RECHERCHEZ
Raymond Agenor Joseph naît à Nîmes, le 8 avril 1906, à 2 heure du matin. L’adjoint au maire, délégué aux fonctions d’officier de l’Etat civil, Gustave Guiraudey, rédige son acte de naissance. « Martial Mardochée Crémieux, négociant, âgé de 35 ans, domicilié 3 rue du Général Perrier (…) nous a déclaré que : Clémentine Hirsch, sans profession, âgée de 33 ans, son épouse, est accouchée hier à 2h du matin, dans le domicile précité, d’un enfant de sexe masculin, qu’il nous a présenté, et auquel il a donné les prénoms de Raymond Agenor Joseph ». Deux témoins accompagnent le père et l’enfant à l’Hôtel de Ville : Charles et Alfred Crémieux. La famille, de confession israélite, est bien insérée dans la société nîmoise. Clémentine, la maman, est originaire d’Elbeuf, en Normandie. Raymond est le benjamin d’une fratrie de trois enfants. Sa sœur Andrée et son frère Roger son déjà grands. Ils ont respectivement 10 et 8 ans. Bien plus tard, le 14 mars 1923, Andrée se marie avec André Ziwes à Nîmes. Roger, lui, épouse Germaine Lévy à Lyon, le 8 juin 1926. Roger est l’une de nos 12 vies. Entre les deux évènements joyeux meurt le père, Mardochée, à son domicile au 30 rue du Murier d’Espagne. Raymond vient de fêter ses 18 ans.
Raymond s’éloigne de la tradition familiale du négoce et choisit la vie d’artiste lyrique sous le nom de Crémy ou Crimy. Un bref entrefilet, paru le 25 octobre 1941 dans le journal Artistica, évoque une tournée à Arles. Crémi partage l’affiche avec la chanteuse Yvonne Vionnet et Pierre Farny dans l’opérette « Le Match du bonheur ». Les commentaires sont élogieux.
Le 23 mai 1943 lors d’un déplacement professionnel à Clermont Ferrand, en zone occupée. Raymond est arrêté par la Gestapo pour appartenance à la religion Israélite. Il est alors âgé de 38 ans. Un directeur de théâtre témoigne de son arrestation. Il signe Daily. Le directeur a-t-il été seulement témoin ou a-t-il un rôle à jouer dans l’arrestation de Raymond ? Celui-ci est transféré puis interné à Drancy du 23 mai au 6 octobre 1943, sous le matricule 5621. Le 7 Octobre il est déporté avec 1000 autres Juifs, dont plus de la moitié sont des citoyens français, dans le convoi 60. Il quitte la gare de Bobigny à 10h30. Quelques provisions et un peu d’eau sont disponibles pour survivre à ce voyage périlleux. A l’arrivée à Auschwitz, 169 femmes et 340 hommes, dont Raymond, sont sélectionnés pour travailler. Ces prisonniers sont tatoués des numéros 156 940 à 157 279 et envoyés à Monowitz-Buna, une annexe du camp d’Auschwitz. Ils travaillent dans une usine appelée la Buna-Werke qui appartient à l’entreprise IG Farben. Elle est dirigée par des civils allemands et les SS s’occupent des détenus. Ceux-ci constituent une main d’œuvre surexploitée et maltraitée, qui meurt rapidement d’épuisement et qui est renouvelée par l’afflux constant de déportés. Tous les autres déportés du convoi 60 sont immédiatement exterminés dans les chambres à gaz. Le 15 février 1944, Raymond décède à l’âge de 38 ans suite à une broncho-pneumonie probablement due aux conditions d’hygiène et de vie très mauvaises dans le camp de Monowitz. Le docteur Robert Waitz, un déporté politique est présent lors de sa mort. Survivant, il témoigne, le 18 Novembre 1945 : « Je soussigné, docteur en médecine, certifie que Mr Raymond Crémieux, déporté politique au camp de Monowitz y est décédé en 1944 à la suite d’une broncho-pneumonie. J’ai été témoin de sa mort ». Trois mois plus tard, son frère Roger décède également à Auschwitz.
Son nom figure sur le mur du Mémorial de la Shoah : dalle n° 10, colonne n° 4, rangée n° 1
Rédactrices : Yocana Mossiman et Louise Tauleigne, élèves de terminale au Lycée Daudet de Nîmes, année 2022-2023. Recherches préalables menées par Tiziri Azzoug et Julie Roussel, élèves de terminale, année 2021-2022. Enseignantes encadrant le projet : Agnes Arcin et Anne Brugère.
