG)[2] » contrôlé par le capitaine SS Adolf Eichmann[3] lui-même. Le 27 juillet 1939 Otto Eisenhammer dépose pour sa famille une demande d’émigration pour l’Afrique du Sud avec le projet d’y rejoindre son oncle paternel Julius Eisenhammer, fermier dans le Transval. Aucune suite ne sera donnée à cette demande d’émigration. Parallèlement toujours en juillet 1939, Otto procède à une demande d’émigration pour l’Italie avec pour projet de s’installer avec sa famille à Milan. Mais cette demande reste également sans suite. A une date indéterminée, Ervin et ses parents parviennent à quitter Vienne pour la France. Leur parcours jusqu’à leur arrivée dans le Gard en octobre 1940 s’avère également non connu. Etrangers considérés par le gouvernement de Vichy comme « indésirables » et en « surnombre dans l’économie nationale », Ervin et son père sont internés comme « prestataires » au 304ème Groupement des travailleurs Etrangers[4] (GTE) de Langlade, commune située près de Nîmes. A une date inconnue, ils sont tous les deux transférés au 805ème GTE de Beaucaire où ils ont la permission du commandant de travailler à l’extérieur[5] avec en contrepartie l’obligation de lui reverser la somme de 14 francs par jour et la possibilité de vivre avec leur mère et épouse[6]. C’est à Masmolène, petit village près d’Uzès, qu’Ervin et son père occupent leur dernier emploi, à savoir celui de bûcheron. En août 1942, à quelques jours d’intervalle Ervin et son père reçoivent tous les deux un télégramme les enjoignant de revenir immédiatement au GTE de Beaucaire au motif qu’un autre travail les attend. Il n’en est rien puisqu’ils sont pris dès leur retour dans les filets des rafles[7] des juifs étrangers des GTE qui ont débuté dans le Gard en août 1942. Arrêtés, Ervin et Otto sont transférés au camp d’internement des Milles, devenu une véritable antichambre de la déportation. Ils en repartent séparément pour le camp de Drancy, probablement le 25 août pour Ervin et le 30 ou 31 août pour Otto[8]. Quand ce dernier arrive à Drancy le 3 septembre, Ervin est déjà parti pour Auschwitz par le convoi n°25[9] du 28 août 1942. Ce dernier fait l’objet d’une double sélection : la première a lieu à la gare de Cosel[10] où les Allemands font descendre les hommes valides pour les diriger vers des camps de travaux forcés rattachés à Auschwitz, et la deuxième lors de l’arrivée à Auschwitz. Il en est de même pour le convoi n°29 avec lequel Otto part de Drancy le 7 septembre 1942. Le sort réservé à Ervin et à son père demeure aujourd’hui encore  inconnu. Ont-ils été sélectionnés pour les travaux forcés à la gare de Cosel ou lors de leur arrivée à Auschwitz ? Dans ce second cas, ont-ils été laissés en vie et affectés à des kommandos de travail ou ont-ils été immédiatement gazés ? Les dates et lieux de la mort d’Ervin sont indéterminés, il en est de même pour son père Otto.

    Eric BERNARD

    [1] L’annexion de l’Autriche à l’Allemagne nazie

    [2] Instance représentative de la communauté Israélite de Vienne, temporairement fermée en mars 1938 et rouverte le 2 mai 1938, elle devint un véritable organe d’obéissance au pouvoir nazi en place. Dépendant de son service social, il est créé une centrale de l’émigration chargée d’organiser l’émigration forcée voulue par Eichmann.

    [3] Dans le cadre de sa politique d’émigration forcée, il a notamment le projet d’expulser entre le 1e mai 1938 et le 1e mai 1939 les 200 000 juifs d’Autriche privés de ressources.

    [4] Loi du 27 septembre 1940 qui vise à exclure les étrangers des emplois disponibles sur le marché du travail français et crée les GTE, camps d’internement, où les étrangers masculins âgés de 18 à 55 ans sont obligés de travailler, notamment dans l’agriculture, l’industrie, la voirie ou l’exploitation forestière. Les GTE deviendront de véritables « réservoirs humains » pour les convois de déportation.

    [5] Cette disposition permettait un rapprochement familial.

    [6] Est-ce dans les alentours de Masmolène que Joséfine Eisenhammer résidait durant la guerre ? Elle échappera à la déportation et rentrera par la suite à Vienne.

    [7] Rafles menées par les gendarmes français.

    [8] D’après un courrier de Joséfine Eisenhammer adressé le 27 décembre 1947 au Ministère des Anciens Combattants.

