ARNSTEIN Hermann

ARNSTEIN Hermann

  • 78555 Auschwitz-Birkenau

  • Camp de Langenbielau

Hermann Arnstein naît à Fürth[1] en Allemagne le 27 décembre 1884 dans une famille juive présentant une « excellente situation de fortune » et qui sera « très estimée à Nuremberg »[2], ville dans laquelle elle s’installe en 1896. Son père, Sigmund Heinrich Arnstein, industriel fabricant et marchand de jouets est né également à Fürth, en 1850. Son épouse et mère d’Hermann, Hendle Henriette Henlé, française, a vu le jour à Paris en 1859. Ses parents d’origine allemande ont été naturalisés français entre 1858 et 1871. Le 12 avril 1889, elle met au monde un second fils, Ernst Julius[3]. A l’instar des épouses de la grande bourgeoisie Hendle n’exerce pas de profession. Après des études supérieures de commerce, Hermann exerce le métier de représentant et de commissionnaire en marchandises. Le 2 décembre 1909, il entre comme associé dans l’entreprise familiale « La Maison H.E. Arnstein » exportatrice de jouets[4], fondée par son grand-père paternel et son père. A la suite du décès de ce dernier en 1923, il devient le propriétaire exclusif de l’entreprise. Dans le cadre de son activité, il entretient des rapports commerciaux très suivis avec la France et effectue des séjours réguliers à Paris où il a un bureau d’affaires de 1904 à 1914. Avec l’arrivée du premier conflit mondial, Hermann Arnstein suspend toutes ses activités en France. Exempté du service militaire actif pour raison de santé, il est affecté à un emploi administratif au sein de l’artillerie sur le front ouest de l’Allemagne. Il rejoint le 1er février 1917 le détachement de réserve d’aéropostiers bavarois à Munich et à compter du 24 mai 1917 jusqu’au 15 novembre 1918 la Compagnie de réserve d’aéropostiers bavarois à Munich.

Le 21 mars 1921 Hermann épouse Emilie Heller, à Greiz en Allemagne (Thuringe) où elle est née le 19 septembre 1896. Ses parents Paul Heller et Edwige Levi (d’origine tchèque) appartiennent à une famille juive de la grande bourgeoisie. Emilie Heller a un frère cadet, Hanz Heller, né à Vienne en 1898[5] . La

musique est plus que présente au sein de cette famille et les enfants Heller recevront une solide formation musicale. Hermann et Emilie, domiciliés à Nuremberg, donnent naissance à trois filles, Edwige, Irma et Marion, respectivement les 1er mai 1923, le 24 juin 1926 et le 28 mars 1928. La famille Arnstein arrive à Paris en septembre 1931 pour s’y installer. La France n’est pas un pays inconnu pour Hermann, bien au contraire. Les rapports commerciaux très réguliers qu’entretient sa firme avec la France, la présence d’un bureau à Paris, un séjour d’un an dans la capitale (de septembre 1910 à septembre 1911), sa culture francophile et son ascendance maternelle française font de la France une seconde patrie. Il parle, lit et écrit le Français couramment. A la fin des années 1930, la famille se rend régulièrement à Kerlouarnec près de Quimper où elle loue une maison de vacances. Les sœurs Arnstein effectuent leur scolarité entre 1932 et 1939 au lycée Molière dans le 16e arrondissement de Paris. Edwige entreprendra après le lycée des études d’infirmière. La famille Arnstein pratique un grand nombre d’activités culturelles (musique, fréquentation de musées, d’expositions, lecture) et sportives.

Avec l’arrivée au pouvoir des nazis en 1933, le souhait de la famille Arnstein d’obtenir la nationalité française s’en trouve renforcé. La situation en Allemagne se révèle dangereuse pour elle et il lui est impossible d’y retourner. Considéré comme débiteur de l’impôt de départ[6] réclamé par le bureau de Finances de Nuremberg, Hermann Arnstein se voit menacé d’une confiscation de sa fortune pour la garantie du paiement de cet impôt, de l’interdiction faite à ses débiteurs de lui effectuer le moindre paiement et d’une arrestation par la police[7]. Après trois demandes de naturalisation (1933, 1935 et 1936), la famille Arnstein obtient la nationalité française par décret du 1er mai 1937[8]. Pour sa première demande, Hermann n’hésite pas à solliciter certains soutiens, notamment ceux du Ministre de la Justice, du député de Paris Marcel Héraud, du conseiller général du Finistère François Halna du Fretay et du Ministre du commerce et de l’Industrie. En outre, plusieurs courriers de collaborateurs d’Hermann viennent attester de ses sentiments francophiles et de l’excellente réputation de la famille Arnstein, « bien considérée ». Ils ne tarissent pas d’éloges à son égard et ne manquent pas de souligner « l’honorabilité » d’Hermann, son « amour du travail bien fait », sa « droiture » et son « honnêteté »[9]. Le consul de France à Nuremberg dans un courrier du 28 juin 1934 adressé au Ministre des Affaires étrangères précise au sujet d’Hermann qu’il est « honorablement connu et se trouve dans une excellente situation de fortune » et qu’il a « toujours manifesté des sentiments sympathiques vis-à-vis de la France ». A plusieurs reprises, la préfecture de police de Paris émettra un avis favorable à la demande de naturalisation de la famille Arnstein. Elle précise à chaque fois que les renseignements dont elle dispose sont « satisfaisants » et mentionne que les fréquentations d’Hermann sont françaises « recherchées parmi nos nationaux » et qu’il est « pleinement assimilé » Mais ces soutiens et avis favorables resteront sans effet, considérée comme « prématurée »[10], cette première demande sera ajournée en date du 6 octobre 1933. Au début de 1935, Hermann Arnstein dépose une deuxième demande de naturalisation. Dans cette dernière (courrier du 25 mars 1935), Il fait valoir qu’elle intervient après plus de quatre ans de résidence ininterrompue en France. Il évoque le danger que lui et les siens courent s’ils devaient rentrer en Allemagne. Il argue le fait que l’importation d’articles allemands pour sa société « Arnstein et Cie » a considérablement diminué entre 1932 et 1935 alors que l’activité de sa société « Concentration de Fabriques » s’est au contraire sensiblement développée, contribuant ainsi à rendre la France moins tributaire de l’Allemagne en matière de production de

