BOURQUIN Jean

  • 31210 Buchenwald.

  • Né le 19 février 1922 à Paris

  • décédé le 20 janvier 1944 à Dora

Jean Gérard Bourquin nait le 19 février 1922 à Paris dans le 14ème arrondissement. Il est le fils de Charles Samuel, négociant de nationalité suisse, et de Marjorie Harris, anglaise, sans profession. Son père est né à Congéniès (Gard). Ses parents se marient le 9 août 1919 à Saint-Martin dans le comté de Londres. Le couple a au moins quatre autres enfants, Herbert (né en 1920 à Paris), Denise Esther (née en 1925 à Paris), Raymond (né en 1927 à Saint-Cloud) et Daniel Marc (né en 1934 à Montmorency). Jean Bourquin est protestant. Avant la guerre, son père est industriel en peinture à Montmorency à l’époque en Seine-et-Oise. Pendant le conflit, la famille se réfugie à Congéniès dans la maison familiale. Une nouvelle usine est mise en place dans cette localité et un laboratoire à Nîmes. Jean est célibataire et étudiant puis employé de bureau. Avec son frère Herbert, il tente de passer en Espagne pour rejoindre la France libre. Ils sont arrêtés au poste de douane du Boulou et reconduits à leur domicile. Ils tentent alors de passer en Suisse, l’entrée leur est refusée. L’usine et le laboratoire permettent de cacher des Juifs et d’imprimer des tracts clandestins. Son père est interpellé et interné au camp du Vernet pendant un an puis il est assigné à résidence à partir de mars 1944 à Montmorency. Réfractaires au Service du travail obligatoire (STO), les deux frères se cachent et rejoignent ensuite le 10 avril 1943 le maquis du Barrel constitué par René Rascalon et Jean Castan avec l’aide du maire de Saumane et propriétaire de cette ferme, Fernand Borgne. Jean est surnommé le « grand Tib » et Herbert « Tib ». A la fin du mois d’avril, alerté qu’une opération de police se prépare, le groupe déménage. Le 15 mai, il s’installe dans la « baraque du Bidil » d’Aire-de-Côte sur la commune de Bassurels, à la limite entre la Lozère et le Gard, près de Saint-André-de-Valborgne.

Le 30 juin, le maquis est en alerte. Il a été averti que des groupes mobiles de réserve (GMR) sont venus en renfort à la gendarmerie du Pompidou pour traquer les maquisards. Le 1er juillet, la menace se précise. A 16 h, la Wehrmacht est à Saumane et se dirige vers Aire-de-Côte. Un ancien maquisard a dénoncé le maquis et il guide les Allemands. A Saumane, le maire, Fernand Borgne, et l’agent de liaison, Eugène Masneuf, sont arrêtés. Henri Bourelly qui aide le maquis est appréhendé à Saint-André-de-Valborgne. Le garde forestier, Emile Berrière, et le maquisard Marcel Adam sont interpellés dans la maison forestière. Le maquis est attaqué vers 21 h alors qu’il se prépare à partir. 67 maquisards sont présents au camp, retardés dans leur fuite par l’orage qui vient de finir au moment de l’arrivée de l’ennemi. Ils sont attaqués par surprise car avec le bruit de l’orage, ils n’ont pas entendu les camions arriver. Le « grand Tib » est le premier à voir l’ennemi et à crier « les Boches ! ». Ils ne peuvent pas riposter puisqu’ils n’ont que quelques vieux fusils et quatre ou cinq revolvers. Dans la panique générale, les soldats allemands tirent sur tout ce qui bouge. Peu de résistants parviennent à prendre la fuite. L’assaut dure 20 à 25 minutes. La répression est sanglante : trois morts (Henri Aguilera, Louis Chamboredon et Jean Cazes), trois disparus (Marcel Loubier, Louis Pongibaud et Gilbert Roche) et une quarantaine de prisonniers dont deux blessés décédés en route et laissés à Saint-Jean-du-Gard (Jean Boissel et Emile Filiol), deux blessés décédés des suites de leurs blessures aux Fumades (Robert Parisot et Jean Canaguier), deux maquisards fusillés ensuite à Paris (Kurt Druckner et Henri Schumacher) et 37 sont déportés et parmi eux, 16 sont morts en déportation et deux autres peu après leur libération.

