RECHERCHEZ
Henri Dreyfuss, dit Eric Dreyfus (1), naît le 5 janvier 1905 à Épinal (Vosges), dans une famille lorraine domiciliée au 3 Faubourg de Nancy. Ses parents se sont mariés à Rambervillers, village d’origine de sa mère, le 16 juin 1902. Quand Henri voit le jour, ils ont déjà une fille, Hélène, née deux ans auparavant ; il n’y aura pas d’autres enfants.
Le père, Adolphe Dreyfuss, né à Epfig en Alsace, a 33 ans à la naissance de son fils ; il est installé comme graveur lithographe à Épinal. La mère, Blanche Harburger, aînée des huit enfants d’Abraham Henri Harburger et d’Émilie Kahn, est née dans les Vosges, à Rambervillers. À la naissance d’Henri, elle est âgée de 30 ans.
Quand les parents d’Hélène et Henri divorcent, Henri a 6 ans et Hélène en a 8. Adolphe part alors en région parisienne, il décèdera deux ans plus tard. Blanche, seule avec ses enfants, prend un commerce dans la région vosgienne. Henri effectue son service militaire en 1925, à Épinal, comme artilleur-canonnier.
Installé dans le sud de la France à la fin des années 30, il a un domicile et une attache à Nîmes (Sylvie Peyriat au 5 rue Émile Jamais) et obtient son permis de conduire dans le Gard en 1938. Mécanographe, parlant l’anglais et l’espagnol, Henri est alors représentant de commerce pour la Société Remington Typewriter. On le décrit comme un homme grand (1m80), aux cheveux châtains, aux yeux gris-vert, avec un signe particulier : deux nævus sur le visage.
Du 1er septembre 1939 au 20 juillet 1940, il sert dans le 403ème régiment d’artillerie de DCA, positionné dans l’est de la France (2). À sa démobilisation, Henri retourne en zone libre. En 1943 il met ses compétences au service de la Résistance en intégrant le Réseau Gallia (3). Il y collabore de façon régulière mais non clandestine en tant « qu’agent P1 » (4), du 1er mars jusqu’à son arrestation. Sous le pseudonyme de CIRÉ (anagramme d’Éric), il est responsable du secteur de Narbonne-Carcassonne et d’une partie du secteur de la Haute Garonne et de l’Ariège. Il participe aussi à la reconstitution du PC de Toulouse et assure plusieurs liaisons avec le PC de Lyon. Son domicile permanent est au 38 rue des Rosiers à Toulouse.
Dans son dossier de résistant, l’appréciation du chef du Réseau Gallia le dit « excellent agent, ayant fait preuve de courage et d’abnégation lors de son arrestation ».
Arrêté à Toulouse le 20 octobre 1943, sous le nom d’Eric Dreyfus, il est d’abord emprisonné au Fort du Hâ à Bordeaux, puis à Pau et enfin à Compiègne où il est enregistré sous le matricule 28662. Il se retrouve à Drancy le 3 mai 1944, et y reçoit le matricule 21039. Déporté en tant que juif et pas en tant que résistant, il figure dans la liste des 878 hommes du convoi 73 – parti le 15 mai 1944 – envoyés, non vers Auschwitz-Birkenau, comme ils le croyaient, mais vers les Pays Baltes. Certains rejoignent le Neuvième Fort à Kaunas en Lituanie, d’autres meurent à la prison Patarel de Reval (Tallin) en Estonie. En 1945, seulement 22 seront encore en vie. On ne sait précisément où et quand est mort Henri Dreyfuss, Le jugement déclaratif de son décès, fixé au 15 mai 1944 (à l’âge de 39 ans), sera établi par le Tribunal de Toulouse en novembre 1954. Après-guerre, on lui donnera le statut de résistant « agent P2 » à compter de son arrestation, ce qui lui vaudra d’être assimilé au grade de sous-lieutenant.