jouets. Enfin, il n’oublie pas de mentionner qu’il fait vivre un certain nombre d’ouvriers, tous français. La naturalisation le mettrait ainsi « à l’abri des difficultés auxquelles un étranger peut un jour être exposé et lui permettrait de développer son activité et d’employer davantage d’ouvriers ». Mais ces arguments ne seront pas pris en compte et cette deuxième demande est ajournée en date du 10 juin 1936. En effet, sur l’intervention de la chambre de commerce de Paris et la chambre syndicale des fabricants français de jeux et jouets, le Ministre de l’industrie et du commerce en place en 1936, revient sur l’avis émis par son prédécesseur (courrier adressé au Garde des sceaux du 16 mai 1936). Ces deux chambres font valoir que « M. Arnstein est surtout un importateur de produits allemands qu’il utilise pour des fabrications auxquelles se livrent déjà dans des conditions assez difficiles un certain nombre d’industriels français ». Il représente à leurs yeux une concurrence sérieuse qu’il convient de réduire. Hermann Arnstein ne se décourage pas pour autant et dépose alors en 1936 une troisième demande qui aboutira à la naturalisation de toute la famille par décret du 1ier mai 1937.

Avec l’arrivée de la seconde guerre mondiale, la famille Arnstein quitte Paris pour résider à Quimper jusqu’en juillet 1941. Hermann y fait l’objet d’une surveillance constante de la part des services locaux de police qui signalent qu’il « ne s’est jamais fait remarquer défavorablement, tant au point de vue conduite et moralité qu’au point de vue politique et national [11]». De retour à Paris en 1942, la famille Arnstein ne peut réintégrer son appartement réquisitionné par les autorités allemandes. Elle est alors hébergée chez un ami et ex associé d’Hermann, André Gibon. En raison des lois relatives au statut des juifs et à l’aryanisation des entreprises juives, Hermann ne peut plus exercer sa profession et vit désormais des revenus provenant de sa fortune personnelle. Cette interdiction se double de la saisie le 12 mai 1941 de tous ses objets d’art (dont un ensemble de vues de Nuremberg qui n’ayant pas fait l’objet de demande de restitution ont été vendues après la guerre[12]) et de ses livres[13], ce qui représente un volume de onze caisses[14]. Par décret du 3 août 1942[15], la famille Arnstein est déchue de sa nationalité française et devient ainsi apatride avec la menace constante d’être arrêtée. Cette décision, motivée par le « fait que la naturalisation accordée en 1937 l’avait été sur l’ «  intervention politique » de Jean Cassou[16]  et qu’elle ne présentait aucun « intérêt national »[17], a fait fi des nombreuses appréciations élogieuses du préfet de police[18] de Paris à l’égard d’Hermann. Celles-ci le dépeignent comme un homme d’affaires « capable », un « francophile qui jouit de l’estime et de la considération de son entourage ». Elles mentionnent son « loyalisme certain », le fait qu’il n’a pas hésité à héberger des réfugiés dans sa propriété du Finistère et son attention portée aux « enfants malheureux à qui il « a fait don de jouets de très nombreuses fois ».

