RECHERCHEZ
Lucien Marie Casimir Conil naît à Sault (Vaucluse) le 25 août 1899, son père est employé de commerce et sa mère sans profession. La famille est installée à Marseille en 1909. Lucien Conil a une enfance et une adolescence tumultueuses, ce qui lui vaut de connaître la justice des mineurs à plusieurs reprises et d’être admis en colonie pénitentiaire. Engagé volontaire en 1917, il commence une carrière militaire mouvementée. Arrivé le 24 février 1917 au corps comme canonnier de 2e classe au 18e régiment d’artillerie, il est affecté à la mairie d’Agen[1]. Il quitte sans permission son dépôt d’Agen le 20 août 1917 pour se rendre à Toulouse où il est arrêté moins d’une semaine plus tard. Le conseil de guerre de la 17e région le condamne le 27 novembre 1917 à six mois de prison pour désertion[2]. Cela ne l’empêche pas par la suite d’être apprécié comme « excellent téléphoniste »[3]. Il est d’ailleurs blessé le 24 avril 1918 au mont Kemmel en Belgique, en plaçant une ligne à un observatoire avancé. A ce titre, il est médaillé de la Croix de guerre-étoile de bronze. Le 12 février 1919, il est à nouveau condamné à un an de prison pour désertion et le 23 septembre 1919 à deux ans de prison par le conseil de guerre d’Amiens pour le même motif. Incarcéré à la prison militaire d’Orléans, il s’en évade le 21 mai 1921 mais est repris en février 1922[4]. Le conseil de guerre d’Orléans le condamne à cinq ans de prison (pour vente d’effets militaires, bris de clôture, désertion avec vol et recel), et l’envoie en août 1922 à l’établissement pénitentiaire d’Aïn Beïda en Algérie. Sa peine est réduite de deux ans par décret en 1924. Après un bref passage au 20e régiment divisionnaire à Poitiers en janvier 1925, il est amnistié et renvoyé dans ses foyers le 5 mars 1925. Il se retire alors chez sa sœur à Marseille, et est affecté comme réserviste au 19e régiment d’artillerie de campagne à Nîmes. L’année suivante, Lucien Conil est condamné le 8 juin par le tribunal correctionnel de Marseille à deux ans d’emprisonnement et cinq ans d’interdiction de séjour pour coups et blessures. Il passe pour « un malfaiteur dangereux »[5]. Le dix octobre 1926 la cour d’assises du Loiret le condamne à dix ans de réclusion et 20 ans d’interdiction de séjour pour des cambriolages opérés à Orléans en août 1925. Mobilisé du 12 septembre 1939 au 16 juillet 1940, il se retire ensuite à Molières sur Cèze (Gard) où il exerce le métier de bûcheron. Repris de justice, il est considéré comme individu « indésirable »[6] et fait l’objet de plusieurs enquêtes concluant qu’il « ne se livre à aucun travail suivi et vit d’une manière générale de trafic illicite et vraisemblablement de vol »[7]. Il est arrêté le 12 avril 1944 et interné[8] au Fort Barraux[9] du 4 mai au 22 juin 1944, date de son départ depuis Grenoble pour Buchenwald. Enregistré comme boulanger, il est affecté à compter du 22 juillet au kommando de la carrière (Steinbruch), et transféré le 9 août à celui du nettoyage des blocks de gardien à la gare de Weimar. Le 22 août, il est envoyé au kommando Gazelle à Weferlingen chargé de la construction d’une usine souterraine d’armement. Les conditions de travail y sont effroyables et le taux de mortalité extrêmement élevé. Libéré par les Américains le 11 avril 1945, Lucien Conil rentre à Molière sur Cèze auprès de sa compagne. Il décède à Marseille le 6 décembre 1957.
Eric BERNARD
[1] Fiche matriculaire n°4149, archives départementales des Bouches-du-Rhône.
[2] Journal Le Midi Socialiste du 25 août 1917, disponible sur le site Gallica de la BnF.
[3] Fiche matriculaire n°4149, archives départementales des Bouches-du-Rhône.
[4] Journal Le Petit Provençal du 16 février 1922, disponible sur le site de la presse de la BnF
[5] Journal Journal du Loiret du 29 octobre 1926, disponible sur le site internet de la médiathèque d’Orléans Métropole
[6] Dossier d’internement au Fort-Barraux 15W98, archives départementales de l’Isère
[7] Dossiers d’internement au Fort-Barraux 15W177, archives départementales de l’Isère
[8] Mesure d’internement administrative
[9] Centre de séjour surveillé pour « indésirables français » (délinquants économiques, droits communs)
Sources :
- Archives départementales des Bouches-du-Rhône
- Site internet du Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (Partie I, liste n°231) : http://www.bddm.org/liv/details.php?id=I.231.
