RECHERCHEZ
Eugène est le fils aîné d’une famille juive allemande établie en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Son père : Max Salomon Auerbach, négociant en farines et alimentation animale, est né à Dortmund en 1866 et sa mère, Paula Gordon, en 1877 à Elberfeld (aujourd’hui Wuppertal). Ses parents se marient à Elberfeld en octobre 1897 et ont rapidement Eugène, le 5 août 1898. Deux frères suivent : Rudolf en 1900 et Alfred en 1916.
Après des études secondaires au « Real Gymnasium » d’Elberfeld, Eugène s’engage volontairement pour défendre son pays durant la première guerre mondiale. Il en revient décoré de la croix de fer (2ème classe). En 1919, l’année où son père meurt de la grippe espagnole, il part à Munich étudier la musique à l’université. Il suit notamment les cours du flûtiste et compositeur Alfred Lorentz. Puis, à partir de 1923, il se forme à la composition. En 1927, installé au 43 Arcisstrasse à Munich, il s’établit comme pianiste, compositeur, puis également professeur de théorie musicale.
Engagé contre la montée du nazisme, il collabore avec la troupe de cabaret « Die Pffermühle »[1] pour laquelle il met en musique des textes très politiques. En 1933, après l’accession d’Hitler au pouvoir, il se réfugie en France. Installé à Paris, il continue son œuvre, travaillant par exemple avec le poète autrichien Karl Kraus qu’il va voir régulièrement à Vienne et pour lequel il crée des mélodies sur ses poèmes.
En 1939, il rejoint la Légion Etrangère, où il devient chef de musique. Démobilisé en 1940 en Afrique du Nord, il est rapatrié en métropole. A son retour, il est assigné à un Groupe de Travailleurs Etrangers. Il semble être d’abord affecté à Beaucaire (Gard) avant d’être envoyé dans un GTE dépendant du village des Mées (Alpes de Haute Provence), à quelques kilomètres de Saint-Auban [2]. Il est alors employé à extraire du lignite dans les mines du département. Avec une douzaine d’autres travailleurs juifs, il est arrêté par la Gestapo dans la nuit du 10 au 11 décembre 1943.
D’abord interné à Nice, il est envoyé à Drancy où il arrive le 14 et reçoit le matricule 10050. Il est déporté vers Auschwitz le 17, par le convoi 63. Il meurt dans le camp le mois suivant, le 6 janvier 1944.
En 1964, une amie allemande qui l’a connu à Paris dans les années 1930, Birgit von Schowingen-Ficker, tente de retrouver ses traces auprès du Service International de Recherche Arolsen, qui n’a cependant aucun document sur son sort.
Gérard Krebs
Sources :
-Archives Arolsen
-Témoignage de son frère Alfred Auberbach, devenu après-guerre Alfred Gordon : https://wiener.soutron.net/Portal/Default/en-GB/RecordView/Index/149147
-Site « Composers classical Music » http://composers-classical-music.com/a/AuerbachEugen.htm
-Site « Bayerisches Musiker Lexicon online » : https://www.bmlo.lmu.de/a0807
-« Les Mées. Les groupes de travailleurs étrangers lors de la 2ème guerre mondiale » par Henri Joannet : https://livre.tourisme-alpes-haute-provence.com/les-mees-les-groupes-de-travailleurs-etrangers-lors-de-la-2eme-guerre-mondiale-de-henri-joannet/
[1] Sur l’histoire de cette troupe militante anti-nazie, voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Die_Pfefferm%C3%BChle
[2] Selon le rapport de l’époque, il n’était pas affecté à Saint-Auban même (aujourd’hui Château-Arnoux Saint-Auban), contrairement à ce que l’on peut lire généralement à son sujet :
« Cette nuit [10 décembre 1943] vers 23 h, un capitaine de la Gestapo, accompagné d’un lieutenant et de trois agents, s’est présenté au cantonnement de Saint-Auban en priant le chef de détachement de réveiller les hommes et de faire l’appel. Après vérification des fiches d’identité, 12 israélites dont les noms suivent ont été arrêtés. (…)
Le capitaine accompagné de l’interprète officier et d’un travailleur étranger ont quitté Saint-Auban pour se rendre aux Mées. Après visite du cantonnement, à minuit, deux travailleurs étrangers furent arrêtés : Auerbach Eugène, Allemand né en 1898, Voronkoff Simon, Russe né en 1890 (…) »
Cité dans « Camps d’internement et déportations des juifs dans les Basses-Alpes, de la guerre aux occupations italienne et allemande (1939-1944) » https://books.openedition.org/pup/6877?lang=fr
RECHERCHEZ
Eugène est le fils aîné d’une famille juive allemande établie en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Son père : Max Salomon Auerbach, négociant en farines et alimentation animale, est né à Dortmund en 1866 et sa mère, Paula Gordon, en 1877 à Elberfeld (aujourd’hui Wuppertal). Ses parents se marient à Elberfeld en octobre 1897 et ont rapidement Eugène, le 5 août 1898. Deux frères suivent : Rudolf en 1900 et Alfred en 1916.