Les risques d’arrestation s’intensifiant, la famille Arnstein quitte Paris pour la zone libre. Elle commence alors une série de séjours dans plusieurs villes : Mont-de-Marsan, Pau (où une amie leur a trouvé un petit hôtel), Saint-Jean du Gard et Chambéry. Projetant de se réfugier en Suisse, le couple Arnstein a choisi cette dernière comme ultime étape. A Saint-Jean du Gard, elle réside chez Hanz et Ingrid Heller, frère et belle-sœur d’Emilie Arnstein, venus se réfugier dans les Cévennes où, avec leur fils Peter, ils sont cachés et protégés par le pasteur Paul Zbinden[19]. La durée de ce séjour n’est pas connue. C’est à Chambéry que la famille Arnstein va rester le plus longtemps, environ un an et demi. Après avoir fréquenté depuis le début du conflit les lycées de Quimper et de Pau, les sœurs Arnstein poursuivent leur scolarité au lycée de jeunes filles de Chambéry. Le 18 mars 1944, les Arnstein sont arrêtés par la Gestapo, Irma et Marion à la sortie du lycée, Edwige, au retour de son travail comme infirmière chez un médecin, leurs parents à leur domicile. Ils sont détenus à la prison de Chambéry jusqu’au 22 mars 1944 pour être ensuite transférés à Drancy où ils resteront jusqu’au 13 avril, date de leur déportation pour Auschwitz. A leur arrivée à Drancy[20], Hermann doit remettre au chef de police du camp tout son argent, soit 31965 francs, ainsi qu’une bague sertie d’une perle et de deux pierres précieuses[21]. Le 13 avril 1944 à l’aube, la famille Arnstein quitte Drancy pour être conduite en autobus à la gare de Bobigny où les attend le convoi 71[22] à destination d’Auschwitz-Birkenau.  Nous sommes au printemps, il ne fait ni trop froid, ni trop chaud, ce qui rendra le transport un peu moins effroyable que les convois précédents, aucun mort ne sera à déplorer[23]. Hermann est gazé dès son arrivée le 16 avril au matin tandis qu’Emilie, Edwige, Marion et Irma sont sélectionnées pour les travaux forcés. Emilie mourra le 19 septembre 1944[24]. Edwige, Irma et Marion reçoivent respectivement les matricules 78555, 78556 et 78557 tatoués sur leur bras. Toutes les trois sont affectées à la construction d’une route et doivent à longueur de journée casser des gros blocs de cailloux pour en faire de petits morceaux qui serviront au terrassement de la route. Epuisée et atteinte du typhus, Irma décède le 17 septembre 1944[25], elle avait juste 18 ans. En octobre 1944, lorsque les Russes avancent sur Auschwitz, Edwige et Marion sont évacuées avec les déportées encore valides vers le camp de Langenbielau en Basse-Silésie[26]. Elles échapperont ainsi aux terribles marches de la mort de janvier 1945. Elles travaillent dans une usine d’armement où elles sont employées à formater des clous[27]. Le 8 mai 1945 le camp est libéré par l’armée soviétique mais ce n’est que le 2 juin 1945 que Marion et Edwige sont rapatriées en France. Après une étape au centre de rapatriement Saint-Clément de Metz, elles peuvent enfin regagner Paris où elles sont d’abord hébergées chez des amis de la famille, dans la mesure où leur appartement situé avenue Léopold II est occupé. Elles retrouvent ensuite la famille de leur oncle Hans Heller à Saint-Jean du Gard avant de retourner à Chambéry.

En juin 1948, Edwige, Marion et Irma (à titre posthume) sont reconnues comme déportées politiques ; ce n’est que dans les années 1960 qu’elles en obtiendront le titre avec la carte. Il en sera de même pour leurs parents (à titre posthume). Après la guerre, Edwige vit à Aix-Les-Bains où elle est commerçante. Marion, quant à elle, entreprend des études d’art à l’université de Columbia aux USA, à l’instar de son cousin Peter Heller devenu citoyen américain et qu’elle retrouve à Forest Hills en 1952[28]. En janvier 1954, elle perd sa nationalité française à la suite de sa naturalisation américaine. Elle est à nouveau en France en 1955, année au cours de laquelle elle épouse le 26 novembre à Aix-Les-Bains Gilles Van Eck. De cette union, naîtra le 22 octobre 1960 un fils, Nicolas, qui lui-même aura trois enfants et une petite-fille. Au milieu des années 1960, Edwige et Marion engagent de nombreuses démarches pour bénéficier des lois d’indemnisation des victimes des persécutions nazies[29], en tant qu’ayants-cause de leurs parents et pour elles-mêmes. En vertu de la loi du 19 juillet 1952 relative à l’amélioration de la situation d’anciens combattants et victimes de guerre, un pécule de 168 francs est versé à Edwige et à Marion (qui reçoit trois fois cette somme, en son nom et en tant que bénéficiaire de ses parents). En 1967, une indemnité d’un montant de 900 marks est allouée à Edwige en tant qu’ayant cause de ses parents. Il n’en sera pas de même pour Marion qui ne peut prétendre à cette indemnité dans la mesure où elle ne possédait plus la nationalité française au 15 juillet 1960 et qu’elle avait été déjà indemnisée par la RFA[30]. À la fin de sa vie, restée célibataire sans enfant, Edwige vient habiter dans les Hauts de Seine, se rapprochant ainsi de sa sœur Marion domiciliée à Neuilly sur Seine. Elle décède le 27 décembre 2000 à Suresnes. Marion vient régulièrement témoigner auprès des élèves du lycée Molière (Paris 16e). Presque deux mois après le décès de son fils Nicolas, elle s’éteint le 30 octobre 2023 à Levallois-Perret.

Eric BERNARD

Sources :

-Service historique de la défense, département des fonds d’archives, division des archives des victimes des conflits contemporains. Site de Caen. Dossiers n°AC 21 P 686339, AC 21 P 699113, AC 21 P 699114, AC 21P 699 115, AC 21 P 737671, de la famille Arnstein.
-Dossier de naturalisation n° 29419 X 33, conservé aux archives nationales.
-PINOL, Jean-Luc. Convois La déportation des Juifs de France. Paris : Editions du Détour, 2019, 319 p.
-Luc Zbinden. « Liens entre Paul Zbinden et la famille Heller ». Disponible à l’adresse : http://www.echospore.de/Heller_Peter_ZbindenLuc_201109_ProfEichwede.pdf. Dernière consultation le 22/11/2023.
-Élèves du collège Molière, MICHEL Natalie, RESCALAT Corinne, POUTIERS Anne-Marie. Mémorial des enfants juifs du lycée Molière morts en déportation à Auschwitz (et de leurs familles) 1942-1944. Salavre : Cleyriane Editions Janvier 2023, 63 p.
-Mémorial de la Shoah de Paris.
-Site de généalogie Familysearch : https://www.familysearch.org/tree/person/details/MYX2-VRG. Dernière consultation le 22/11/2023.
-Interventions de Marion Arnstein auprès des élèves du lycée Molière de Paris.
-Luc Zbinden, enseignant de Français et d’Anglais au Gymnase de Bugnon à Lausanne.
-Nicolas Van Eck, fils de Marion Arnstein.
-Anne-Marie Poutiers, Présidente de l’Association des ancien.ne.s élèves du lycée Molière de Paris.