Herbert réussit à s’enfuir. Jean fait partie des prisonniers, il est blessé quatre fois. Il est soigné pendant 15 jours aux Fumades puis il est hospitalisé à l’hôpital Gaston Doumergue à Nîmes. Même s’il est incomplètement remis de ses blessures, il est envoyé à Compiègne (numéro 18713) où il retrouve ses camarades. Avec 934 personnes, il est déporté le 28 octobre à Buchenwald où il arrive le 30. Dans son convoi, on retrouve 33 autres maquisards d’Aire-de-Côte : Marcel Adam (matricule 31281), André Audemard (matricule 31150†), Germain Berrard (matricule 31059), Charles Besson (matricule 30815), Henri Bourelly (matricule 30585†), Marius Brot (matricule 30586†), André Castellarnau (matricule 30922†), Marcel Cazalet (matricule 31242†), Charles Chapelier (matricule 30618), Albin Croutier (matricule 31019), Jean Delacourt (matricule 31258), André Deleuze (matricule 31275†), Henri Evrard (matricule 31238†), Paul Ferrier (matricule 31159), René Fialon (matricule 31143), Marcel Fistié (matricule 31302†), Denis Galinier (matricule 30989), Louis Gerbier (matricule 30915), Paul Gilbin (matricule 30583†), Jacques Guigon (matricule 30498), Raymond Laget (matricule 31032), Claudius Lavazeur (matricule 30637†), Raymond Louche (matricule 31284†), Eugène Masneuf (matricule 30617), Henri Montjardin (matricule 31260), Joseph Nanni (matricule 30809), René Otge (matricule 31020†), Charles Pialat (matricule 30917), Raymond Prouhèze (matricule 31050), Emile Reynal (matricule 31236†), Albert Servajean (matricule 31018), Lucien Simon (matricule 30624†) et Aimé Souchon (matricule 30914†). D’autres Gardois figurent aussi dans ce convoi comme Bernard Bordu (matricule 30864), Jean Boré (matricule 30830), Paul Gascon (matricule 30611†), Olive Jean (matricule 31245) et Julien Rigal (matricule 30561†). Seuls Fernand Borgne, Emile Berrière et Charles Rogier (arrêté le 2 juillet) transférés à Paris avant le 17 septembre sont déportés ensemble dans un autre convoi. René Rascalon cite un autre maquisard déporté, Michel Balog, mais aucune information n’a été retrouvée.

Jean Bourquin est transféré à Dora vers le mois de décembre. Il est affecté au Kommando de la peinture du tunnel. Il décède dans ce camp le 20 janvier 1944 à l’âge de 21 ans. Il reçoit à titre posthume la croix de guerre et la médaille de la Résistance.

 

Marilyne Andréo

Sources :

1 446 W 5, AD Gard, Dossier de demande de la carte de CVR d’André Audemard.

21 P 429 501, DAVCC Caen, Dossier de déporté de Jean Bourquin.

Dossier Arolsen.

Arbre généalogique sur Genéanet :

https://gw.geneanet.org/davidbourquin?n=bourquin&oc=&p=charles+samuel

René Rascalon, Résistance et Maquis FFI. Aigoual-Cévennes, p.25-42.

Robert Poujol, Aigoual 44, p.29-34.

Thierry Suire, Les protestants dans le Gard face au régime de Vichy, p.191-193.

Aimé Vielzeuf, On les appelait « les bandits », p.15-85.

Biographie d’Herbert Bourquin, Aigoual-Cévennes, Bulletin de liaison des anciens du maquis, octobre 2001, n°26, p.8.

Laurent Pichon, Monique Vézilier, « Bourquin Herbert dit  » Tib  » » in AERI, La Résistance dans le Gard.

Site internet Résistance en Cévennes :  http://www.cevennesresistance.fr/aire-de-cote.html

Photographie issue du CD-ROM de l’AERI ; Archives privées de la famille Bourquin

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.

