RECHERCHEZ
Maurice, Léon Couderc naît à Nîmes le 5 février 1920. Son père, Louis, originaire d’Ispagnac, (près de Florac en Lozère) où il est né en 1890, a épousé Alix Virginie Court, dite Émilie, le 21 décembre 1916. C’est à Nîmes que vit ensuite le couple. Louis, n’en a pas fini avec l’armée quand il devient employé des Chemins de Fer en 1913. Intégré en 1911, il a servi comme zouave et dans plusieurs régiments d’Infanterie, puis été affecté dans « La Coloniale » en Algérie et au Maroc pour être mobilisé en 1914 jusqu’en octobre 1916. « Renvoyé dans ses foyers », il est alors remis à disposition de la Compagnie des Chemins de Fer PLM, et classé dans une affectation au Service Central, près de son domicile nîmois, 17 rue Louis Laget.
Maurice ne va pas quitter le quartier de la Placette à Nîmes. Après des études de tourneur-ajusteur à l’École Pratique de la rue Dhuoda à Nîmes (diplômé en 1937), il devient lui aussi, cheminot, à la SNCF. En mai 1940, lors de la mobilisation, il vient d’avoir vingt ans. On sait qu’après un temps de formation de quelques mois, il s’engage début juin 1943, dans l’Armée Secrète, – qui sera plus tard intégrée dans les F.F.I -. Autrement dit, il rejoint le maquis, celui de Haute-Corrèze, affecté à la IVème Région Militaire (Bordeaux).
Arrêté sous le nom de Morris « pour faits de Résistance » par la gendarmerie d’Ussel (Corrèze) au Camp d’Arsac le 20 novembre 1943, il est transféré deux jours plus tard à la prison de Tulle avant d’être emmené à Limoges le 6 février 1944 pour être jugé par la Section Spéciale de la Cour d’Appel de la ville. Le 6 mars, elle le condamne à cinq ans de réclusion pour infraction à la loi du 5 juin 1943 (1), plus précisément pour « subversion sociale et détention d’armes ». Il est écroué à la Centrale d’Eysses dans le Lot et Garonne à partir du 13 mars, sous le numéro d’écrou 806 (2). Il y arrive peu après l’insurrection de février 1944 et l’exécution de 12 insurgés (3). Le 30 mai, les quelques 1200 détenus de la Centrale sont livrés à la division SS Das Reich. Chargés dans des camions, Ils sont conduits à la gare de Penne d’Agenais. Le 2 juin, Maurice Couderc arrive au camp de regroupement de Compiègne, d’où il est déporté le 18 par le convoi I.229 pour Dachau et enregistré le 20 juin 1944. Là, il se voit attribué le matricule 73299. Sur sa fiche signalétique, il est noté qu’il a les cheveux blonds, ébouriffés et les yeux bleus, striés d’or.
Libéré du camp par l’Armée U.S. le 15 mai 1945, il est rapatrié en France via Strasbourg le 17 mai. Il s’installe au 20 rue Henri IV à Nîmes et reprend son emploi à la SNCF.
Il épouse Simone Blanche César à Nîmes, le 22 juin 1946. Entre-temps, sa peine d’emprisonnement ordonnée à Limoges et qui courrait jusqu’en 1948 a été annulée à la Libération.
Dès 1948, il entame des démarches pour obtenir un titre de déporté. Il peut sans difficulté justifier d’une période d’internement qui s’étend du 20 novembre 1943 au 9 juin 1944 ainsi que d’une période de déportation qui va du 10 juin 1944 au 14 mai 1945.
Obtenir le titre de Déporté Résistant a été plus difficile. Il obtient par la commission d’homologation (de Montpellier) une homologation provisoire au grade fictif de sergent FFI, en mars 1947, suivie du versement d’une pension d’invalidité de 30 %, provisoire elle aussi. Car l’homologation définitive reste suspendue aux témoignages de son capitaine, Marcel Audy (Ulysse au maquis), qu’il ne peut joindre et de celui de Jean Charles, dit Popeye, demeurant rue des Meuniers à Paris, introuvable. L’attestation du Capitaine parvenue en septembre 1951, jointe à celle du Général Duche, Commandant la IVème Région militaire, signée pourtant en mars 1948, appuient sa demande. L’avis de la Commission départementale, réservé en juin 1952, devient favorable en janvier 1953. Le titre de Déporté Résistant est définitivement accordé à Maurice le 27 février 1953 par le Ministère des Anciens Combattants et Veuves de Guerre. La notification et sa carte lui parviennent à son nouveau domicile : 20 rue du Stand à Nîmes. Carte n° 1.012.15315.
Le décès de Maurice Couderc est enregistré à Florac Trois Rivières en Lozère le 13 février 2004.
Marie Balta et Gérard Krebs.
Notes :
(1) Loi n° 318 du 5 juin 1943 réprimant les activités communistes, anarchistes, terroristes ou subversives
(2) Cf. Musée de la Résistance en Ligne : https://museedelaresistanceenligne.org/musee/doc/pdf/365.pdf
(3) Sur l’insurrection à la Centrale d’Eysses, cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataillon_r%C3%A9sistant_FFI_de_la_centrale_d%27Eysses
Sources :
Archives militaires Caen n°21 P 660 104.
État civil et Registre militaire de Louis Couderc, père de Maurice.
Extrait d’Acte de naissance de Maurice Léon Couderc
Acte de mariage des parents de Maurice
Extrait du Journal du Midi du 27 octobre 1937 : remise des diplômes d’apprentis
Fiches Arolsen (3) Camp de Dachau
Archives de la Centrale d’Eysses. Site Wikipedia concernant l’insurrection du 19 février 1944.
