AROKAS Salomon

  • Auschwitz

  • Né le 14 mars 1899 à Salonique

  • Décédé le 7 septembre 1943 à Auschwitz

Salomon naît à Salonique, ville grecque alors ottomane, de Malah Arokas et Hanoula née Viena. Salomon préfère quitter sa ville natale pour éviter d’accomplir un service militaire de sept ans dans l’armée turque, comme le fit son frère aîné Gabriel. Installé en France, Salomon exerce la profession de marchand forain et réside à Avignon rue Ledru Rollin puis 51 rue Carnot, au-dessus de sa bonneterie qui s’intitule « Au Mouton à cinq Pattes ». Il se marie le 26 mai 1925 à Avignon avec Ida Bourla née le 15 mars 1898 à Salonique, sans profession, fille de Sabetail Bourla et de Tamar Cohen son épouse, alors veuve.  Le père du marié est aussi décédé avant cette cérémonie. Salomon et Ida ont trois enfants nés à Avignon : Marthe, Anna le 30 juillet 1920, Maurice, Henri, Joseph le 1er janvier 1923 et Denise, Suzanne, Rebecca le 2 mars 1932. Les enfants sont de nationalité française. Les parents le deviendront par décret paru au journal officiel du 6 mai 1934. Ayant bien réussi en affaires, Salomon achète avant la guerre une villa de villégiature à Villeneuve-lès-Avignon. Comme, avec l’Occupation, la vie devient pour sa famille de plus en plus dangereuse, il juge prudent de déménager de l’autre côté du pont dans leur villa « Le rêve ». Cette précaution ne suffira pas. Salomon et son fils sont, selon certains témoignages, arrêtés le 17 juillet 1943 à Villeneuve-les-Avignon par une bande d’individus – français et allemands – qui rackettait les juifs du Vaucluse et travaillait avec la Gestapo. En 2021, Denise Arokas indiquera que ce sont les « Allemands » qui viennent à la villa « Le rêve » pour arrêter la famille en raison de ses origines. On ne leur connaît aucune activité de résistance. Marthe, la fille aînée, est réfugiée ailleurs avec son époux Elie Angel. Denise étant alitée avec une forte fièvre, La Gestapo accorde deux jours de répit pour que l’enfant se remette et revient la chercher avec sa mère. A la prison de Marseille, Denise ayant rechuté, on la transfère à l’hôpital de la Conception où des amis venus lui rendre visite lui font subrepticement quitter les lieux, avec la complicité de médecins et de membres du personnel. La fillette de 11 ans trouve refuge près d’Orange auprès d’une dame qui avait travaillé chez ses parents.

On reproche également à Salomon l’écoute de radio étrangère et de la propagande anti-allemande. La somme de 61.260 francs lui est réquisitionnée. Il est emprisonné à Marseille (prison Saint Pierre) et interné le 26 août à Drancy (matricule 4363). Il est déporté le 2 septembre à Auschwitz avec son fils Maurice (matricule 4364 à Drancy) par le convoi 59. Ida (matricule 5428 à Drancy) les y suit un mois plus tard, le 7 octobre 1943 par le convoi N° 60. Malade, Salomon passe peut-être par l’infirmerie de Dora en avril 1945 (témoignage d’une rapatriée en juin 1945). Si tel est le cas, Salomon aurait alors fait partie des évacués d’Auschwitz en janvier 1945 et il aurait eu un numéro matricule à Auschwitz puis à Dora.

Cependant, faute de preuves, la date de son décès est fixée administrativement au 7 septembre 1943 par un jugement rendu le 23 février 1949. Maurice, célibataire, est de même considéré comme décédé le 7 septembre et Ida le 12 octobre de la même année. Un document du secrétariat d’Etat chargé des Anciens combattants et Victimes de guerre permet de leur attribuer la mention « Mort en déportation » seulement en 1990.

Leur fille Marthe réside à Avignon avec son mari, rescapé de déportation, au 15 rue du Chapeau Rouge en 1945 puis 51 rue Carnot en 1946. Elle devient par la suite l’épouse de Maurice Frandji, marchand forain, ce qu’indiquent des documents de 1953 et 1954 et réside alors au 12 Boulevard Denis Soulier, toujours dans la même ville.

Étrangement, Gabriel Arokas qui travaillait dans le magasin de son frère Salomon et habitait Avignon ne fut jamais arrêté, ni lui, ni sa famille. Les noms de Salomon, Ida et Maurice figurent sur une plaque commémorative dédiée aux déportés, à la synagogue d’Avignon.

Denise Arokas qui a échappé à la déportation connaîtra un destin extraordinaire en devenant l’infirmière de Matisse puis sa muse et son modèle favori.  Elle s’éteint le 9 février 2021.

Georges Muller

Sources :

– Dossier de Caen 21 P 419 079

D’une petite rafle provençale  (Nelcya Delanoë) – éditions du Seuil 2023

– Site AJPN : http://www.ajpn.org/personne-Denise-Arokas-11471.html

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.

