DUMAS Auguste 

  • Neuengamme

  • Né le 19 juillet 1905 à Pont-Saint-Esprit

  • Décédé le 3 mai 1945 Baie de Lübeck

Auguste Dumas est né le 19 juillet 1905 à Pont-Saint-Esprit de Paul, André, chauffeur, voiturier âgé de 30 ans et de Junie, Augustine Saurazède âgée de 28 ans, sans profession. Il est le benjamin d’une fratrie de 3 enfants, son frère aîné Ferdinand né en 1900 et sa sœur Rose née en 1902.

Incorporé le 12 novembre 1925, il est classé en service auxiliaire par la commission de réforme d’Avignon du 25 novembre de la même année, suite à des problèmes de santé. Le 15 mars 1935, il est placé sans affectation. Cependant, il est mobilisé à nouveau le 16 octobre 1939 dans le 15ème régiment d’infanterie, fait prisonnier de guerre et envoyé au stalag XIII C, puis il est rapatrié le 30 octobre 1941, suite à sa démobilisation en date du 4 octobre. Il se retire à Pont-Saint-Esprit, où il exerce en tant que manœuvre maçon et habite rue de l’Union.

Le 6 mars 1944, alors qu’Auguste Dumas est alité suite à un accident, il est arrêté chez lui par la gestapo. Un voisin, François Dussarger, est témoin de son arrestation, la rue est barrée par des Allemands en uniformes, ils récupèrent Auguste Dumas et le conduisent à la citadelle où il subit la torture avant d’être transféré à la prison des Baumettes à Marseille.

Edgard Chabrol, ancien capitaine FFI, responsable du mouvement de résistance Combat certifie qu’Auguste Dumas dit « le Bagnolais » a été sous ses ordres. Il a participé contre les Allemands à plusieurs opérations de destruction de voies de communication. Ce sont pour ces motifs « d’actions résistantes » qu’il est torturé à plusieurs reprises par les SS.

Diego Navarro (matricule 74231) qui a bien connu Auguste confirme qu’il faisait partie d’un groupement de résistance FTP à Pont-Saint-Esprit.

Fernand Espic (matricule 33753) a retrouvé Auguste à la prison des Baumettes à Marseille et ils partent dans le même convoi pour le camp de Compiègne. Ils sont déportés le 4 juin 1944, pour le camp de Neuengamme en Allemagne situé dans une région marécageuse des plaines du nord de l’Europe, coupée par les vallées de la Weser, de l’Elbe et de la Trave, dont les estuaires profonds abritent les ports de Bremen (Brême), Hamburg (Hambourg) et Lübeck. Le climat y est rude, froid, humide et venteux, souvent glacial quand le vent vient du nord ou de l’est sibérien. Fernand est resté avec Auguste jusqu’en mars 1945, car à cette date Fernand Espic a été évacué du camp.

En effet, jusqu’au 4 mai 1945, sous la pression alliée, les derniers états-majors du nord du Reich se regroupent dans la région de Neustadt, rejoints par un nombre important d’unités fortement armées et équipées. La Kriegsmarine y possède une importante base de sous-marins et un centre de contre-espionnage. Deux personnages-clés, le comte Bassewitz-Behr, chef des SS et de la police à Hambourg, et le Gauleiter Kaufmann, commissaire à la défense et commissaire du Reich pour l’administration maritime, ont l’idée de rassembler les détenus évacués de Neuengamme – Auguste Dumas en faisait partie- sur des navires réquisitionnés, dans le but probable de les torpiller pour obéir aux ordres de Himmler, selon qu’« aucun détenu ne doit tomber vivant aux mains des ennemis du Reich ». Le commandant du camp, Max Pauly, organise en secret l’évacuation du camp, prenant de court, comme dans les Kommandos où elle existe, l’organisation de résistance clandestine des détenus, dont les membres sont dispersés dans différents transports vers Lübeck.

Du 19 au 26 avril, une quinzaine de trains transportent plus de 8 000 détenus encore valides vers les quais de Lübeck où ils sont entassés à bord de trois navires ancrés au large de Neustadt : le paquebot de croisière de luxe Cap Arcona (4 500 hommes), les cargos Thielbeck (2 800 hommes) et Athen (2 000 hommes). Un quatrième navire, le Deutschland, en cours de transformation en navire hôpital, ancré en rade, ne reçoit aucun déporté.