    [9] Convoi de 983 déportés dont 81 autrichiens et 108 provenant du camp des Milles.

    [10] Localité située en Haute Silésie à environ 100 kilomètres à l’ouest d’Auschwitz. Dans la période allant du 28 août 1942 au 10 décembre 1942, tous les convois avec à bord des déportés juifs sur le chemin d’Auschwitz se sont arrêtés à Cosel.

    Sources :
    -Service historique de la défense, département des fonds d’archives, division des archives des victimes des conflits contemporains, site de Caen. Dossier d’Ervin Eisenhammer, cote AC 21 P 447 168
    -Archives départementales du Gard : fiches individuelles de recensement juif d’Otto et Ervin Eisenhammer, cote 1 W 139
    -Registre de l’état civil juif de Vienne de 1835 à 1938
    -Site internet du Mémorial de la Shoah
    -Site Internet de l’institut international pour la mémoire de la shoah Yad Vashem : https://deportation.yadvashem.org
    -Site internet de TracesOfWar (site néerlandais d’informations sur la seconde guerre mondiale) : https://www.tracesofwar.com/sights/100746/Memorial-Cosel-Trans
    -Site de généalogie MyHeritage : https://www.myheritage.fr
    -Archives des demandes d’émigration juive de Vienne pour 1938-1939
    -Mencherini, Robert. « De la galaxie des Milles aux rafles de juifs en Provence ». Provence-Auschwitz, édité par Robert Mencherini, Presses universitaires de Provence, 2007, https://doi.org/10.4000/books.pup.6865.

    Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.

    EISENHAMMER Ervin 

    • Auschwitz

    • Né le 18 août 1922 à Vienne (Autriche)

    • Décédé  à Auschwitz

      Né au sein de la communauté juive de Vienne le 18 août 1922, Ervin Eisenhammer migre en France cours de l’année 1940. Avec son père Otto, il est successivement affecté aux 304e GTE de Langlade et au 805e GTE de Beaucaire. Interné au camp des Mille en août 1942, il est déporté depuis Drancy par le convoi n°25 du 28 août 1942 en direction d’Auschwitz. Le lieu et la date de son décès ne sont pas connus.

       

      Ervin Eisenhammer naît à Vienne le 18 août 1922 au sein d’une famille juive. Il est l’enfant unique d’Otto Eisenhammer et de Josephine Salomon qui se convertiront au catholicisme en 1934. A la suite de l’Anschluss[1] avec l’Allemagne le 12 mars 1938, Ervin et ses parents subissent de plein fouet les mesures et les actes de violence antisémites qui explosent : humiliations publiques, pillages, expropriations avec aryanisations des biens juifs, expulsions. Comme tous les juifs d’Autriche, Ervin et ses parents se voient privés de tous leurs droits dont celui de travailler et ainsi de disposer de ressources pour subvenir à leurs besoins. Poussés à quitter leur pays, les parents d’Ervin doivent s’inscrire auprès du département de l’émigration de la « Vienna Israelitische Kultusgemeinde (IKG)[2] » contrôlé par le capitaine SS Adolf Eichmann[3] lui-même. Le 27 juillet 1939 Otto Eisenhammer dépose pour sa famille une demande d’émigration pour l’Afrique du Sud avec le projet d’y rejoindre son oncle paternel Julius Eisenhammer, fermier dans le Transval. Aucune suite ne sera donnée à cette demande d’émigration. Parallèlement toujours en juillet 1939, Otto procède à une demande d’émigration pour l’Italie avec pour projet de s’installer avec sa famille à Milan. Mais cette demande reste également sans suite. A une date indéterminée, Ervin et ses parents parviennent à quitter Vienne pour la France. Leur parcours jusqu’à leur arrivée dans le Gard en octobre 1940 s’avère également non connu. Etrangers considérés par le gouvernement de Vichy comme « indésirables » et en « surnombre dans l’économie nationale », Ervin et son père sont internés comme « prestataires » au 304ème Groupement des travailleurs Etrangers[4] (GTE) de Langlade, commune située près de Nîmes. A une date inconnue, ils sont tous les deux transférés au 805ème GTE de Beaucaire où ils ont la permission du commandant de travailler à l’extérieur[5] avec en contrepartie l’obligation de lui reverser la somme de 14 francs par jour et la possibilité de vivre avec leur mère et épouse[6]. C’est à Masmolène, petit village près d’Uzès, qu’Ervin et son père occupent leur dernier emploi, à savoir celui de bûcheron. En août 1942, à quelques jours d’intervalle Ervin et son père reçoivent tous les deux un télégramme les enjoignant de revenir immédiatement au GTE de Beaucaire au motif qu’un autre travail les attend. Il n’en est rien puisqu’ils sont pris dès leur retour dans les filets des rafles[7] des juifs étrangers des GTE qui ont débuté dans le Gard en août 1942. Arrêtés, Ervin et Otto sont transférés au camp d’internement des Milles, devenu une véritable antichambre de la déportation. Ils en repartent séparément pour le camp de Drancy, probablement le 25 août pour Ervin et le 30 ou 31 août pour Otto[8]. Quand ce dernier arrive à Drancy le 3 septembre, Ervin est déjà parti pour Auschwitz par le convoi n°25[9] du 28 août 1942. Ce dernier fait l’objet d’une double sélection : la première a lieu à la gare de Cosel[10] où les Allemands font descendre les hommes valides pour les diriger vers des camps de travaux forcés rattachés à Auschwitz, et la deuxième lors de l’arrivée à Auschwitz. Il en est de même pour le convoi n°29 avec lequel Otto part de Drancy le 7 septembre 1942. Le sort réservé à Ervin et à son père demeure aujourd’hui encore  inconnu. Ont-ils été sélectionnés pour les travaux forcés à la gare de Cosel ou lors de leur arrivée à Auschwitz ? Dans ce second cas, ont-ils été laissés en vie et affectés à des kommandos de travail ou ont-ils été immédiatement gazés ? Les dates et lieux de la mort d’Ervin sont indéterminés, il en est de même pour son père Otto.