[1] Ville située en Bavière près de Nuremberg

[2] Voir courrier du président de la communauté juive de Nuremberg du 14 juin 1934.

[3] Sera fabricant de poudriers à Nuremberg. Arrêté en Italie le 30 novembre 1943 et déporté à Auschwitz le 23 mai 1944, il décèdera le 8 mai 1945 à son retour en Italie.

[4] Au début du 20ième siècle, l’Allemagne est le principal producteur de jouets et à Nuremberg plus de 5000 personnes en ont fait leur gagne-pain.

[5] Hanz Heller, grand compositeur et pianiste, avait un lien familial avec Albert Einstein par un cousin collectionneur d’art, Richard Goetz, émigré à Paris puis à New York. Pendant la guerre Hanz, son épouse Ingrid et leur fils Peter se réfugient à Saint-Jean du Gard aidés par le pasteur Paul Zbinden. Ce dernier a participé activement au sauvetage d’enfants juifs.

[6] Participe du processus de discrimination des juifs allemands par la fiscalité, loi du 18 mai 1934 sur « la modification des règles de l’impôt sur la fuite du Reich ». Impôt que devaient payer les juifs allemands qui désiraient quitter l’Allemagne. On peut parler de « taxe à l’émigration ».

[7] Décision du bureau de Finances de Nuremberg du 5 décembre 1934, publiée au journal officiel du 17 décembre 1934, n°294

[8] Dossier de naturalisation n°29419X33, conservé aux archives nationales.

[9] Ibid.

[10] Ibid.

[11] Courrier de la préfecture du Finistère du 22 novembre 1941 adressé au préfet de police de Paris

[12] Mission d’étude sur la spoliation des juifs de France. Le pillage de l’art en France pendant l’occupation et la situation des 2000 œuvres confiées aux musées nationaux. Paris : La Documentation Française, 2000, 73 p.

[13] Essentiellement des ouvrages allemands, d’art, d’histoire et de poésie.

[14] Liste des individus spoliés établie par la Commission Française des Archives juives, disponible à l’adresse internet : http://www.cfaj.fr. Dernière consultation le 22/11/23.

[15] Dans le cadre de la loi du 22 juillet 1940 de révision des naturalisations intervenues depuis la loi du 10 août 1927.

[16] Écrivain, résistant, a été membre du cabinet de Jean Zay, ministre de l’Education nationale, pendant le Front Populaire.

[17] Dossier de naturalisation n°29419X33, conservé aux archives nationales.

[18] Rapport adressé par le préfet de police au Garde des Sceaux et Ministre secrétaire d’Etat à la justice du 7 janvier 1942.

[19] Pasteur suisse installé à Saint-Jean du Gard qui a aidé pendant l’occupation à sauver plusieurs juifs et notamment des enfants.

[20] Avec pour matricules : Hermann : 17479, Emilie : 17480, Edwige : 17481, Marion : 17482 et Irma : 17483

[21] Voir reçu émanant du carnet de fouilles n°111 de Drancy, consultable au mémorial de la Shoah.

[22] Ce convoi était constitué de 1 500 déportés (624 hommes et 854 femmes et 22 indéterminés) dont 34 des 44 enfants d’Izieu (qui furent tous gazés à leur arrivée), Simone Veil avec l’une de ses sœurs et sa mère, Marceline Loridan et Ginette Kolinka. A l’arrivée à Auschwitz, 165 hommes et 91 femmes furent sélectionnés pour les travaux forcés, le reste du convoi est gazé dès son arrivée. En 1945, 105 personnes avaient survécu, dont 70 femmes. Les Arnstein font partie des 60 personnes de ce convoi arrêtées à Chambéry.

[23] Veil, Simone. Une vie. Paris : France Loisirs, 2008, 397 p.

[24] Selon le témoignage de Sylvette Bernard, camarade de déportation et l’acte de décès n°442 du registre des décès de l’Etat civil de l’année 1946 de la ville de Chambéry. Matricule inconnu.

[25]  Ibid.

[26] Ville allemande devenue polonaise depuis 1945 sous le nom de Bielawa.

[27] Témoignage de Marion Arnstein lors d’une intervention au lycée Molière le 30 mars 2022.

[28] Luc Zbinden. « Liens entre Paul Zbinden et la famille Heller ». Disponible à l’adresse : http://www.echospore.de/Heller_Peter_ZbindenLuc_201109_ProfEichwede.pdf. Dernière consultation le 22/11/2023.

[29] Loi dite BeG votée par le Bundestag le 18 septembre 1953 et modifiée par la loi du 29 juin 1956. Accord franco-allemand du 15 juillet 1960 prévoyant le versement de la RFA à la France de 400 millions de marks en faveur des ressortissants français. Décret n°61-971 du 29 août 1961 complété par un arrêté du 14 août 1962.