Les navires chargés de déportés prennent finalement la mer, arborant le pavillon à croix gammée. Le 3 mai 1945, les renseignements britanniques croient à un transfert important de troupes et de dignitaires allemands. La méprise est totale et le drame absolu. L’aviation anglaise attaque en début d’après-midi : le Cap Arcona prend feu sur toute sa longueur, puis chavire ; le Thielbeck coule en vingt minutes ; le Deutschland torpillé coule, mais son équipage le quitte à temps. L’Athen, quant à lui, échappe à la tragédie, ayant reçu l’ordre de revenir à quai charger d’autres détenus.

Au total, quelque 7 300 personnes périssent dans les eaux glacées de la Baltique, noyées ou atteintes par les tirs de la RAF, ce 3 mai 1945. Quelques rescapés parvenus vivants sur les plages de Pelzerhaken et Neustadt sont encore fusillés par les SS, aidés par des jeunesses hitlériennes et des marins. Parmi les 350 rescapés du Cap Arcona, on connaît le nom de onze Français et parmi les 50 du Thielbeck celui de quatre Français.

Auguste Dumas est décédé le 3 mai 1945, et repose dans les fosses communes qui furent creusées le long de la plage entre Neustadt et Pelzerhaken. Des survivants firent construire un cénotaphe en pierre sur lequel est écrit en grandes lettres noires : “A la mémoire éternelle des prisonniers du camp de concentration de Neuengamme. Ils périrent avec le naufrage du Cap-Arcona le 3 mai 1945”.

Mireille Justamond

Valérie Frac

Patricia Franco

Sources :

-Photo : Mémorial international des déportés victimes du Cap Arcona et du Thielbek dans le cimetière d’honneur à Neustadt en Holstein où sont gravées les 24 nationalités touchées par la catastrophe.
-Service historique de la Défense, Caen Cote AC 21 P 445 962
– Site www.bddm.org
– Bulletin de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation n°38 Juin 2003 Trimestriel
– Archives départementales du Gard
www.plongee-infos.com : 3 mai 1945, le Cap-Arcona, désastre “oublié” de l’Histoire – 3 mai 2018 –

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.

DUMAS Auguste 

  • Neuengamme

  • Né le 19 juillet 1905 à Pont-Saint-Esprit

  • Décédé le 3 mai 1945 Baie de Lübeck

Auguste Dumas est né le 19 juillet 1905 à Pont-Saint-Esprit de Paul, André, chauffeur, voiturier âgé de 30 ans et de Junie, Augustine Saurazède âgée de 28 ans, sans profession. Il est le benjamin d’une fratrie de 3 enfants, son frère aîné Ferdinand né en 1900 et sa sœur Rose née en 1902.

Incorporé le 12 novembre 1925, il est classé en service auxiliaire par la commission de réforme d’Avignon du 25 novembre de la même année, suite à des problèmes de santé. Le 15 mars 1935, il est placé sans affectation. Cependant, il est mobilisé à nouveau le 16 octobre 1939 dans le 15ème régiment d’infanterie, fait prisonnier de guerre et envoyé au stalag XIII C, puis il est rapatrié le 30 octobre 1941, suite à sa démobilisation en date du 4 octobre. Il se retire à Pont-Saint-Esprit, où il exerce en tant que manœuvre maçon et habite rue de l’Union.

Le 6 mars 1944, alors qu’Auguste Dumas est alité suite à un accident, il est arrêté chez lui par la gestapo. Un voisin, François Dussarger, est témoin de son arrestation, la rue est barrée par des Allemands en uniformes, ils récupèrent Auguste Dumas et le conduisent à la citadelle où il subit la torture avant d’être transféré à la prison des Baumettes à Marseille.

Edgard Chabrol, ancien capitaine FFI, responsable du mouvement de résistance Combat certifie qu’Auguste Dumas dit « le Bagnolais » a été sous ses ordres. Il a participé contre les Allemands à plusieurs opérations de destruction de voies de communication. Ce sont pour ces motifs « d’actions résistantes » qu’il est torturé à plusieurs reprises par les SS.

Diego Navarro (matricule 74231) qui a bien connu Auguste confirme qu’il faisait partie d’un groupement de résistance FTP à Pont-Saint-Esprit.

