RECHERCHEZ
À sa naissance, ses parents, Salomon David Blaufuchs et Hennia, née Ichzelle, originaires de Pologne, sont tous deux âgés de trente-quatre ans. Il a un frère aîné, Ignace, né le 1er février 1900 dont il apprendra plus tard qu’il a disparu, soit en Mer du Nord, soit en déportation, et un plus jeune frère, Élie, né le 10 janvier 1910 dont des témoignages lui rapporteront la mort à Auschwitz, en septembre 1944.
Le père d’Alfred est fourreur, sa mère est sans profession. Au début des années 1920, ils tiennent un magasin de fourrure au 15 rue du Temple dans le 4ème arrondissement, celui-ci est déclaré en faillite le 23 janvier 1921.
Alfred est jockey. C’est à Nîmes où il vit maritalement dès la fin des années 30, que se trouve son domicile principal, au 7 rue École Vieille. Poursuivi pour escroquerie, paris clandestins et usurpation d’identité, il est arrêté dans un hôtel parisien du 7ème arrondissement et condamné en avril 1944 par la 12ème Chambre Correctionnelle de la Seine à six mois d’emprisonnement. On l’incarcère à la Santé, puis, sans être relaxé, il est interné pour motifs raciaux à Drancy le 11 mai 1944, d’où il est déporté le 15 mai 1944 en direction de Kaunas par le convoi 73, appelé depuis « Le Train des Oubliés ».
Quand il retracera son parcours, Alfred précisera qu’il fera partie des 300 déportés sur les 700 hommes, choisis parce que valides, qui, partis de Drancy n’iront pas à Kaunas, mais plus au nord, à Reval en Estonie. C’est un fait unique dans l’histoire de la Shoah que cette destination des pays Baltes. Alfred a cru, comme tous ceux du Convoi 73, à ce qu’il qualifiera plus tard de « gros mensonge », à savoir que les déportés de ce convoi participeraient à la construction d’ouvrages pour l’Organisation Todt – entreprise de travaux de masse sur tous les territoires occupés – et seraient donc mieux traités. Or, à la prison Patarel de Reval (Tallinn), les conditions sont effroyables. Beaucoup de prisonniers sont envoyés par petits groupes dans d’autres camps, Alfred fera partie de la trentaine de déportés restants, évacuée vers le Struthof (Alsace annexée), puis à Neuengamme où il reçoit le matricule 59847. Sa déportation se termine à Sandbostel, devenu le mouroir de Neuengamme, libéré en avril 1945 par les Anglais. Début juin 1945, il est rapatrié en avion, de Brême à Paris (au Lutetia) où il donne l’adresse de Nîmes comme lieu de retour. Sa fiche médicale datée du 8 juin 1945 à Paris note un amaigrissement de 10kgs, un abcès à la main gauche et des caries.
Le 28 mars 1953, il épouse à Paris, Juliette Maurice Angèle de Meyere, de nationalité belge qui décèdera à Nice en 2013. Entre son retour des camps et son mariage, sa vie est émaillée de périodes où il est poursuivi pour défaut de paiement, escroqueries, abus de confiance, il est ainsi emprisonné à Valenciennes, Angers, Versailles, Rouen ; en tout, quatre années d’incarcération. En 1951, détenu à la Maison d’Arrêt de Digne, il s’adresse au Procureur pour récupérer des pièces de son dossier de déporté afin de bénéficier de la loi d’amnistie relative à un délit datant de 1946 ; en 1953, il n’hésite pas à emprunter une bonne somme, garantissant à son créancier de pouvoir la rembourser sur ce que devrait lui valoir son titre de déporté. Mais sa demande pour obtenir ce titre, rejetée en 1954, l’est encore en 1957, car « il résulte de l’examen des pièces versées que le requérant n’a pas été déporté pour une cause autre qu’une infraction de droit commun ». Ce sera seulement en mai 1970, une fois que la Commission nationale sera revenue sur le jugement précédent et aura invoqué le motif racial de sa déportation, qu’Alfred recevra à Toulouse sa carte de Déporté, n° 1.1.01.33445. Elle lui notifie les dates d’internement allant du 9 mai (date d’expiration de sa peine de prison) au 14 mai 1944 et les dates de déportation du 15 mai 1944 au 7 juin 1945. Sa carte de DP lui arrive en 1970 à Toulouse, où il est domicilié, 26 Bd de Strasbourg.
Son nom figure sur le mur du Mémorial de la Shoah : Dalle 5, Colonne 2, Rangée 2
Marie Balta
Sources :
Dossier Caen : 21P710902.
Mémorial de la Shoah
État Civil, mairie du 4ème arrondissement, Paris. Acte de naissance.