Après des études secondaires au « Real Gymnasium » d’Elberfeld, Eugène s’engage volontairement pour défendre son pays durant la première guerre mondiale. Il en revient décoré de la croix de fer (2ème classe). En 1919, l’année où son père meurt de la grippe espagnole, il part à Munich étudier la musique à l’université. Il suit notamment les cours du flûtiste et compositeur Alfred Lorentz. Puis, à partir de 1923, il se forme à la composition. En 1927, installé au 43 Arcisstrasse à Munich, il s’établit comme pianiste, compositeur, puis également professeur de théorie musicale.
Engagé contre la montée du nazisme, il collabore avec la troupe de cabaret « Die Pffermühle »[1] pour laquelle il met en musique des textes très politiques. En 1933, après l’accession d’Hitler au pouvoir, il se réfugie en France. Installé à Paris, il continue son œuvre, travaillant par exemple avec le poète autrichien Karl Kraus qu’il va voir régulièrement à Vienne et pour lequel il crée des mélodies sur ses poèmes.
En 1939, il rejoint la Légion Etrangère, où il devient chef de musique. Démobilisé en 1940 en Afrique du Nord, il est rapatrié en métropole. A son retour, il est assigné à un Groupe de Travailleurs Etrangers. Il semble être d’abord affecté à Beaucaire (Gard) avant d’être envoyé dans un GTE dépendant du village des Mées (Alpes de Haute Provence), à quelques kilomètres de Saint-Auban [2]. Il est alors employé à extraire du lignite dans les mines du département. Avec une douzaine d’autres travailleurs juifs, il est arrêté par la Gestapo dans la nuit du 10 au 11 décembre 1943.
D’abord interné à Nice, il est envoyé à Drancy où il arrive le 14 et reçoit le matricule 10050. Il est déporté vers Auschwitz le 17, par le convoi 63. Il meurt dans le camp le mois suivant, le 6 janvier 1944.
En 1964, une amie allemande qui l’a connu à Paris dans les années 1930, Birgit von Schowingen-Ficker, tente de retrouver ses traces auprès du Service International de Recherche Arolsen, qui n’a cependant aucun document sur son sort.
Gérard Krebs
Sources :
-Archives Arolsen
-Témoignage de son frère Alfred Auberbach, devenu après-guerre Alfred Gordon : https://wiener.soutron.net/Portal/Default/en-GB/RecordView/Index/149147
-Site « Composers classical Music » http://composers-classical-music.com/a/AuerbachEugen.htm
-Site « Bayerisches Musiker Lexicon online » : https://www.bmlo.lmu.de/a0807
-« Les Mées. Les groupes de travailleurs étrangers lors de la 2ème guerre mondiale » par Henri Joannet : https://livre.tourisme-alpes-haute-provence.com/les-mees-les-groupes-de-travailleurs-etrangers-lors-de-la-2eme-guerre-mondiale-de-henri-joannet/
[1] Sur l’histoire de cette troupe militante anti-nazie, voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Die_Pfefferm%C3%BChle
[2] Selon le rapport de l’époque, il n’était pas affecté à Saint-Auban même (aujourd’hui Château-Arnoux Saint-Auban), contrairement à ce que l’on peut lire généralement à son sujet :
« Cette nuit [10 décembre 1943] vers 23 h, un capitaine de la Gestapo, accompagné d’un lieutenant et de trois agents, s’est présenté au cantonnement de Saint-Auban en priant le chef de détachement de réveiller les hommes et de faire l’appel. Après vérification des fiches d’identité, 12 israélites dont les noms suivent ont été arrêtés. (…)
Le capitaine accompagné de l’interprète officier et d’un travailleur étranger ont quitté Saint-Auban pour se rendre aux Mées. Après visite du cantonnement, à minuit, deux travailleurs étrangers furent arrêtés : Auerbach Eugène, Allemand né en 1898, Voronkoff Simon, Russe né en 1890 (…) »
Cité dans « Camps d’internement et déportations des juifs dans les Basses-Alpes, de la guerre aux occupations italienne et allemande (1939-1944) » https://books.openedition.org/pup/6877?lang=fr