Fernand Espic (matricule 33753) a retrouvé Auguste à la prison des Baumettes à Marseille et ils partent dans le même convoi pour le camp de Compiègne. Ils sont déportés le 4 juin 1944, pour le camp de Neuengamme en Allemagne situé dans une région marécageuse des plaines du nord de l’Europe, coupée par les vallées de la Weser, de l’Elbe et de la Trave, dont les estuaires profonds abritent les ports de Bremen (Brême), Hamburg (Hambourg) et Lübeck. Le climat y est rude, froid, humide et venteux, souvent glacial quand le vent vient du nord ou de l’est sibérien. Fernand est resté avec Auguste jusqu’en mars 1945, car à cette date Fernand Espic a été évacué du camp.

En effet, jusqu’au 4 mai 1945, sous la pression alliée, les derniers états-majors du nord du Reich se regroupent dans la région de Neustadt, rejoints par un nombre important d’unités fortement armées et équipées. La Kriegsmarine y possède une importante base de sous-marins et un centre de contre-espionnage. Deux personnages-clés, le comte Bassewitz-Behr, chef des SS et de la police à Hambourg, et le Gauleiter Kaufmann, commissaire à la défense et commissaire du Reich pour l’administration maritime, ont l’idée de rassembler les détenus évacués de Neuengamme – Auguste Dumas en faisait partie- sur des navires réquisitionnés, dans le but probable de les torpiller pour obéir aux ordres de Himmler, selon qu’« aucun détenu ne doit tomber vivant aux mains des ennemis du Reich ». Le commandant du camp, Max Pauly, organise en secret l’évacuation du camp, prenant de court, comme dans les Kommandos où elle existe, l’organisation de résistance clandestine des détenus, dont les membres sont dispersés dans différents transports vers Lübeck.

Du 19 au 26 avril, une quinzaine de trains transportent plus de 8 000 détenus encore valides vers les quais de Lübeck où ils sont entassés à bord de trois navires ancrés au large de Neustadt : le paquebot de croisière de luxe Cap Arcona (4 500 hommes), les cargos Thielbeck (2 800 hommes) et Athen (2 000 hommes). Un quatrième navire, le Deutschland, en cours de transformation en navire hôpital, ancré en rade, ne reçoit aucun déporté.

Les navires chargés de déportés prennent finalement la mer, arborant le pavillon à croix gammée. Le 3 mai 1945, les renseignements britanniques croient à un transfert important de troupes et de dignitaires allemands. La méprise est totale et le drame absolu. L’aviation anglaise attaque en début d’après-midi : le Cap Arcona prend feu sur toute sa longueur, puis chavire ; le Thielbeck coule en vingt minutes ; le Deutschland torpillé coule, mais son équipage le quitte à temps. L’Athen, quant à lui, échappe à la tragédie, ayant reçu l’ordre de revenir à quai charger d’autres détenus.

Au total, quelque 7 300 personnes périssent dans les eaux glacées de la Baltique, noyées ou atteintes par les tirs de la RAF, ce 3 mai 1945. Quelques rescapés parvenus vivants sur les plages de Pelzerhaken et Neustadt sont encore fusillés par les SS, aidés par des jeunesses hitlériennes et des marins. Parmi les 350 rescapés du Cap Arcona, on connaît le nom de onze Français et parmi les 50 du Thielbeck celui de quatre Français.

Auguste Dumas est décédé le 3 mai 1945, et repose dans les fosses communes qui furent creusées le long de la plage entre Neustadt et Pelzerhaken. Des survivants firent construire un cénotaphe en pierre sur lequel est écrit en grandes lettres noires : “A la mémoire éternelle des prisonniers du camp de concentration de Neuengamme. Ils périrent avec le naufrage du Cap-Arcona le 3 mai 1945”.

Mireille Justamond

Valérie Frac

Patricia Franco

Sources :

-Photo : Mémorial international des déportés victimes du Cap Arcona et du Thielbek dans le cimetière d’honneur à Neustadt en Holstein où sont gravées les 24 nationalités touchées par la catastrophe.
-Service historique de la Défense, Caen Cote AC 21 P 445 962
– Site www.bddm.org
– Bulletin de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation n°38 Juin 2003 Trimestriel
– Archives départementales du Gard
www.plongee-infos.com : 3 mai 1945, le Cap-Arcona, désastre “oublié” de l’Histoire – 3 mai 2018 –

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.