[30] Conformément aux deux premiers articles du décret n°61-971 du 29 août 1961

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ARNSTEIN Hermann

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Hermann Arnstein naît à Fürth[1] en Allemagne le 27 décembre 1884 dans une famille juive présentant une « excellente situation de fortune » et qui sera « très estimée à Nuremberg »[2], ville dans laquelle elle s’installe en 1896. Son père, Sigmund Heinrich Arnstein, industriel fabricant et marchand de jouets est né également à Fürth, en 1850. Son épouse et mère d’Hermann, Hendle Henriette Henlé, française, a vu le jour à Paris en 1859. Ses parents d’origine allemande ont été naturalisés français entre 1858 et 1871. Le 12 avril 1889, elle met au monde un second fils, Ernst Julius[3]. A l’instar des épouses de la grande bourgeoisie Hendle n’exerce pas de profession. Après des études supérieures de commerce, Hermann exerce le métier de représentant et de commissionnaire en marchandises. Le 2 décembre 1909, il entre comme associé dans l’entreprise familiale « La Maison H.E. Arnstein » exportatrice de jouets[4], fondée par son grand-père paternel et son père. A la suite du décès de ce dernier en 1923, il devient le propriétaire exclusif de l’entreprise. Dans le cadre de son activité, il entretient des rapports commerciaux très suivis avec la France et effectue des séjours réguliers à Paris où il a un bureau d’affaires de 1904 à 1914. Avec l’arrivée du premier conflit mondial, Hermann Arnstein suspend toutes ses activités en France. Exempté du service militaire actif pour raison de santé, il est affecté à un emploi administratif au sein de l’artillerie sur le front ouest de l’Allemagne. Il rejoint le 1er février 1917 le détachement de réserve d’aéropostiers bavarois à Munich et à compter du 24 mai 1917 jusqu’au 15 novembre 1918 la Compagnie de réserve d’aéropostiers bavarois à Munich.

Le 21 mars 1921 Hermann épouse Emilie Heller, à Greiz en Allemagne (Thuringe) où elle est née le 19 septembre 1896. Ses parents Paul Heller et Edwige Levi (d’origine tchèque) appartiennent à une famille juive de la grande bourgeoisie. Emilie Heller a un frère cadet, Hanz Heller, né à Vienne en 1898[5] . La

musique est plus que présente au sein de cette famille et les enfants Heller recevront une solide formation musicale. Hermann et Emilie, domiciliés à Nuremberg, donnent naissance à trois filles, Edwige, Irma et Marion, respectivement les 1er mai 1923, le 24 juin 1926 et le 28 mars 1928. La famille Arnstein arrive à Paris en septembre 1931 pour s’y installer. La France n’est pas un pays inconnu pour Hermann, bien au contraire. Les rapports commerciaux très réguliers qu’entretient sa firme avec la France, la présence d’un bureau à Paris, un séjour d’un an dans la capitale (de septembre 1910 à septembre 1911), sa culture francophile et son ascendance maternelle française font de la France une seconde patrie. Il parle, lit et écrit le Français couramment. A la fin des années 1930, la famille se rend régulièrement à Kerlouarnec près de Quimper où elle loue une maison de vacances. Les sœurs Arnstein effectuent leur scolarité entre 1932 et 1939 au lycée Molière dans le 16e arrondissement de Paris. Edwige entreprendra après le lycée des études d’infirmière. La famille Arnstein pratique un grand nombre d’activités culturelles (musique, fréquentation de musées, d’expositions, lecture) et sportives.

Avec l’arrivée au pouvoir des nazis en 1933, le souhait de la famille Arnstein d’obtenir la nationalité française s’en trouve renforcé. La situation en Allemagne se révèle dangereuse pour elle et il lui est impossible d’y retourner. Considéré comme débiteur de l’impôt de départ[6] réclamé par le bureau de Finances de Nuremberg, Hermann Arnstein se voit menacé d’une confiscation de sa fortune pour la garantie du paiement de cet impôt, de l’interdiction faite à ses débiteurs de lui effectuer le moindre paiement et d’une arrestation par la police[7]. Après trois demandes de naturalisation (1933, 1935 et 1936), la famille Arnstein obtient la nationalité française par décret du 1er mai 1937[8]. Pour sa première demande, Hermann n’hésite pas à solliciter certains soutiens, notamment ceux du Ministre de la Justice, du député de Paris Marcel Héraud, du conseiller général du Finistère François Halna du Fretay et du Ministre du commerce et de l’Industrie. En outre, plusieurs courriers de collaborateurs d’Hermann viennent attester de ses sentiments francophiles et de l’excellente réputation de la famille Arnstein, « bien considérée ». Ils ne tarissent pas d’éloges à son égard et ne manquent pas de souligner « l’honorabilité » d’Hermann, son « amour du travail bien fait », sa « droiture » et son « honnêteté »[9]. Le consul de France à Nuremberg dans un courrier du 28 juin 1934 adressé au Ministre des Affaires étrangères précise au sujet d’Hermann qu’il est « honorablement connu et se trouve dans une excellente situation de fortune » et qu’il a « toujours manifesté des sentiments sympathiques vis-à-vis de la France ». A plusieurs reprises, la préfecture de police de Paris émettra un avis favorable à la demande de naturalisation de la famille Arnstein. Elle précise à chaque fois que les renseignements dont elle dispose sont « satisfaisants » et mentionne que les fréquentations d’Hermann sont françaises « recherchées parmi nos nationaux » et qu’il est « pleinement assimilé » Mais ces soutiens et avis favorables resteront sans effet, considérée comme « prématurée »[10], cette première demande sera ajournée en date du 6 octobre 1933. Au début de 1935, Hermann Arnstein dépose une deuxième demande de naturalisation. Dans cette dernière (courrier du 25 mars 1935), Il fait valoir qu’elle intervient après plus de quatre ans de résidence ininterrompue en France. Il évoque le danger que lui et les siens courent s’ils devaient rentrer en Allemagne. Il argue le fait que l’importation d’articles allemands pour sa société « Arnstein et Cie » a considérablement diminué entre 1932 et 1935 alors que l’activité de sa société « Concentration de Fabriques » s’est au contraire sensiblement développée, contribuant ainsi à rendre la France moins tributaire de l’Allemagne en matière de production de