Sources :
Archives municipales de Nîmes (acte de naissance),
Artistica 24 oct 1940,
Dossier de Caen : 21 P 439 20
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Raymond Agenor Joseph naît à Nîmes, le 8 avril 1906, à 2 heure du matin. L’adjoint au maire, délégué aux fonctions d’officier de l’Etat civil, Gustave Guiraudey, rédige son acte de naissance. « Martial Mardochée Crémieux, négociant, âgé de 35 ans, domicilié 3 rue du Général Perrier (…) nous a déclaré que : Clémentine Hirsch, sans profession, âgée de 33 ans, son épouse, est accouchée hier à 2h du matin, dans le domicile précité, d’un enfant de sexe masculin, qu’il nous a présenté, et auquel il a donné les prénoms de Raymond Agenor Joseph ». Deux témoins accompagnent le père et l’enfant à l’Hôtel de Ville : Charles et Alfred Crémieux. La famille, de confession israélite, est bien insérée dans la société nîmoise. Clémentine, la maman, est originaire d’Elbeuf, en Normandie. Raymond est le benjamin d’une fratrie de trois enfants. Sa sœur Andrée et son frère Roger son déjà grands. Ils ont respectivement 10 et 8 ans. Bien plus tard, le 14 mars 1923, Andrée se marie avec André Ziwes à Nîmes. Roger, lui, épouse Germaine Lévy à Lyon, le 8 juin 1926. Roger est l’une de nos 12 vies. Entre les deux évènements joyeux meurt le père, Mardochée, à son domicile au 30 rue du Murier d’Espagne. Raymond vient de fêter ses 18 ans.
Raymond s’éloigne de la tradition familiale du négoce et choisit la vie d’artiste lyrique sous le nom de Crémy ou Crimy. Un bref entrefilet, paru le 25 octobre 1941 dans le journal Artistica, évoque une tournée à Arles. Crémi partage l’affiche avec la chanteuse Yvonne Vionnet et Pierre Farny dans l’opérette « Le Match du bonheur ». Les commentaires sont élogieux.
Le 23 mai 1943 lors d’un déplacement professionnel à Clermont Ferrand, en zone occupée. Raymond est arrêté par la Gestapo pour appartenance à la religion Israélite. Il est alors âgé de 38 ans. Un directeur de théâtre témoigne de son arrestation. Il signe Daily. Le directeur a-t-il été seulement témoin ou a-t-il un rôle à jouer dans l’arrestation de Raymond ? Celui-ci est transféré puis interné à Drancy du 23 mai au 6 octobre 1943, sous le matricule 5621. Le 7 Octobre il est déporté avec 1000 autres Juifs, dont plus de la moitié sont des citoyens français, dans le convoi 60. Il quitte la gare de Bobigny à 10h30. Quelques provisions et un peu d’eau sont disponibles pour survivre à ce voyage périlleux. A l’arrivée à Auschwitz, 169 femmes et 340 hommes, dont Raymond, sont sélectionnés pour travailler. Ces prisonniers sont tatoués des numéros 156 940 à 157 279 et envoyés à Monowitz-Buna, une annexe du camp d’Auschwitz. Ils travaillent dans une usine appelée la Buna-Werke qui appartient à l’entreprise IG Farben. Elle est dirigée par des civils allemands et les SS s’occupent des détenus. Ceux-ci constituent une main d’œuvre surexploitée et maltraitée, qui meurt rapidement d’épuisement et qui est renouvelée par l’afflux constant de déportés. Tous les autres déportés du convoi 60 sont immédiatement exterminés dans les chambres à gaz. Le 15 février 1944, Raymond décède à l’âge de 38 ans suite à une broncho-pneumonie probablement due aux conditions d’hygiène et de vie très mauvaises dans le camp de Monowitz. Le docteur Robert Waitz, un déporté politique est présent lors de sa mort. Survivant, il témoigne, le 18 Novembre 1945 : « Je soussigné, docteur en médecine, certifie que Mr Raymond Crémieux, déporté politique au camp de Monowitz y est décédé en 1944 à la suite d’une broncho-pneumonie. J’ai été témoin de sa mort ». Trois mois plus tard, son frère Roger décède également à Auschwitz.
Son nom figure sur le mur du Mémorial de la Shoah : dalle n° 10, colonne n° 4, rangée n° 1
Rédactrices : Yocana Mossiman et Louise Tauleigne, élèves de terminale au Lycée Daudet de Nîmes, année 2022-2023. Recherches préalables menées par Tiziri Azzoug et Julie Roussel, élèves de terminale, année 2021-2022. Enseignantes encadrant le projet : Agnes Arcin et Anne Brugère.
Sources :
Archives municipales de Nîmes (acte de naissance),
Artistica 24 oct 1940,
Dossier de Caen : 21 P 439 20