BOURQUIN Jean

  • 31210 Buchenwald.

  • Né le 19 février 1922 à Paris

  • décédé le 20 janvier 1944 à Dora

Jean Gérard Bourquin nait le 19 février 1922 à Paris dans le 14ème arrondissement. Il est le fils de Charles Samuel, négociant de nationalité suisse, et de Marjorie Harris, anglaise, sans profession. Son père est né à Congéniès (Gard). Ses parents se marient le 9 août 1919 à Saint-Martin dans le comté de Londres. Le couple a au moins quatre autres enfants, Herbert (né en 1920 à Paris), Denise Esther (née en 1925 à Paris), Raymond (né en 1927 à Saint-Cloud) et Daniel Marc (né en 1934 à Montmorency). Jean Bourquin est protestant. Avant la guerre, son père est industriel en peinture à Montmorency à l’époque en Seine-et-Oise. Pendant le conflit, la famille se réfugie à Congéniès dans la maison familiale. Une nouvelle usine est mise en place dans cette localité et un laboratoire à Nîmes. Jean est célibataire et étudiant puis employé de bureau. Avec son frère Herbert, il tente de passer en Espagne pour rejoindre la France libre. Ils sont arrêtés au poste de douane du Boulou et reconduits à leur domicile. Ils tentent alors de passer en Suisse, l’entrée leur est refusée. L’usine et le laboratoire permettent de cacher des Juifs et d’imprimer des tracts clandestins. Son père est interpellé et interné au camp du Vernet pendant un an puis il est assigné à résidence à partir de mars 1944 à Montmorency. Réfractaires au Service du travail obligatoire (STO), les deux frères se cachent et rejoignent ensuite le 10 avril 1943 le maquis du Barrel constitué par René Rascalon et Jean Castan avec l’aide du maire de Saumane et propriétaire de cette ferme, Fernand Borgne. Jean est surnommé le « grand Tib » et Herbert « Tib ». A la fin du mois d’avril, alerté qu’une opération de police se prépare, le groupe déménage. Le 15 mai, il s’installe dans la « baraque du Bidil » d’Aire-de-Côte sur la commune de Bassurels, à la limite entre la Lozère et le Gard, près de Saint-André-de-Valborgne.

Le 30 juin, le maquis est en alerte. Il a été averti que des groupes mobiles de réserve (GMR) sont venus en renfort à la gendarmerie du Pompidou pour traquer les maquisards. Le 1er juillet, la menace se précise. A 16 h, la Wehrmacht est à Saumane et se dirige vers Aire-de-Côte. Un ancien maquisard a dénoncé le maquis et il guide les Allemands. A Saumane, le maire, Fernand Borgne, et l’agent de liaison, Eugène Masneuf, sont arrêtés. Henri Bourelly qui aide le maquis est appréhendé à Saint-André-de-Valborgne. Le garde forestier, Emile Berrière, et le maquisard Marcel Adam sont interpellés dans la maison forestière. Le maquis est attaqué vers 21 h alors qu’il se prépare à partir. 67 maquisards sont présents au camp, retardés dans leur fuite par l’orage qui vient de finir au moment de l’arrivée de l’ennemi. Ils sont attaqués par surprise car avec le bruit de l’orage, ils n’ont pas entendu les camions arriver. Le « grand Tib » est le premier à voir l’ennemi et à crier « les Boches ! ». Ils ne peuvent pas riposter puisqu’ils n’ont que quelques vieux fusils et quatre ou cinq revolvers. Dans la panique générale, les soldats allemands tirent sur tout ce qui bouge. Peu de résistants parviennent à prendre la fuite. L’assaut dure 20 à 25 minutes. La répression est sanglante : trois morts (Henri Aguilera, Louis Chamboredon et Jean Cazes), trois disparus (Marcel Loubier, Louis Pongibaud et Gilbert Roche) et une quarantaine de prisonniers dont deux blessés décédés en route et laissés à Saint-Jean-du-Gard (Jean Boissel et Emile Filiol), deux blessés décédés des suites de leurs blessures aux Fumades (Robert Parisot et Jean Canaguier), deux maquisards fusillés ensuite à Paris (Kurt Druckner et Henri Schumacher) et 37 sont déportés et parmi eux, 16 sont morts en déportation et deux autres peu après leur libération.

