Raoul Albin Emile Didkowski, naît le 2 septembre 1892 à Villevieille (Gard), son père est professeur au collège de Lunel. Raoul est licencié en droit et en tant que haut fonctionnaire poursuit la quasi-totalité de sa carrière dans l’administration centrale et préfectorale. Il est mobilisé du 14 août 1914 au 23 août 1917 mais classé « services auxiliaires » pour faiblesse générale. En août 1918, il bénéficie d’un sursis d’appel en qualité de conseiller de préfecture de la Drôme à titre définitif après l’avoir été en intérim depuis le 10 novembre 1917. En mai 1919, il est détaché à la direction du personnel du ministère de l’Intérieur. De 1920 à 1935, il occupe différents postes dans l’administration préfectorale, à Ussel, en Ille-et-Vilaine, dans le Bas-Rhin, à Alger, en Saône-et-Loire. A compter de 1935, il est successivement, chef adjoint de cabinet du ministre de l’Intérieur, chef de cabinet du secrétaire d’État aux Travaux publics, chef adjoint de cabinet du ministre des Postes, Télégraphes et Téléphones, chargé du service parlementaire au ministère des PTT. En septembre 1936, le gouvernement du Front Populaire le nomme préfet des Pyrénées Orientales. Au début de l’année 1939, il prend en charge l’organisation de l’arrivée des réfugiés espagnols. Le 24 août 1939, il est promu officier de la légion d’honneur. Il occupe brièvement le poste de directeur général de la sûreté Nationale du 18 juin 1940 au 8 août 1940, jour de son affectation au poste de préfet de l’Isère. Il restera en poste jusqu’en août 1943, date de sa révocation par le gouvernement de Vichy. Il se retire alors à Villevieille. Les appréciations de son action sur ce poste divergent. Pour certains témoins et historiens, Raoul Didkowski est vu comme « un préfet d’opposition feutrée, sans zèle au moment d’exécuter les directives de son gouvernement, notamment dans leur aspect antisémite »[1]. Certains lui attribuent le sauvetage de nombreux juifs et résistants et considèrent qu’il a ainsi contribué à la résistance par des actions contrecarrant les menées des occupants (protection de personnes menacées ; non-exécution d’ordres, libérations de personnes.), dans un département sous occupation italienne de novembre 1942 à septembre 1943, et qui reçoit un nombre croissant de juifs. A l’inverse, quelques historiens soulignent l’application du préfet de l’Isère à exécuter les directives du gouvernement de Vichy en matière de révision de naturalisations et de politique antisémite. Il est arrêté par la Gestapo le 3 mars 1944 à Villevieille pour avoir favorisé la résistance. Après de brefs séjours dans les prisons de Nîmes, Marseille, Montpellier et Fresnes, il est déporté en tant que personnalité-otage le 3 juillet 1944 au château d’Eisenberg[2], par le convoi parti de Bobigny le 30 mai 1944. Il est libéré le 2 mai 1945. Mis à la retraite à compter du 1er juillet 1946, il est nommé préfet honoraire le 6 août 1948. En fin de carrière, il occupe successivement les postes de directeur de l’asile départemental du Pecq (1950), de directeur de cabinet du ministre des A.C.V.G[3]. (1951-1953 inclus). Raoul Didkowski décède à Montpellier le 6 août 1973.

Eric BERNARD

[1] « Didkowski », dans André Encrevé et Patrick Cabanel (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours : D-G, t.II, Paris, Max Chaleil, 2020, p. 176.

[2] En Bohème (aujourd’hui république Tchèque), Commando de Flossenbürg,

[3] Anciens Combattants et Victimes de Guerre

Sources :

• Service historique de la défense, département des fonds d’archives, division des archives des victimes des conflits contemporains. Dossier AC 21 P 629045
• André Encrevé et Patrick Cabanel (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours : D-G, t.II, Paris, Max Chaleil, 2020.

• Société française d’histoire de la police, notice biographique Raoul Didkowski directeur de la sûreté nationale, disponible sur : http://www.sfhp.fr/index.php?post/2009/03/22/Notice-biographique-Raoul-Didkowski

• BARBIER, Jean-Claude. Qu’est-ce qu’un préfet déporté ? Destins contrastés des préfets de Vichy déportés. 2016. Disponible sur le site de l’archive ouverte pluridisciplinaire HAL : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01362403

• BnF Gallica

• Archives départementales du Gard, registres d’état civil cote 5^E 6203

• Archives départementales du Gard, registres matricules des classes 1887 à 1921 (1 R 734 à 1120) 

• Etat civil de la ville de Montpellier