RECHERCHEZ
Les frères Capoduro sont les seuls enfants d’Antonin Capoduro, entrepreneur et Marie-Louise Sauret. Tous deux naissent à Nîmes : Claude, l’aîné, le 18 novembre 1915 et André le 15 septembre 1923. La famille habite en centre-ville, 18 rue Bec-de-Lièvre. Au début de la guerre, les deux garçons sont célibataires. Claude est magasinier aux Établissements Nègre, rue Émile Jamais. André est employé de commerce dans un magasin d’accessoires automobiles : les Établissements Veigalier, 11 rue cité Foulc, qu’il quitte fin 1940 avec l’intention de s’engager dans une école militaire.
Lorsque fin 1942 le service du STO les convoque pour les envoyer travailler en Allemagne, les deux frères cherchent le meilleur moyen d’y échapper tout en se rendant utiles. Dans un bar nîmois ils rencontrent un certain Antoine-Fernand Tastevin, gendarme à la retraite, qui se présente comme un agent de la France Libre recrutant des volontaires pour aller combattre en Algérie. Ce « gros bonhomme chauve au visage épanoui de vigneron »[i] , est bien sympathique et leur inspire confiance. Il leur propose – moyennant un petit dédommagement « pour ses frais » – de les emmener en camionnette à Sète d’où une chaloupe les conduira à un hydravion anglais qui les déposera en Afrique du Nord. Le départ est donné à Nîmes le soir du 25 janvier 1943, avec deux autre jeunes gens. Mais, le véhicule est arrêté par la Gestapo avant d’arriver à Lunel. Tous les passagers sont arrêtés et internés à la caserne des Minimes de Montpellier, sauf M. Tastevin qui vient de les trahir. Il est en réalité un indicateur rémunéré par la Gestapo ; il continuera ses faux recrutements jusqu’à l’été 1943 [ii].
André et Claude restent emprisonnés à Montpellier jusqu’au 15 février, date à laquelle ils sont envoyés à Compiègne. Ils sont déportés le 28 avril pour le camp de Sachsenhausen-Oranienburg (près de Berlin), en même temps qu’un de leurs amis : René Bouchet, matricule 64911, arrêté peu après eux dans les mêmes circonstances. A Sachsenhausen, le parcours de Claude reste inconnu, y compris la date de sa mort qui sera fixée judiciairement « dans le courant de l’année 1944 », sans plus de précisions. André, de son côté, est affecté au kommando Heinkel pour y contribuer à la construction d’avions, jusqu’au moment où – probablement trop faible – il est envoyé dans un camp d’extermination. C’est un autre jugement déclaratif qui déterminera la date de son décès : le 13 février 1945.
A son retour des camps, c’est leur ami René Bouchet qui apprendra à Marie-Louise Capoduro, alors veuve, la mort de ses deux enfants.
Gérard Krebs
[i] Quotidien « Ce Soir » du 10 mars 1950
[ii] A la Libération, Antoine-Fernand Tastevin est condamné par contumace à la peine capitale pour la déportation de dizaines de résistants nîmois et la mort de 25 d’entre eux. Son arrestation deux ans plus tard, donne lieu à un second procès, en sa présence, qui confirme sa peine le 13 mai 1950.
Sources :
Archives Historiques de Caen
Site gallica.bnf.fr (mars 2022) : « Ce Soir » et « Le Figaro » du 10 mars 1950, « L’Aurore » du 13 mai 1950.
RECHERCHEZ
Les frères Capoduro sont les seuls enfants d’Antonin Capoduro, entrepreneur et Marie-Louise Sauret. Tous deux naissent à Nîmes : Claude, l’aîné, le 18 novembre 1915 et André le 15 septembre 1923. La famille habite en centre-ville, 18 rue Bec-de-Lièvre. Au début de la guerre, les deux garçons sont célibataires. Claude est magasinier aux Établissements Nègre, rue Émile Jamais. André est employé de commerce dans un magasin d’accessoires automobiles : les Établissements Veigalier, 11 rue cité Foulc, qu’il quitte fin 1940 avec l’intention de s’engager dans une école militaire.
Lorsque fin 1942 le service du STO les convoque pour les envoyer travailler en Allemagne, les deux frères cherchent le meilleur moyen d’y échapper tout en se rendant utiles. Dans un bar nîmois ils rencontrent un certain Antoine-Fernand Tastevin, gendarme à la retraite, qui se présente comme un agent de la France Libre recrutant des volontaires pour aller combattre en Algérie. Ce « gros bonhomme chauve au visage épanoui de vigneron »[i] , est bien sympathique et leur inspire confiance. Il leur propose – moyennant un petit dédommagement « pour ses frais » – de les emmener en camionnette à Sète d’où une chaloupe les conduira à un hydravion anglais qui les déposera en Afrique du Nord. Le départ est donné à Nîmes le soir du 25 janvier 1943, avec deux autre jeunes gens. Mais, le véhicule est arrêté par la Gestapo avant d’arriver à Lunel. Tous les passagers sont arrêtés et internés à la caserne des Minimes de Montpellier, sauf M. Tastevin qui vient de les trahir. Il est en réalité un indicateur rémunéré par la Gestapo ; il continuera ses faux recrutements jusqu’à l’été 1943 [ii].
André et Claude restent emprisonnés à Montpellier jusqu’au 15 février, date à laquelle ils sont envoyés à Compiègne. Ils sont déportés le 28 avril pour le camp de Sachsenhausen-Oranienburg (près de Berlin), en même temps qu’un de leurs amis : René Bouchet, matricule 64911, arrêté peu après eux dans les mêmes circonstances. A Sachsenhausen, le parcours de Claude reste inconnu, y compris la date de sa mort qui sera fixée judiciairement « dans le courant de l’année 1944 », sans plus de précisions. André, de son côté, est affecté au kommando Heinkel pour y contribuer à la construction d’avions, jusqu’au moment où – probablement trop faible – il est envoyé dans un camp d’extermination. C’est un autre jugement déclaratif qui déterminera la date de son décès : le 13 février 1945.
A son retour des camps, c’est leur ami René Bouchet qui apprendra à Marie-Louise Capoduro, alors veuve, la mort de ses deux enfants.
Gérard Krebs
[i] Quotidien « Ce Soir » du 10 mars 1950
[ii] A la Libération, Antoine-Fernand Tastevin est condamné par contumace à la peine capitale pour la déportation de dizaines de résistants nîmois et la mort de 25 d’entre eux. Son arrestation deux ans plus tard, donne lieu à un second procès, en sa présence, qui confirme sa peine le 13 mai 1950.
Sources :
Archives Historiques de Caen
Site gallica.bnf.fr (mars 2022) : « Ce Soir » et « Le Figaro » du 10 mars 1950, « L’Aurore » du 13 mai 1950.