Musée de la Résistance
RECHERCHEZ
Maurice, Léon Couderc naît à Nîmes le 5 février 1920. Son père, Louis, originaire d’Ispagnac, (près de Florac en Lozère) où il est né en 1890, a épousé Alix Virginie Court, dite Émilie, le 21 décembre 1916. C’est à Nîmes que vit ensuite le couple. Louis, n’en a pas fini avec l’armée quand il devient employé des Chemins de Fer en 1913. Intégré en 1911, il a servi comme zouave et dans plusieurs régiments d’Infanterie, puis été affecté dans « La Coloniale » en Algérie et au Maroc pour être mobilisé en 1914 jusqu’en octobre 1916. « Renvoyé dans ses foyers », il est alors remis à disposition de la Compagnie des Chemins de Fer PLM, et classé dans une affectation au Service Central, près de son domicile nîmois, 17 rue Louis Laget.
Maurice ne va pas quitter le quartier de la Placette à Nîmes. Après des études de tourneur-ajusteur à l’École Pratique de la rue Dhuoda à Nîmes (diplômé en 1937), il devient lui aussi, cheminot, à la SNCF. En mai 1940, lors de la mobilisation, il vient d’avoir vingt ans. On sait qu’après un temps de formation de quelques mois, il s’engage début juin 1943, dans l’Armée Secrète, – qui sera plus tard intégrée dans les F.F.I -. Autrement dit, il rejoint le maquis, celui de Haute-Corrèze, affecté à la IVème Région Militaire (Bordeaux).
Arrêté sous le nom de Morris « pour faits de Résistance » par la gendarmerie d’Ussel (Corrèze) au Camp d’Arsac le 20 novembre 1943, il est transféré deux jours plus tard à la prison de Tulle avant d’être emmené à Limoges le 6 février 1944 pour être jugé par la Section Spéciale de la Cour d’Appel de la ville. Le 6 mars, elle le condamne à cinq ans de réclusion pour infraction à la loi du 5 juin 1943 (1), plus précisément pour « subversion sociale et détention d’armes ». Il est écroué à la Centrale d’Eysses dans le Lot et Garonne à partir du 13 mars, sous le numéro d’écrou 806 (2). Il y arrive peu après l’insurrection de février 1944 et l’exécution de 12 insurgés (3). Le 30 mai, les quelques 1200 détenus de la Centrale sont livrés à la division SS Das Reich. Chargés dans des camions, Ils sont conduits à la gare de Penne d’Agenais. Le 2 juin, Maurice Couderc arrive au camp de regroupement de Compiègne, d’où il est déporté le 18 par le convoi I.229 pour Dachau et enregistré le 20 juin 1944. Là, il se voit attribué le matricule 73299. Sur sa fiche signalétique, il est noté qu’il a les cheveux blonds, ébouriffés et les yeux bleus, striés d’or.
Libéré du camp par l’Armée U.S. le 15 mai 1945, il est rapatrié en France via Strasbourg le 17 mai. Il s’installe au 20 rue Henri IV à Nîmes et reprend son emploi à la SNCF.
Il épouse Simone Blanche César à Nîmes, le 22 juin 1946. Entre-temps, sa peine d’emprisonnement ordonnée à Limoges et qui courrait jusqu’en 1948 a été annulée à la Libération.
Dès 1948, il entame des démarches pour obtenir un titre de déporté. Il peut sans difficulté justifier d’une période d’internement qui s’étend du 20 novembre 1943 au 9 juin 1944 ainsi que d’une période de déportation qui va du 10 juin 1944 au 14 mai 1945.
Obtenir le titre de Déporté Résistant a été plus difficile. Il obtient par la commission d’homologation (de Montpellier) une homologation provisoire au grade fictif de sergent FFI, en mars 1947, suivie du versement d’une pension d’invalidité de 30 %, provisoire elle aussi. Car l’homologation définitive reste suspendue aux témoignages de son capitaine, Marcel Audy (Ulysse au maquis), qu’il ne peut joindre et de celui de Jean Charles, dit Popeye, demeurant rue des Meuniers à Paris, introuvable. L’attestation du Capitaine parvenue en septembre 1951, jointe à celle du Général Duche, Commandant la IVème Région militaire, signée pourtant en mars 1948, appuient sa demande. L’avis de la Commission départementale, réservé en juin 1952, devient favorable en janvier 1953. Le titre de Déporté Résistant est définitivement accordé à Maurice le 27 février 1953 par le Ministère des Anciens Combattants et Veuves de Guerre. La notification et sa carte lui parviennent à son nouveau domicile : 20 rue du Stand à Nîmes. Carte n° 1.012.15315.
Le décès de Maurice Couderc est enregistré à Florac Trois Rivières en Lozère le 13 février 2004.
Marie Balta et Gérard Krebs.
Notes :
(1) Loi n° 318 du 5 juin 1943 réprimant les activités communistes, anarchistes, terroristes ou subversives
(2) Cf. Musée de la Résistance en Ligne : https://museedelaresistanceenligne.org/musee/doc/pdf/365.pdf
(3) Sur l’insurrection à la Centrale d’Eysses, cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataillon_r%C3%A9sistant_FFI_de_la_centrale_d%27Eysses
Sources :
Archives militaires Caen n°21 P 660 104.
État civil et Registre militaire de Louis Couderc, père de Maurice.
Extrait d’Acte de naissance de Maurice Léon Couderc
Acte de mariage des parents de Maurice
Extrait du Journal du Midi du 27 octobre 1937 : remise des diplômes d’apprentis
Fiches Arolsen (3) Camp de Dachau
Archives de la Centrale d’Eysses. Site Wikipedia concernant l’insurrection du 19 février 1944.
Musée de la Résistance