- Archives départementales du Gard, dossiers 1W129 et 1W298
- Archives départementales de l’Isère, dossiers d’internement au Fort Barraux 15W177, 17W98
- Archives de l’ITS d’Arolsen : https://collections.arolsen-archives.org/de/search/person/5696652?s=CONIL&t=1586657&p=0
- Journal Le Midi Socialiste du 25 août 1917, disponible sur le site internet de BnF Gallica
- Journal Journal du Loiret du 29 octobre 1926, disponible sur le site internet de la médiathèque d’Orléans Métropole : https://mediatheques.orleans-metropole.fr/ark:/77916/ORL259753/1926/10/29/v0002.simple.selectedTab=thumbnail.hidesidebar
Journal Le Petit Provençal du 16 février 1922, disponible sur le site de la presse de la BnF : https://www.retronews.fr/journal/le-petit-provencal/16-fevrier-1922/677/3102255/1
RECHERCHEZ
Lucien Marie Casimir Conil naît à Sault (Vaucluse) le 25 août 1899, son père est employé de commerce et sa mère sans profession. La famille est installée à Marseille en 1909. Lucien Conil a une enfance et une adolescence tumultueuses, ce qui lui vaut de connaître la justice des mineurs à plusieurs reprises et d’être admis en colonie pénitentiaire. Engagé volontaire en 1917, il commence une carrière militaire mouvementée. Arrivé le 24 février 1917 au corps comme canonnier de 2e classe au 18e régiment d’artillerie, il est affecté à la mairie d’Agen[1]. Il quitte sans permission son dépôt d’Agen le 20 août 1917 pour se rendre à Toulouse où il est arrêté moins d’une semaine plus tard. Le conseil de guerre de la 17e région le condamne le 27 novembre 1917 à six mois de prison pour désertion[2]. Cela ne l’empêche pas par la suite d’être apprécié comme « excellent téléphoniste »[3]. Il est d’ailleurs blessé le 24 avril 1918 au mont Kemmel en Belgique, en plaçant une ligne à un observatoire avancé. A ce titre, il est médaillé de la Croix de guerre-étoile de bronze. Le 12 février 1919, il est à nouveau condamné à un an de prison pour désertion et le 23 septembre 1919 à deux ans de prison par le conseil de guerre d’Amiens pour le même motif. Incarcéré à la prison militaire d’Orléans, il s’en évade le 21 mai 1921 mais est repris en février 1922[4]. Le conseil de guerre d’Orléans le condamne à cinq ans de prison (pour vente d’effets militaires, bris de clôture, désertion avec vol et recel), et l’envoie en août 1922 à l’établissement pénitentiaire d’Aïn Beïda en Algérie. Sa peine est réduite de deux ans par décret en 1924. Après un bref passage au 20e régiment divisionnaire à Poitiers en janvier 1925, il est amnistié et renvoyé dans ses foyers le 5 mars 1925. Il se retire alors chez sa sœur à Marseille, et est affecté comme réserviste au 19e régiment d’artillerie de campagne à Nîmes. L’année suivante, Lucien Conil est condamné le 8 juin par le tribunal correctionnel de Marseille à deux ans d’emprisonnement et cinq ans d’interdiction de séjour pour coups et blessures. Il passe pour « un malfaiteur dangereux »[5]. Le dix octobre 1926 la cour d’assises du Loiret le condamne à dix ans de réclusion et 20 ans d’interdiction de séjour pour des cambriolages opérés à Orléans en août 1925. Mobilisé du 12 septembre 1939 au 16 juillet 1940, il se retire ensuite à Molières sur Cèze (Gard) où il exerce le métier de bûcheron. Repris de justice, il est considéré comme individu « indésirable »[6] et fait l’objet de plusieurs enquêtes concluant qu’il « ne se livre à aucun travail suivi et vit d’une manière générale de trafic illicite et vraisemblablement de vol »[7]. Il est arrêté le 12 avril 1944 et interné[8] au Fort Barraux[9] du 4 mai au 22 juin 1944, date de son départ depuis Grenoble pour Buchenwald. Enregistré comme boulanger, il est affecté à compter du 22 juillet au kommando de la carrière (Steinbruch), et transféré le 9 août à celui du nettoyage des blocks de gardien à la gare de Weimar. Le 22 août, il est envoyé au kommando Gazelle à Weferlingen chargé de la construction d’une usine souterraine d’armement. Les conditions de travail y sont effroyables et le taux de mortalité extrêmement élevé. Libéré par les Américains le 11 avril 1945, Lucien Conil rentre à Molière sur Cèze auprès de sa compagne. Il décède à Marseille le 6 décembre 1957.
Eric BERNARD
[1] Fiche matriculaire n°4149, archives départementales des Bouches-du-Rhône.
[2] Journal Le Midi Socialiste du 25 août 1917, disponible sur le site Gallica de la BnF.
[3] Fiche matriculaire n°4149, archives départementales des Bouches-du-Rhône.
[4] Journal Le Petit Provençal du 16 février 1922, disponible sur le site de la presse de la BnF
[5] Journal Journal du Loiret du 29 octobre 1926, disponible sur le site internet de la médiathèque d’Orléans Métropole
[6] Dossier d’internement au Fort-Barraux 15W98, archives départementales de l’Isère
[7] Dossiers d’internement au Fort-Barraux 15W177, archives départementales de l’Isère
[8] Mesure d’internement administrative
[9] Centre de séjour surveillé pour « indésirables français » (délinquants économiques, droits communs)
Sources :
- Archives départementales des Bouches-du-Rhône
- Site internet du Livre mémorial de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation (Partie I, liste n°231) : http://www.bddm.org/liv/details.php?id=I.231.
- Archives départementales du Gard, dossiers 1W129 et 1W298
- Archives départementales de l’Isère, dossiers d’internement au Fort Barraux 15W177, 17W98
- Archives de l’ITS d’Arolsen : https://collections.arolsen-archives.org/de/search/person/5696652?s=CONIL&t=1586657&p=0
- Journal Le Midi Socialiste du 25 août 1917, disponible sur le site internet de BnF Gallica
- Journal Journal du Loiret du 29 octobre 1926, disponible sur le site internet de la médiathèque d’Orléans Métropole : https://mediatheques.orleans-metropole.fr/ark:/77916/ORL259753/1926/10/29/v0002.simple.selectedTab=thumbnail.hidesidebar
Journal Le Petit Provençal du 16 février 1922, disponible sur le site de la presse de la BnF : https://www.retronews.fr/journal/le-petit-provencal/16-fevrier-1922/677/3102255/1