jouets. Enfin, il n’oublie pas de mentionner qu’il fait vivre un certain nombre d’ouvriers, tous français. La naturalisation le mettrait ainsi « à l’abri des difficultés auxquelles un étranger peut un jour être exposé et lui permettrait de développer son activité et d’employer davantage d’ouvriers ». Mais ces arguments ne seront pas pris en compte et cette deuxième demande est ajournée en date du 10 juin 1936. En effet, sur l’intervention de la chambre de commerce de Paris et la chambre syndicale des fabricants français de jeux et jouets, le Ministre de l’industrie et du commerce en place en 1936, revient sur l’avis émis par son prédécesseur (courrier adressé au Garde des sceaux du 16 mai 1936). Ces deux chambres font valoir que « M. Arnstein est surtout un importateur de produits allemands qu’il utilise pour des fabrications auxquelles se livrent déjà dans des conditions assez difficiles un certain nombre d’industriels français ». Il représente à leurs yeux une concurrence sérieuse qu’il convient de réduire. Hermann Arnstein ne se décourage pas pour autant et dépose alors en 1936 une troisième demande qui aboutira à la naturalisation de toute la famille par décret du 1ier mai 1937.

Avec l’arrivée de la seconde guerre mondiale, la famille Arnstein quitte Paris pour résider à Quimper jusqu’en juillet 1941. Hermann y fait l’objet d’une surveillance constante de la part des services locaux de police qui signalent qu’il « ne s’est jamais fait remarquer défavorablement, tant au point de vue conduite et moralité qu’au point de vue politique et national [11]». De retour à Paris en 1942, la famille Arnstein ne peut réintégrer son appartement réquisitionné par les autorités allemandes. Elle est alors hébergée chez un ami et ex associé d’Hermann, André Gibon. En raison des lois relatives au statut des juifs et à l’aryanisation des entreprises juives, Hermann ne peut plus exercer sa profession et vit désormais des revenus provenant de sa fortune personnelle. Cette interdiction se double de la saisie le 12 mai 1941 de tous ses objets d’art (dont un ensemble de vues de Nuremberg qui n’ayant pas fait l’objet de demande de restitution ont été vendues après la guerre[12]) et de ses livres[13], ce qui représente un volume de onze caisses[14]. Par décret du 3 août 1942[15], la famille Arnstein est déchue de sa nationalité française et devient ainsi apatride avec la menace constante d’être arrêtée. Cette décision, motivée par le « fait que la naturalisation accordée en 1937 l’avait été sur l’ «  intervention politique » de Jean Cassou[16]  et qu’elle ne présentait aucun « intérêt national »[17], a fait fi des nombreuses appréciations élogieuses du préfet de police[18] de Paris à l’égard d’Hermann. Celles-ci le dépeignent comme un homme d’affaires « capable », un « francophile qui jouit de l’estime et de la considération de son entourage ». Elles mentionnent son « loyalisme certain », le fait qu’il n’a pas hésité à héberger des réfugiés dans sa propriété du Finistère et son attention portée aux « enfants malheureux à qui il « a fait don de jouets de très nombreuses fois ».

