RECHERCHEZ
Franciszka Stelmach dite Françoise est née le 18 août 1919 à Przemyśl en Pologne dans une famille d’origine ukrainienne. Elle est la fille unique de Jean Stelmach et de Catherine Sanek. Elle est baptisée dans sa ville natale, quelques jours après sa naissance le 24 août 1919, elle est de religion catholique. La famille arrive en France le 21 juillet 1924. Elle s’installe aux Chapelles en Savoie puis au Martinet dans le Gard à partir du 27 octobre 1925. Jean Stelmach y est ouvrier mineur. Françoise Stelmach est scolarisée à l’école primaire du Martinet du 7 décembre 1927 jusqu’au 13 février 1933. Elle travaille ensuite dans des filatures aux Mages puis à Saint-Jean-du-Gard. Elle se marie le 9 octobre 1937 au Martinet avec Dominique Bilski, mineur de fond. Elle est de nationalité polonaise. Pendant la guerre, elle habite toujours dans cette commune gardoise où elle s’occupe de ses deux enfants. Elle rejoint le 19 décembre 1943 les rangs de la Résistance au sein du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France. Elle diffuse des tracts appelant la population à résister à l’occupant et les ouvriers mineurs à ne pas travailler pour l’ennemi. Elle est également agent de liaison. Elle est arrêtée au Martinet lors d’une distribution de tracts avec Charles Mazaudier (matricule 75387 à Buchenwald) dans la nuit du 11 au 12 mars 1944 par les gendarmes de la brigade de la commune. Elle est écrouée à la prison d’Alès jusqu’au 27 mars pour « activité subversive, terroriste, communiste et anarchiste » puis à la maison centrale de Nîmes à partir du 1er avril. Elle est condamnée par la Section spéciale de la Cour d’Appel de Nîmes le 14 avril à trois ans de prison pour activité communiste alors que Charles Mazaudier est relaxé. Par un arrêté du préfet du Gard du 30 mars, elle aurait dû être envoyée au centre de séjour surveillé de Brens qui est un camp d’internement pour femmes (juives, tsiganes, étrangères indésirables, communistes, détenues de droit commun, prostituées, etc.) près de Gaillac dans le Tarn, en fonction du 8 février 1942 au 4 juin 1944 et dont plusieurs internées sont déportées à Auschwitz. Finalement, à la suite de sa condamnation, elle est transférée le 29 avril à la prison de Montluc à Lyon. Elle est remise aux autorités allemandes le 1er juillet. Depuis Paris, elle est déportée le 11 juillet via le camp de Neue Bremm dans un convoi comprenant 68 femmes. Ce camp se trouve à Sarrebruck à la frontière actuelle entre l’Allemagne et la France. Ce camp, fondé en février 1943, est tenu par la Gestapo de Sarrebruck et il est destiné à mettre au pas les prisonniers avant de les envoyer dans les camps de concentration. Par sa discipline très sévère, il donne un avant-goût des conditions de vie et des sévices que les prisonniers vont y subir comme les travaux forcés, le manque d’hygiène et les tortures. Françoise Bilski arrive au camp de Ravensbrück le 26 juillet. Elle fait partie des 600 prisonnières libérées entre le 23 et le 25 avril par la Croix-Rouge suédoise et arrivées le 26 avril à Malmö en Suède. Elle séjourne plusieurs semaines dans ce pays au centre de Ryd où elle est soignée malgré l’impatience de rentrer chez elle. Elle est rapatriée par voie aérienne le 26 juin. Son avion avec à son bord quinze à vingt femmes décolle de Malmö et atterrit à l’aéroport du Bourget puis elle transite au Lutetia avant de retourner chez elle. Entre temps, sa condamnation est révisée par la Cour d’Appel de Nîmes le 20 avril 1945. Après la guerre, elle a trois autres enfants. Elle continue de militer au sein du parti communiste. Elle est décédée à Alès le 3 février 2002 à l’âge de 82 ans.
Marilyne Andréo
Sources :
20 W 74, AD Gard, Dossier de demande de naturalisation de Stelmach Jean.
5 W 166, AD Bouches-du-Rhône, Dossier d’internée de Bilski Françoise.
1 286 W 7, AD Gard, Registre d’écrou de la maison d’arrêt d’Alès du 8 septembre 1943 au 31 juillet 1946, écrou n°3 536.
1 286 W 81, AD Gard, Registre d’écrou de la maison d’arrêt de Nîmes du 27 juillet 1943 au 16 mai 1944, écrou n°2 572.
3 U 7 476, AD Gard, Section spéciale, Tribunal spécial 1943-1944. Jugement n°26.
3 335 W18, AD Rhône, Personnes internées dans la prison de Montluc de Lyon (1939-1945).
3 335 W23, AD Rhône, Personnes internées dans la prison de Montluc de Lyon (1939-1945).
DAVCC Caen, Dossier de déportée de Bilski née Stelmak Françoise.
21 P 595 078, DAVCC Caen, Dossier de déporté de Mazaudier Charles Louis.
Laurent Pichon, Fabrice Sugier, « Bilski Françoise (1919-2002) » in AERI, La Résistance dans le Gard.
Site internet de l’Association Camp de Brens.
Jacques Walter, « La mémoire sens dessus dessous d’un camp de la Gestapo. Du Novotel de la Neue Bremm à l’Hotel der Erinnerung » in Communication et langages, n°149, 2006. Témoigner : mises en scène, mises en texte, pp.77-96.
« La Suède accueille des déportés de Ravensbrück » sur le site internet Lutetia, 1945, Le retour des déportés. Une exposition de la Délégation de Paris des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.