Sa sœur Hélène, déportée à peu près à la même époque que lui, décède à Auschwitz le 15 avril 1944.Sa mère, Blanche, survit à ses enfants, elle mourra le 22 février 1951 à Portieux dans les Vosges. C’est d’ailleurs l’un de ses neveux de Portieux, Charles Harburger, qui, en 1957, demandera au Ministère des Anciens Combattants que son cousin Henri soit reconnu Déporté Résistant et il le sera. Déclaré Mort pour la France, Il sera homologué par le Ministère des Armées au grade de sous-lieutenant (des gradés FFC) en octobre 1959 (n° 1348 du Réseau Gallia).
Marie Balta, Gérard Krebs, Éric Bernard.
(1) Le nom qui lui est donné à la naissance (Etat civil d’Epinal, acte n° 8) est Henry, mais ses proches utilisent plutôt la forme Henri. Puis c’est probablement lorsqu’il entre dans la Résistance qu’il prend le prénom d’Eric et modifie son patronyme en Dreyfus, avec un seul « s ».
(2) Cf. https://artillerie.asso.fr/basart/article.php3?id_article=617
(3) Le Réseau Gallia a été créé par Henri Gorce (alias Franklin). Ce très important réseau opère d’abord dans le sud puis sur toute la Métropole pour obtenir des renseignements, principalement d’ordre militaire.
(4) Cf. https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/glossaire
Sources :
État Civil d’Épinal. Dossier Caen.
Service Historique de la Défense : dossier administratif de Résistant GR 16 P 19 23 50.
Mémoire des Hommes
Site Les Français Libres
Liste dite d’Henri Écochard (40e version), le nom d’Henri Éric Dreyfus y figure, ligne 16322, cf. https://www.francaislibres.net/liste/ecochardv40.php.
Généanet : plusieurs arbres mentionnant Adolphe Dreyfus, Blanche Harburger, Hélène et Henri Éric Dreyfus, dont celui de David Szerman (https://gw.geneanet.org/szdavid1?n=dreyfuss&oc=&p=henri) d’où est tirée la photo d’Henri Dreyfuss, dans les années 1930.
Site Persée : article de Jean-Philippe Meyssonnier : « Le Réseau Gallia à Lyon ». Et du même auteur :
Site Amicale du Réseau Gallia
Musée de la Résistance en ligne, consultation Archives des Vosges
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Henri Dreyfuss, dit Eric Dreyfus (1), naît le 5 janvier 1905 à Épinal (Vosges), dans une famille lorraine domiciliée au 3 Faubourg de Nancy. Ses parents se sont mariés à Rambervillers, village d’origine de sa mère, le 16 juin 1902. Quand Henri voit le jour, ils ont déjà une fille, Hélène, née deux ans auparavant ; il n’y aura pas d’autres enfants.
Le père, Adolphe Dreyfuss, né à Epfig en Alsace, a 33 ans à la naissance de son fils ; il est installé comme graveur lithographe à Épinal. La mère, Blanche Harburger, aînée des huit enfants d’Abraham Henri Harburger et d’Émilie Kahn, est née dans les Vosges, à Rambervillers. À la naissance d’Henri, elle est âgée de 30 ans.
Quand les parents d’Hélène et Henri divorcent, Henri a 6 ans et Hélène en a 8. Adolphe part alors en région parisienne, il décèdera deux ans plus tard. Blanche, seule avec ses enfants, prend un commerce dans la région vosgienne. Henri effectue son service militaire en 1925, à Épinal, comme artilleur-canonnier.
Installé dans le sud de la France à la fin des années 30, il a un domicile et une attache à Nîmes (Sylvie Peyriat au 5 rue Émile Jamais) et obtient son permis de conduire dans le Gard en 1938. Mécanographe, parlant l’anglais et l’espagnol, Henri est alors représentant de commerce pour la Société Remington Typewriter. On le décrit comme un homme grand (1m80), aux cheveux châtains, aux yeux gris-vert, avec un signe particulier : deux nævus sur le visage.
