BERTRAND Maurice

  • 73093 Dachau

  • Né le 20 juin 1909 à St-Hippolyte-du-Fort

  • Décédé à Ganges (Hérault) le 25 octobre 2000

Maurice Jean Bertrand est le fils de Justin Bertrand, cordonnier et de Sophie Deshons. Facteur aux Postes Télégraphes Téléphones, il milite au parti communiste. À partir de novembre 1940, il participe à la mise en place du réseau « Pat’O’Leary », dirigé par un médecin belge Albert Guérisse, dont l’objectif est de faire évader les prisonniers britanniques internés dans le camp W, situé dans l’ancienne école militaire de Saint-Hippolyte-du-Fort. Fin février1941, lorsque le réseau est opérationnel, Maurice Bertrand cache et héberge gratuitement des fugitifs en attendant de leur procurer les moyens de rejoindre les forces alliées, en passant par les Pyrénées.

Dès le 1 juillet 1941, il adhère au Front national de lutte pour l’indépendance de la France et diffuse des tracts à Saint-Hippolyte du Fort. Le 21 septembre 1941, dénoncé, il y est arrêté par le commandant de gendarmerie du Vigan. La perquisition de son logement, effectuée par la brigade de gendarmerie locale, permet de découvrir journaux et tracts communistes. Écroué à Nîmes, il est jugé le 23 octobre 1941 par la section spéciale du Tribunal militaire permanent de la 15èmedivision militaire de Marseille ; reconnu coupable d’activité communiste, il est condamné à 10 ans de travaux forcés, à la dégradation civique et 20 ans d’interdiction de séjour.
Le 5 décembre 1941, il est interné à la prison St Roch de Toulon. Le 20 octobre 1943, il est emprisonné à la Centrale d’Eysses (Lot et Garonne), où son n° d’écrou est le 2316. Il participe aux mutineries du 19 et 20 février 1944. Le 30 mai, 1121 détenus dont Maurice Bertrand sont remis aux autorités allemandes par l’État Français de Vichy, en application de la loi du 5 juin 1943, pour menées dites terroristes, anarchistes et subversives. Du 3 au 18 juin, il est interné dans le camp de transit de Compiègne-Royallieu. C’est donc 32 mois de détention éprouvante dans les prisons françaises qu’il a subis, lorsqu’il est déporté par le convoi I.229 qui le conduit à Dachau où il arrive le 20 juin 1944. En sa qualité de musicien, il joue dans l’orchestre du camp, une aide à la survie pour lui. Il sera libéré le 29 avril 1945, et le 11 mai, Edmond Michelet lui remet un laisser-passer pour récupérer des instruments de musique afin d’exécuter la Marseillaise, lors de la cérémonie célébrant la libération du camp par l’armée américaine. Il est rapatrié le 25 mai 1945
« Atroce calvaire qu’il est humainement impossible de faire admettre à ceux qui ont eu la chance de ne pas y aller » selon le récit que Maurice Bertrand en a fait en 1953[1].
Il retrouve son poste de facteur aux PTT. En 1951, il épouse Marie Pratlong ; après deux décès de bébés prématurés, naissent Jean-Jacques en 1956 et Christiane en 1961. Actif dans la cellule du PCF de Saint-Hippolyte-du-Fort, il est toujours disponible auprès des Cigalois pour les aider dans leurs démarches administratives. Adhérant à la FNDIRP, il participe à toutes les manifestations mémorielles de sa ville qui l’a honoré en donnant son nom à une rue de Saint-Hippolyte-du-Fort. Maurice Bertrand est décédé à Ganges le 25 octobre 2000.

Monique Vézilier

Sources

21P 710 451 DAVCC Caen – dossier de déporté de Maurice Bertrand
F.Sugier, « Bertrand Maurice » in AERI, La Résistance dans le Gard
AD Gard, 1W270 : camps d’internement pour les étrangers
Attestation du docteur Albert Guérisse alias Patrick O’Leary ancien chef du réseau d’évasion Pat
Archives Arolsen : dossier 9981013

Dictionnaire en ligne des résistants de la centrale d’Eysses : https://www.resistants-eysses.fr/biographie/bertrand-maurice-jean


[1]Témoignage de son fils, Jean-Jacques Bertrand, février 2022

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.