Les risques d’arrestation s’intensifiant, la famille Arnstein quitte Paris pour la zone libre. Elle commence alors une série de séjours dans plusieurs villes : Mont-de-Marsan, Pau (où une amie leur a trouvé un petit hôtel), Saint-Jean du Gard et Chambéry. Projetant de se réfugier en Suisse, le couple Arnstein a choisi cette dernière comme ultime étape. A Saint-Jean du Gard, elle réside chez Hanz et Ingrid Heller, frère et belle-sœur d’Emilie Arnstein, venus se réfugier dans les Cévennes où, avec leur fils Peter, ils sont cachés et protégés par le pasteur Paul Zbinden[19]. La durée de ce séjour n’est pas connue. C’est à Chambéry que la famille Arnstein va rester le plus longtemps, environ un an et demi. Après avoir fréquenté depuis le début du conflit les lycées de Quimper et de Pau, les sœurs Arnstein poursuivent leur scolarité au lycée de jeunes filles de Chambéry. Le 18 mars 1944, les Arnstein sont arrêtés par la Gestapo, Irma et Marion à la sortie du lycée, Edwige, au retour de son travail comme infirmière chez un médecin, leurs parents à leur domicile. Ils sont détenus à la prison de Chambéry jusqu’au 22 mars 1944 pour être ensuite transférés à Drancy où ils resteront jusqu’au 13 avril, date de leur déportation pour Auschwitz. A leur arrivée à Drancy[20], Hermann doit remettre au chef de police du camp tout son argent, soit 31965 francs, ainsi qu’une bague sertie d’une perle et de deux pierres précieuses[21]. Le 13 avril 1944 à l’aube, la famille Arnstein quitte Drancy pour être conduite en autobus à la gare de Bobigny où les attend le convoi 71[22] à destination d’Auschwitz-Birkenau.  Nous sommes au printemps, il ne fait ni trop froid, ni trop chaud, ce qui rendra le transport un peu moins effroyable que les convois précédents, aucun mort ne sera à déplorer[23]. Hermann est gazé dès son arrivée le 16 avril au matin tandis qu’Emilie, Edwige, Marion et Irma sont sélectionnées pour les travaux forcés. Emilie mourra le 19 septembre 1944[24]. Edwige, Irma et Marion reçoivent respectivement les matricules 78555, 78556 et 78557 tatoués sur leur bras. Toutes les trois sont affectées à la construction d’une route et doivent à longueur de journée casser des gros blocs de cailloux pour en faire de petits morceaux qui serviront au terrassement de la route. Epuisée et atteinte du typhus, Irma décède le 17 septembre 1944[25], elle avait juste 18 ans. En octobre 1944, lorsque les Russes avancent sur Auschwitz, Edwige et Marion sont évacuées avec les déportées encore valides vers le camp de Langenbielau en Basse-Silésie[26]. Elles échapperont ainsi aux terribles marches de la mort de janvier 1945. Elles travaillent dans une usine d’armement où elles sont employées à formater des clous[27]. Le 8 mai 1945 le camp est libéré par l’armée soviétique mais ce n’est que le 2 juin 1945 que Marion et Edwige sont rapatriées en France. Après une étape au centre de rapatriement Saint-Clément de Metz, elles peuvent enfin regagner Paris où elles sont d’abord hébergées chez des amis de la famille, dans la mesure où leur appartement situé avenue Léopold II est occupé. Elles retrouvent ensuite la famille de leur oncle Hans Heller à Saint-Jean du Gard avant de retourner à Chambéry.

En juin 1948, Edwige, Marion et Irma (à titre posthume) sont reconnues comme déportées politiques ; ce n’est que dans les années 1960 qu’elles en obtiendront le titre avec la carte. Il en sera de même pour leurs parents (à titre posthume). Après la guerre, Edwige vit à Aix-Les-Bains où elle est commerçante. Marion, quant à elle, entreprend des études d’art à l’université de Columbia aux USA, à l’instar de son cousin Peter Heller devenu citoyen américain et qu’elle retrouve à Forest Hills en 1952[28]. En janvier 1954, elle perd sa nationalité française à la suite de sa naturalisation américaine. Elle est à nouveau en France en 1955, année au cours de laquelle elle épouse le 26 novembre à Aix-Les-Bains Gilles Van Eck. De cette union, naîtra le 22 octobre 1960 un fils, Nicolas, qui lui-même aura trois enfants et une petite-fille. Au milieu des années 1960, Edwige et Marion engagent de nombreuses démarches pour bénéficier des lois d’indemnisation des victimes des persécutions nazies[29], en tant qu’ayants-cause de leurs parents et pour elles-mêmes. En vertu de la loi du 19 juillet 1952 relative à l’amélioration de la situation d’anciens combattants et victimes de guerre, un pécule de 168 francs est versé à Edwige et à Marion (qui reçoit trois fois cette somme, en son nom et en tant que bénéficiaire de ses parents). En 1967, une indemnité d’un montant de 900 marks est allouée à Edwige en tant qu’ayant cause de ses parents. Il n’en sera pas de même pour Marion qui ne peut prétendre à cette indemnité dans la mesure où elle ne possédait plus la nationalité française au 15 juillet 1960 et qu’elle avait été déjà indemnisée par la RFA[30]. À la fin de sa vie, restée célibataire sans enfant, Edwige vient habiter dans les Hauts de Seine, se rapprochant ainsi de sa sœur Marion domiciliée à Neuilly sur Seine. Elle décède le 27 décembre 2000 à Suresnes. Marion vient régulièrement témoigner auprès des élèves du lycée Molière (Paris 16e). Presque deux mois après le décès de son fils Nicolas, elle s’éteint le 30 octobre 2023 à Levallois-Perret.

Eric BERNARD

Sources :

-Service historique de la défense, département des fonds d’archives, division des archives des victimes des conflits contemporains. Site de Caen. Dossiers n°AC 21 P 686339, AC 21 P 699113, AC 21 P 699114, AC 21P 699 115, AC 21 P 737671, de la famille Arnstein.
-Dossier de naturalisation n° 29419 X 33, conservé aux archives nationales.
-PINOL, Jean-Luc. Convois La déportation des Juifs de France. Paris : Editions du Détour, 2019, 319 p.
-Luc Zbinden. « Liens entre Paul Zbinden et la famille Heller ». Disponible à l’adresse : http://www.echospore.de/Heller_Peter_ZbindenLuc_201109_ProfEichwede.pdf. Dernière consultation le 22/11/2023.
-Élèves du collège Molière, MICHEL Natalie, RESCALAT Corinne, POUTIERS Anne-Marie. Mémorial des enfants juifs du lycée Molière morts en déportation à Auschwitz (et de leurs familles) 1942-1944. Salavre : Cleyriane Editions Janvier 2023, 63 p.
-Mémorial de la Shoah de Paris.
-Site de généalogie Familysearch : https://www.familysearch.org/tree/person/details/MYX2-VRG. Dernière consultation le 22/11/2023.
-Interventions de Marion Arnstein auprès des élèves du lycée Molière de Paris.
-Luc Zbinden, enseignant de Français et d’Anglais au Gymnase de Bugnon à Lausanne.
-Nicolas Van Eck, fils de Marion Arnstein.
-Anne-Marie Poutiers, Présidente de l’Association des ancien.ne.s élèves du lycée Molière de Paris.