Du 1er septembre 1939 au 20 juillet 1940, il sert dans le 403ème régiment d’artillerie de DCA, positionné dans l’est de la France (2). À sa démobilisation, Henri retourne en zone libre. En 1943 il met ses compétences au service de la Résistance en intégrant le Réseau Gallia (3). Il y collabore de façon régulière mais non clandestine en tant « qu’agent P1 » (4), du 1er mars jusqu’à son arrestation. Sous le pseudonyme de CIRÉ (anagramme d’Éric), il est responsable du secteur de Narbonne-Carcassonne et d’une partie du secteur de la Haute Garonne et de l’Ariège. Il participe aussi à la reconstitution du PC de Toulouse et assure plusieurs liaisons avec le PC de Lyon. Son domicile permanent est au 38 rue des Rosiers à Toulouse.
Dans son dossier de résistant, l’appréciation du chef du Réseau Gallia le dit « excellent agent, ayant fait preuve de courage et d’abnégation lors de son arrestation ».
Arrêté à Toulouse le 20 octobre 1943, sous le nom d’Eric Dreyfus, il est d’abord emprisonné au Fort du Hâ à Bordeaux, puis à Pau et enfin à Compiègne où il est enregistré sous le matricule 28662. Il se retrouve à Drancy le 3 mai 1944, et y reçoit le matricule 21039. Déporté en tant que juif et pas en tant que résistant, il figure dans la liste des 878 hommes du convoi 73 – parti le 15 mai 1944 – envoyés, non vers Auschwitz-Birkenau, comme ils le croyaient, mais vers les Pays Baltes. Certains rejoignent le Neuvième Fort à Kaunas en Lituanie, d’autres meurent à la prison Patarel de Reval (Tallin) en Estonie. En 1945, seulement 22 seront encore en vie. On ne sait précisément où et quand est mort Henri Dreyfuss, Le jugement déclaratif de son décès, fixé au 15 mai 1944 (à l’âge de 39 ans), sera établi par le Tribunal de Toulouse en novembre 1954. Après-guerre, on lui donnera le statut de résistant « agent P2 » à compter de son arrestation, ce qui lui vaudra d’être assimilé au grade de sous-lieutenant.
Sa sœur Hélène, déportée à peu près à la même époque que lui, décède à Auschwitz le 15 avril 1944.Sa mère, Blanche, survit à ses enfants, elle mourra le 22 février 1951 à Portieux dans les Vosges. C’est d’ailleurs l’un de ses neveux de Portieux, Charles Harburger, qui, en 1957, demandera au Ministère des Anciens Combattants que son cousin Henri soit reconnu Déporté Résistant et il le sera. Déclaré Mort pour la France, Il sera homologué par le Ministère des Armées au grade de sous-lieutenant (des gradés FFC) en octobre 1959 (n° 1348 du Réseau Gallia).
Marie Balta, Gérard Krebs, Éric Bernard.
(1) Le nom qui lui est donné à la naissance (Etat civil d’Epinal, acte n° 8) est Henry, mais ses proches utilisent plutôt la forme Henri. Puis c’est probablement lorsqu’il entre dans la Résistance qu’il prend le prénom d’Eric et modifie son patronyme en Dreyfus, avec un seul « s ».
(2) Cf. https://artillerie.asso.fr/basart/article.php3?id_article=617
(3) Le Réseau Gallia a été créé par Henri Gorce (alias Franklin). Ce très important réseau opère d’abord dans le sud puis sur toute la Métropole pour obtenir des renseignements, principalement d’ordre militaire.
(4) Cf. https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/glossaire
Sources :
État Civil d’Épinal. Dossier Caen.
Service Historique de la Défense : dossier administratif de Résistant GR 16 P 19 23 50.
Mémoire des Hommes
Site Les Français Libres
Liste dite d’Henri Écochard (40e version), le nom d’Henri Éric Dreyfus y figure, ligne 16322, cf. https://www.francaislibres.net/liste/ecochardv40.php.
Généanet : plusieurs arbres mentionnant Adolphe Dreyfus, Blanche Harburger, Hélène et Henri Éric Dreyfus, dont celui de David Szerman (https://gw.geneanet.org/szdavid1?n=dreyfuss&oc=&p=henri) d’où est tirée la photo d’Henri Dreyfuss, dans les années 1930.
Site Persée : article de Jean-Philippe Meyssonnier : « Le Réseau Gallia à Lyon ». Et du même auteur :
Site Amicale du Réseau Gallia
Musée de la Résistance en ligne, consultation Archives des Vosges