Herbert réussit à s’enfuir. Jean fait partie des prisonniers, il est blessé quatre fois. Il est soigné pendant 15 jours aux Fumades puis il est hospitalisé à l’hôpital Gaston Doumergue à Nîmes. Même s’il est incomplètement remis de ses blessures, il est envoyé à Compiègne (numéro 18713) où il retrouve ses camarades. Avec 934 personnes, il est déporté le 28 octobre à Buchenwald où il arrive le 30. Dans son convoi, on retrouve 33 autres maquisards d’Aire-de-Côte : Marcel Adam (matricule 31281), André Audemard (matricule 31150†), Germain Berrard (matricule 31059), Charles Besson (matricule 30815), Henri Bourelly (matricule 30585†), Marius Brot (matricule 30586†), André Castellarnau (matricule 30922†), Marcel Cazalet (matricule 31242†), Charles Chapelier (matricule 30618), Albin Croutier (matricule 31019), Jean Delacourt (matricule 31258), André Deleuze (matricule 31275†), Henri Evrard (matricule 31238†), Paul Ferrier (matricule 31159), René Fialon (matricule 31143), Marcel Fistié (matricule 31302†), Denis Galinier (matricule 30989), Louis Gerbier (matricule 30915), Paul Gilbin (matricule 30583†), Jacques Guigon (matricule 30498), Raymond Laget (matricule 31032), Claudius Lavazeur (matricule 30637†), Raymond Louche (matricule 31284†), Eugène Masneuf (matricule 30617), Henri Montjardin (matricule 31260), Joseph Nanni (matricule 30809), René Otge (matricule 31020†), Charles Pialat (matricule 30917), Raymond Prouhèze (matricule 31050), Emile Reynal (matricule 31236†), Albert Servajean (matricule 31018), Lucien Simon (matricule 30624†) et Aimé Souchon (matricule 30914†). D’autres Gardois figurent aussi dans ce convoi comme Bernard Bordu (matricule 30864), Jean Boré (matricule 30830), Paul Gascon (matricule 30611†), Olive Jean (matricule 31245) et Julien Rigal (matricule 30561†). Seuls Fernand Borgne, Emile Berrière et Charles Rogier (arrêté le 2 juillet) transférés à Paris avant le 17 septembre sont déportés ensemble dans un autre convoi. René Rascalon cite un autre maquisard déporté, Michel Balog, mais aucune information n’a été retrouvée.

Jean Bourquin est transféré à Dora vers le mois de décembre. Il est affecté au Kommando de la peinture du tunnel. Il décède dans ce camp le 20 janvier 1944 à l’âge de 21 ans. Il reçoit à titre posthume la croix de guerre et la médaille de la Résistance.

 

Marilyne Andréo

Sources :

1 446 W 5, AD Gard, Dossier de demande de la carte de CVR d’André Audemard.

21 P 429 501, DAVCC Caen, Dossier de déporté de Jean Bourquin.

Dossier Arolsen.

Arbre généalogique sur Genéanet :

https://gw.geneanet.org/davidbourquin?n=bourquin&oc=&p=charles+samuel

René Rascalon, Résistance et Maquis FFI. Aigoual-Cévennes, p.25-42.

Robert Poujol, Aigoual 44, p.29-34.

Thierry Suire, Les protestants dans le Gard face au régime de Vichy, p.191-193.

Aimé Vielzeuf, On les appelait « les bandits », p.15-85.

Biographie d’Herbert Bourquin, Aigoual-Cévennes, Bulletin de liaison des anciens du maquis, octobre 2001, n°26, p.8.

Laurent Pichon, Monique Vézilier, « Bourquin Herbert dit  » Tib  » » in AERI, La Résistance dans le Gard.

Site internet Résistance en Cévennes :  http://www.cevennesresistance.fr/aire-de-cote.html

Photographie issue du CD-ROM de l’AERI ; Archives privées de la famille Bourquin

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.