[1] Ville située en Bavière près de Nuremberg

[2] Voir courrier du président de la communauté juive de Nuremberg du 14 juin 1934.

[3] Sera fabricant de poudriers à Nuremberg. Arrêté en Italie le 30 novembre 1943 et déporté à Auschwitz le 23 mai 1944, il décèdera le 8 mai 1945 à son retour en Italie.

[4] Au début du 20ième siècle, l’Allemagne est le principal producteur de jouets et à Nuremberg plus de 5000 personnes en ont fait leur gagne-pain.

[5] Hanz Heller, grand compositeur et pianiste, avait un lien familial avec Albert Einstein par un cousin collectionneur d’art, Richard Goetz, émigré à Paris puis à New York. Pendant la guerre Hanz, son épouse Ingrid et leur fils Peter se réfugient à Saint-Jean du Gard aidés par le pasteur Paul Zbinden. Ce dernier a participé activement au sauvetage d’enfants juifs.

[6] Participe du processus de discrimination des juifs allemands par la fiscalité, loi du 18 mai 1934 sur « la modification des règles de l’impôt sur la fuite du Reich ». Impôt que devaient payer les juifs allemands qui désiraient quitter l’Allemagne. On peut parler de « taxe à l’émigration ».

[7] Décision du bureau de Finances de Nuremberg du 5 décembre 1934, publiée au journal officiel du 17 décembre 1934, n°294

[8] Dossier de naturalisation n°29419X33, conservé aux archives nationales.

[9] Ibid.

[10] Ibid.

[11] Courrier de la préfecture du Finistère du 22 novembre 1941 adressé au préfet de police de Paris

[12] Mission d’étude sur la spoliation des juifs de France. Le pillage de l’art en France pendant l’occupation et la situation des 2000 œuvres confiées aux musées nationaux. Paris : La Documentation Française, 2000, 73 p.

[13] Essentiellement des ouvrages allemands, d’art, d’histoire et de poésie.

[14] Liste des individus spoliés établie par la Commission Française des Archives juives, disponible à l’adresse internet : http://www.cfaj.fr. Dernière consultation le 22/11/23.

[15] Dans le cadre de la loi du 22 juillet 1940 de révision des naturalisations intervenues depuis la loi du 10 août 1927.

[16] Écrivain, résistant, a été membre du cabinet de Jean Zay, ministre de l’Education nationale, pendant le Front Populaire.

[17] Dossier de naturalisation n°29419X33, conservé aux archives nationales.

[18] Rapport adressé par le préfet de police au Garde des Sceaux et Ministre secrétaire d’Etat à la justice du 7 janvier 1942.

[19] Pasteur suisse installé à Saint-Jean du Gard qui a aidé pendant l’occupation à sauver plusieurs juifs et notamment des enfants.

[20] Avec pour matricules : Hermann : 17479, Emilie : 17480, Edwige : 17481, Marion : 17482 et Irma : 17483

[21] Voir reçu émanant du carnet de fouilles n°111 de Drancy, consultable au mémorial de la Shoah.

[22] Ce convoi était constitué de 1 500 déportés (624 hommes et 854 femmes et 22 indéterminés) dont 34 des 44 enfants d’Izieu (qui furent tous gazés à leur arrivée), Simone Veil avec l’une de ses sœurs et sa mère, Marceline Loridan et Ginette Kolinka. A l’arrivée à Auschwitz, 165 hommes et 91 femmes furent sélectionnés pour les travaux forcés, le reste du convoi est gazé dès son arrivée. En 1945, 105 personnes avaient survécu, dont 70 femmes. Les Arnstein font partie des 60 personnes de ce convoi arrêtées à Chambéry.

[23] Veil, Simone. Une vie. Paris : France Loisirs, 2008, 397 p.

[24] Selon le témoignage de Sylvette Bernard, camarade de déportation et l’acte de décès n°442 du registre des décès de l’Etat civil de l’année 1946 de la ville de Chambéry. Matricule inconnu.

[25]  Ibid.

[26] Ville allemande devenue polonaise depuis 1945 sous le nom de Bielawa.

[27] Témoignage de Marion Arnstein lors d’une intervention au lycée Molière le 30 mars 2022.

[28] Luc Zbinden. « Liens entre Paul Zbinden et la famille Heller ». Disponible à l’adresse : http://www.echospore.de/Heller_Peter_ZbindenLuc_201109_ProfEichwede.pdf. Dernière consultation le 22/11/2023.

[29] Loi dite BeG votée par le Bundestag le 18 septembre 1953 et modifiée par la loi du 29 juin 1956. Accord franco-allemand du 15 juillet 1960 prévoyant le versement de la RFA à la France de 400 millions de marks en faveur des ressortissants français. Décret n°61-971 du 29 août 1961 complété par un arrêté du 14 août 1962.

[30] Conformément aux deux premiers articles du décret n°61-971 du 29 août 1961

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