« Nous sommes 900 français » témoignages rassemblés par Eve-Line Blum-Cherchevsky
RECHERCHEZ
À sa naissance, ses parents, Salomon David Blaufuchs et Hennia, née Ichzelle, originaires de Pologne, sont tous deux âgés de trente-quatre ans. Il a un frère aîné, Ignace, né le 1er février 1900 dont il apprendra plus tard qu’il a disparu, soit en Mer du Nord, soit en déportation, et un plus jeune frère, Élie, né le 10 janvier 1910 dont des témoignages lui rapporteront la mort à Auschwitz, en septembre 1944.
Le père d’Alfred est fourreur, sa mère est sans profession. Au début des années 1920, ils tiennent un magasin de fourrure au 15 rue du Temple dans le 4ème arrondissement, celui-ci est déclaré en faillite le 23 janvier 1921.
Alfred est jockey. C’est à Nîmes où il vit maritalement dès la fin des années 30, que se trouve son domicile principal, au 7 rue École Vieille. Poursuivi pour escroquerie, paris clandestins et usurpation d’identité, il est arrêté dans un hôtel parisien du 7ème arrondissement et condamné en avril 1944 par la 12ème Chambre Correctionnelle de la Seine à six mois d’emprisonnement. On l’incarcère à la Santé, puis, sans être relaxé, il est interné pour motifs raciaux à Drancy le 11 mai 1944, d’où il est déporté le 15 mai 1944 en direction de Kaunas par le convoi 73, appelé depuis « Le Train des Oubliés ».
Quand il retracera son parcours, Alfred précisera qu’il fera partie des 300 déportés sur les 700 hommes, choisis parce que valides, qui, partis de Drancy n’iront pas à Kaunas, mais plus au nord, à Reval en Estonie. C’est un fait unique dans l’histoire de la Shoah que cette destination des pays Baltes. Alfred a cru, comme tous ceux du Convoi 73, à ce qu’il qualifiera plus tard de « gros mensonge », à savoir que les déportés de ce convoi participeraient à la construction d’ouvrages pour l’Organisation Todt – entreprise de travaux de masse sur tous les territoires occupés – et seraient donc mieux traités. Or, à la prison Patarel de Reval (Tallinn), les conditions sont effroyables. Beaucoup de prisonniers sont envoyés par petits groupes dans d’autres camps, Alfred fera partie de la trentaine de déportés restants, évacuée vers le Struthof (Alsace annexée), puis à Neuengamme où il reçoit le matricule 59847. Sa déportation se termine à Sandbostel, devenu le mouroir de Neuengamme, libéré en avril 1945 par les Anglais. Début juin 1945, il est rapatrié en avion, de Brême à Paris (au Lutetia) où il donne l’adresse de Nîmes comme lieu de retour. Sa fiche médicale datée du 8 juin 1945 à Paris note un amaigrissement de 10kgs, un abcès à la main gauche et des caries.
Le 28 mars 1953, il épouse à Paris, Juliette Maurice Angèle de Meyere, de nationalité belge qui décèdera à Nice en 2013. Entre son retour des camps et son mariage, sa vie est émaillée de périodes où il est poursuivi pour défaut de paiement, escroqueries, abus de confiance, il est ainsi emprisonné à Valenciennes, Angers, Versailles, Rouen ; en tout, quatre années d’incarcération. En 1951, détenu à la Maison d’Arrêt de Digne, il s’adresse au Procureur pour récupérer des pièces de son dossier de déporté afin de bénéficier de la loi d’amnistie relative à un délit datant de 1946 ; en 1953, il n’hésite pas à emprunter une bonne somme, garantissant à son créancier de pouvoir la rembourser sur ce que devrait lui valoir son titre de déporté. Mais sa demande pour obtenir ce titre, rejetée en 1954, l’est encore en 1957, car « il résulte de l’examen des pièces versées que le requérant n’a pas été déporté pour une cause autre qu’une infraction de droit commun ». Ce sera seulement en mai 1970, une fois que la Commission nationale sera revenue sur le jugement précédent et aura invoqué le motif racial de sa déportation, qu’Alfred recevra à Toulouse sa carte de Déporté, n° 1.1.01.33445. Elle lui notifie les dates d’internement allant du 9 mai (date d’expiration de sa peine de prison) au 14 mai 1944 et les dates de déportation du 15 mai 1944 au 7 juin 1945. Sa carte de DP lui arrive en 1970 à Toulouse, où il est domicilié, 26 Bd de Strasbourg.
Son nom figure sur le mur du Mémorial de la Shoah : Dalle 5, Colonne 2, Rangée 2
Marie Balta
Sources :
Dossier Caen : 21P710902.
Mémorial de la Shoah
État Civil, mairie du 4ème arrondissement, Paris. Acte de naissance.
« Nous sommes 900 français » témoignages rassemblés par Eve-Line Blum-Cherchevsky