Photographie extraite de son dossier de Caen
RECHERCHEZ
Franciszka Stelmach dite Françoise est née le 18 août 1919 à Przemyśl en Pologne dans une famille d’origine ukrainienne. Elle est la fille unique de Jean Stelmach et de Catherine Sanek. Elle est baptisée dans sa ville natale, quelques jours après sa naissance le 24 août 1919, elle est de religion catholique. La famille arrive en France le 21 juillet 1924. Elle s’installe aux Chapelles en Savoie puis au Martinet dans le Gard à partir du 27 octobre 1925. Jean Stelmach y est ouvrier mineur. Françoise Stelmach est scolarisée à l’école primaire du Martinet du 7 décembre 1927 jusqu’au 13 février 1933. Elle travaille ensuite dans des filatures aux Mages puis à Saint-Jean-du-Gard. Elle se marie le 9 octobre 1937 au Martinet avec Dominique Bilski, mineur de fond. Elle est de nationalité polonaise. Pendant la guerre, elle habite toujours dans cette commune gardoise où elle s’occupe de ses deux enfants. Elle rejoint le 19 décembre 1943 les rangs de la Résistance au sein du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France. Elle diffuse des tracts appelant la population à résister à l’occupant et les ouvriers mineurs à ne pas travailler pour l’ennemi. Elle est également agent de liaison. Elle est arrêtée au Martinet lors d’une distribution de tracts avec Charles Mazaudier (matricule 75387 à Buchenwald) dans la nuit du 11 au 12 mars 1944 par les gendarmes de la brigade de la commune. Elle est écrouée à la prison d’Alès jusqu’au 27 mars pour « activité subversive, terroriste, communiste et anarchiste » puis à la maison centrale de Nîmes à partir du 1er avril. Elle est condamnée par la Section spéciale de la Cour d’Appel de Nîmes le 14 avril à trois ans de prison pour activité communiste alors que Charles Mazaudier est relaxé. Par un arrêté du préfet du Gard du 30 mars, elle aurait dû être envoyée au centre de séjour surveillé de Brens qui est un camp d’internement pour femmes (juives, tsiganes, étrangères indésirables, communistes, détenues de droit commun, prostituées, etc.) près de Gaillac dans le Tarn, en fonction du 8 février 1942 au 4 juin 1944 et dont plusieurs internées sont déportées à Auschwitz. Finalement, à la suite de sa condamnation, elle est transférée le 29 avril à la prison de Montluc à Lyon. Elle est remise aux autorités allemandes le 1er juillet. Depuis Paris, elle est déportée le 11 juillet via le camp de Neue Bremm dans un convoi comprenant 68 femmes. Ce camp se trouve à Sarrebruck à la frontière actuelle entre l’Allemagne et la France. Ce camp, fondé en février 1943, est tenu par la Gestapo de Sarrebruck et il est destiné à mettre au pas les prisonniers avant de les envoyer dans les camps de concentration. Par sa discipline très sévère, il donne un avant-goût des conditions de vie et des sévices que les prisonniers vont y subir comme les travaux forcés, le manque d’hygiène et les tortures. Françoise Bilski arrive au camp de Ravensbrück le 26 juillet. Elle fait partie des 600 prisonnières libérées entre le 23 et le 25 avril par la Croix-Rouge suédoise et arrivées le 26 avril à Malmö en Suède. Elle séjourne plusieurs semaines dans ce pays au centre de Ryd où elle est soignée malgré l’impatience de rentrer chez elle. Elle est rapatriée par voie aérienne le 26 juin. Son avion avec à son bord quinze à vingt femmes décolle de Malmö et atterrit à l’aéroport du Bourget puis elle transite au Lutetia avant de retourner chez elle. Entre temps, sa condamnation est révisée par la Cour d’Appel de Nîmes le 20 avril 1945. Après la guerre, elle a trois autres enfants. Elle continue de militer au sein du parti communiste. Elle est décédée à Alès le 3 février 2002 à l’âge de 82 ans.
Marilyne Andréo
Sources :
20 W 74, AD Gard, Dossier de demande de naturalisation de Stelmach Jean.
5 W 166, AD Bouches-du-Rhône, Dossier d’internée de Bilski Françoise.
1 286 W 7, AD Gard, Registre d’écrou de la maison d’arrêt d’Alès du 8 septembre 1943 au 31 juillet 1946, écrou n°3 536.
1 286 W 81, AD Gard, Registre d’écrou de la maison d’arrêt de Nîmes du 27 juillet 1943 au 16 mai 1944, écrou n°2 572.
3 U 7 476, AD Gard, Section spéciale, Tribunal spécial 1943-1944. Jugement n°26.
3 335 W18, AD Rhône, Personnes internées dans la prison de Montluc de Lyon (1939-1945).
3 335 W23, AD Rhône, Personnes internées dans la prison de Montluc de Lyon (1939-1945).
DAVCC Caen, Dossier de déportée de Bilski née Stelmak Françoise.
21 P 595 078, DAVCC Caen, Dossier de déporté de Mazaudier Charles Louis.
Laurent Pichon, Fabrice Sugier, « Bilski Françoise (1919-2002) » in AERI, La Résistance dans le Gard.
Site internet de l’Association Camp de Brens.
Jacques Walter, « La mémoire sens dessus dessous d’un camp de la Gestapo. Du Novotel de la Neue Bremm à l’Hotel der Erinnerung » in Communication et langages, n°149, 2006. Témoigner : mises en scène, mises en texte, pp.77-96.
« La Suède accueille des déportés de Ravensbrück » sur le site internet Lutetia, 1945, Le retour des déportés. Une exposition de la Délégation de Paris des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.
Photographie extraite de son dossier de Caen