AROKAS Salomon

  • Auschwitz

  • Né le 14 mars 1899 à Salonique

  • Décédé le 7 septembre 1943 à Auschwitz

Salomon naît à Salonique, ville grecque alors ottomane, de Malah Arokas et Hanoula née Viena. Salomon préfère quitter sa ville natale pour éviter d’accomplir un service militaire de sept ans dans l’armée turque, comme le fit son frère aîné Gabriel. Installé en France, Salomon exerce la profession de marchand forain et réside à Avignon rue Ledru Rollin puis 51 rue Carnot, au-dessus de sa bonneterie qui s’intitule « Au Mouton à cinq Pattes ». Il se marie le 26 mai 1925 à Avignon avec Ida Bourla née le 15 mars 1898 à Salonique, sans profession, fille de Sabetail Bourla et de Tamar Cohen son épouse, alors veuve.  Le père du marié est aussi décédé avant cette cérémonie. Salomon et Ida ont trois enfants nés à Avignon : Marthe, Anna le 30 juillet 1920, Maurice, Henri, Joseph le 1er janvier 1923 et Denise, Suzanne, Rebecca le 2 mars 1932. Les enfants sont de nationalité française. Les parents le deviendront par décret paru au journal officiel du 6 mai 1934. Ayant bien réussi en affaires, Salomon achète avant la guerre une villa de villégiature à Villeneuve-lès-Avignon. Comme, avec l’Occupation, la vie devient pour sa famille de plus en plus dangereuse, il juge prudent de déménager de l’autre côté du pont dans leur villa « Le rêve ». Cette précaution ne suffira pas. Salomon et son fils sont, selon certains témoignages, arrêtés le 17 juillet 1943 à Villeneuve-les-Avignon par une bande d’individus – français et allemands – qui rackettait les juifs du Vaucluse et travaillait avec la Gestapo. En 2021, Denise Arokas indiquera que ce sont les « Allemands » qui viennent à la villa « Le rêve » pour arrêter la famille en raison de ses origines. On ne leur connaît aucune activité de résistance. Marthe, la fille aînée, est réfugiée ailleurs avec son époux Elie Angel. Denise étant alitée avec une forte fièvre, La Gestapo accorde deux jours de répit pour que l’enfant se remette et revient la chercher avec sa mère. A la prison de Marseille, Denise ayant rechuté, on la transfère à l’hôpital de la Conception où des amis venus lui rendre visite lui font subrepticement quitter les lieux, avec la complicité de médecins et de membres du personnel. La fillette de 11 ans trouve refuge près d’Orange auprès d’une dame qui avait travaillé chez ses parents.

On reproche également à Salomon l’écoute de radio étrangère et de la propagande anti-allemande. La somme de 61.260 francs lui est réquisitionnée. Il est emprisonné à Marseille (prison Saint Pierre) et interné le 26 août à Drancy (matricule 4363). Il est déporté le 2 septembre à Auschwitz avec son fils Maurice (matricule 4364 à Drancy) par le convoi 59. Ida (matricule 5428 à Drancy) les y suit un mois plus tard, le 7 octobre 1943 par le convoi N° 60. Malade, Salomon passe peut-être par l’infirmerie de Dora en avril 1945 (témoignage d’une rapatriée en juin 1945). Si tel est le cas, Salomon aurait alors fait partie des évacués d’Auschwitz en janvier 1945 et il aurait eu un numéro matricule à Auschwitz puis à Dora.

Cependant, faute de preuves, la date de son décès est fixée administrativement au 7 septembre 1943 par un jugement rendu le 23 février 1949. Maurice, célibataire, est de même considéré comme décédé le 7 septembre et Ida le 12 octobre de la même année. Un document du secrétariat d’Etat chargé des Anciens combattants et Victimes de guerre permet de leur attribuer la mention « Mort en déportation » seulement en 1990.

Leur fille Marthe réside à Avignon avec son mari, rescapé de déportation, au 15 rue du Chapeau Rouge en 1945 puis 51 rue Carnot en 1946. Elle devient par la suite l’épouse de Maurice Frandji, marchand forain, ce qu’indiquent des documents de 1953 et 1954 et réside alors au 12 Boulevard Denis Soulier, toujours dans la même ville.

Étrangement, Gabriel Arokas qui travaillait dans le magasin de son frère Salomon et habitait Avignon ne fut jamais arrêté, ni lui, ni sa famille. Les noms de Salomon, Ida et Maurice figurent sur une plaque commémorative dédiée aux déportés, à la synagogue d’Avignon.

Denise Arokas qui a échappé à la déportation connaîtra un destin extraordinaire en devenant l’infirmière de Matisse puis sa muse et son modèle favori.  Elle s’éteint le 9 février 2021.

Georges Muller

Sources :

– Dossier de Caen 21 P 419 079

D’une petite rafle provençale  (Nelcya Delanoë) – éditions du Seuil 2023

– Site AJPN : http://www.ajpn.org/personne-Denise-Arokas-11471.html

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