      Eric BERNARD

      [1] L’annexion de l’Autriche à l’Allemagne nazie

      [2] Instance représentative de la communauté Israélite de Vienne, temporairement fermée en mars 1938 et rouverte le 2 mai 1938, elle devint un véritable organe d’obéissance au pouvoir nazi en place. Dépendant de son service social, il est créé une centrale de l’émigration chargée d’organiser l’émigration forcée voulue par Eichmann.

      [3] Dans le cadre de sa politique d’émigration forcée, il a notamment le projet d’expulser entre le 1e mai 1938 et le 1e mai 1939 les 200 000 juifs d’Autriche privés de ressources.

      [4] Loi du 27 septembre 1940 qui vise à exclure les étrangers des emplois disponibles sur le marché du travail français et crée les GTE, camps d’internement, où les étrangers masculins âgés de 18 à 55 ans sont obligés de travailler, notamment dans l’agriculture, l’industrie, la voirie ou l’exploitation forestière. Les GTE deviendront de véritables « réservoirs humains » pour les convois de déportation.

      [5] Cette disposition permettait un rapprochement familial.

      [6] Est-ce dans les alentours de Masmolène que Joséfine Eisenhammer résidait durant la guerre ? Elle échappera à la déportation et rentrera par la suite à Vienne.

      [7] Rafles menées par les gendarmes français.

      [8] D’après un courrier de Joséfine Eisenhammer adressé le 27 décembre 1947 au Ministère des Anciens Combattants.

      [9] Convoi de 983 déportés dont 81 autrichiens et 108 provenant du camp des Milles.

      [10] Localité située en Haute Silésie à environ 100 kilomètres à l’ouest d’Auschwitz. Dans la période allant du 28 août 1942 au 10 décembre 1942, tous les convois avec à bord des déportés juifs sur le chemin d’Auschwitz se sont arrêtés à Cosel.

      Sources :
      -Service historique de la défense, département des fonds d’archives, division des archives des victimes des conflits contemporains, site de Caen. Dossier d’Ervin Eisenhammer, cote AC 21 P 447 168
      -Archives départementales du Gard : fiches individuelles de recensement juif d’Otto et Ervin Eisenhammer, cote 1 W 139
      -Registre de l’état civil juif de Vienne de 1835 à 1938
      -Site internet du Mémorial de la Shoah
      -Site Internet de l’institut international pour la mémoire de la shoah Yad Vashem : https://deportation.yadvashem.org
      -Site internet de TracesOfWar (site néerlandais d’informations sur la seconde guerre mondiale) : https://www.tracesofwar.com/sights/100746/Memorial-Cosel-Trans
      -Site de généalogie MyHeritage : https://www.myheritage.fr
      -Archives des demandes d’émigration juive de Vienne pour 1938-1939
      -Mencherini, Robert. « De la galaxie des Milles aux rafles de juifs en Provence ». Provence-Auschwitz, édité par Robert Mencherini, Presses universitaires de Provence, 2007, https://doi.org/10.4000/books.pup.6865.

      Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.