BERTRAND Maurice

  • 73093 Dachau

  • Né le 20 juin 1909 à St-Hippolyte-du-Fort

  • Décédé à Ganges (Hérault) le 25 octobre 2000

Maurice Jean Bertrand est le fils de Justin Bertrand, cordonnier et de Sophie Deshons. Facteur aux Postes Télégraphes Téléphones, il milite au parti communiste. À partir de novembre 1940, il participe à la mise en place du réseau « Pat’O’Leary », dirigé par un médecin belge Albert Guérisse, dont l’objectif est de faire évader les prisonniers britanniques internés dans le camp W, situé dans l’ancienne école militaire de Saint-Hippolyte-du-Fort. Fin février1941, lorsque le réseau est opérationnel, Maurice Bertrand cache et héberge gratuitement des fugitifs en attendant de leur procurer les moyens de rejoindre les forces alliées, en passant par les Pyrénées.

Dès le 1 juillet 1941, il adhère au Front national de lutte pour l’indépendance de la France et diffuse des tracts à Saint-Hippolyte du Fort. Le 21 septembre 1941, dénoncé, il y est arrêté par le commandant de gendarmerie du Vigan. La perquisition de son logement, effectuée par la brigade de gendarmerie locale, permet de découvrir journaux et tracts communistes. Écroué à Nîmes, il est jugé le 23 octobre 1941 par la section spéciale du Tribunal militaire permanent de la 15èmedivision militaire de Marseille ; reconnu coupable d’activité communiste, il est condamné à 10 ans de travaux forcés, à la dégradation civique et 20 ans d’interdiction de séjour.
Le 5 décembre 1941, il est interné à la prison St Roch de Toulon. Le 20 octobre 1943, il est emprisonné à la Centrale d’Eysses (Lot et Garonne), où son n° d’écrou est le 2316. Il participe aux mutineries du 19 et 20 février 1944. Le 30 mai, 1121 détenus dont Maurice Bertrand sont remis aux autorités allemandes par l’État Français de Vichy, en application de la loi du 5 juin 1943, pour menées dites terroristes, anarchistes et subversives. Du 3 au 18 juin, il est interné dans le camp de transit de Compiègne-Royallieu. C’est donc 32 mois de détention éprouvante dans les prisons françaises qu’il a subis, lorsqu’il est déporté par le convoi I.229 qui le conduit à Dachau où il arrive le 20 juin 1944. En sa qualité de musicien, il joue dans l’orchestre du camp, une aide à la survie pour lui. Il sera libéré le 29 avril 1945, et le 11 mai, Edmond Michelet lui remet un laisser-passer pour récupérer des instruments de musique afin d’exécuter la Marseillaise, lors de la cérémonie célébrant la libération du camp par l’armée américaine. Il est rapatrié le 25 mai 1945
« Atroce calvaire qu’il est humainement impossible de faire admettre à ceux qui ont eu la chance de ne pas y aller » selon le récit que Maurice Bertrand en a fait en 1953[1].
Il retrouve son poste de facteur aux PTT. En 1951, il épouse Marie Pratlong ; après deux décès de bébés prématurés, naissent Jean-Jacques en 1956 et Christiane en 1961. Actif dans la cellule du PCF de Saint-Hippolyte-du-Fort, il est toujours disponible auprès des Cigalois pour les aider dans leurs démarches administratives. Adhérant à la FNDIRP, il participe à toutes les manifestations mémorielles de sa ville qui l’a honoré en donnant son nom à une rue de Saint-Hippolyte-du-Fort. Maurice Bertrand est décédé à Ganges le 25 octobre 2000.

Monique Vézilier

Sources

21P 710 451 DAVCC Caen – dossier de déporté de Maurice Bertrand
F.Sugier, « Bertrand Maurice » in AERI, La Résistance dans le Gard
AD Gard, 1W270 : camps d’internement pour les étrangers
Attestation du docteur Albert Guérisse alias Patrick O’Leary ancien chef du réseau d’évasion Pat
Archives Arolsen : dossier 9981013

Dictionnaire en ligne des résistants de la centrale d’Eysses : https://www.resistants-eysses.fr/biographie/bertrand-maurice-jean


[1]Témoignage de son fils, Jean-Jacques Bertrand, février 2022

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