RECHERCHEZ
Ange Georges Alvarez naît le 17 mars 1926 à Moreda, dans les Asturies (Espagne). Il n’a que deux ans quand sa famille émigre vers la France, s’installant d’abord à Decazeville (Aveyron), avant de venir dans le Gard, au Vigan, puis à Alès. Dans ses « Mémoires de Résistance », Ange Alvarez se rappelle avoir grandi dans un milieu gagné aux idées communistes, les anecdotes racontées se rattachent d’ailleurs presque toutes aux activités et manifestations militantes auxquelles participent ses parents et ses aînés dans le bassin alésien, dans une époque marquée par la montée de la menace fasciste et par la victoire du Front Populaire en France.
Quand le régime de Vichy s’installe, Ange Alvarez n’a que 14 ans. Il est le témoin des réunions qui se tiennent au domicile des Alvarez entre militants communistes, pour reconstituer un appareil clandestin et continuer la lutte. Après avoir travaillé en 1941 à la mine, il est employé en 1942 à l’entreprise Alès-Forges-Camargue, puis, début 1943, comme son aîné Amador, aux mines de pyrite du Soulier. Dès cette époque, il participe aux activités de la résistance communiste : à Salindres, il aide Léonce Guiraud à glisser des tracts dans les vestiaires ; au Soulier, lui et son frère Amador sortent des explosifs utilisés ensuite par les équipes de sabotage FTP.
Le 8 avril 1943, il est arrêté en même temps que son frère et d’autres membres du groupe. La nuit suivante il réussit à s’échapper de la gendarmerie après s’être emparé d’un pistolet. Gaby Bastide, institutrice à La Royale, près d’Alès, le met en relations avec d’autres groupes FTP cachés dans les montagnes cévenoles. Il part ensuite pour le camp FTP de Grand-Bois, dans le Vaucluse. Après la dissolution de ce camp, Ange Alvarez est envoyé, par l’organisation clandestine à Montpellier, auprès d’un responsable communiste, Adrien Niel. En juillet 1943, celui-ci lui demande de rejoindre le maquis Jean Grandel, dans le secteur de Bédarieux, puis du massif du Soumail. Il participe à différentes opérations de sabotage, avant d’être désigné membre d’une « équipe spéciale », dirigée par Raymond Champel et chargée, en particulier, d’éliminer des traîtres et des collaborateurs.
Le 2 décembre 1943, à Montpellier, il abat un militaire allemand. Quinze jours plus tard, il est arrêté par la police en compagnie de trois autres membres de l’équipe. En février 1944, il est transféré à la prison Saint-Michel de Toulouse, où sont regroupés de nombreux détenus politiques. Le 30 juin 1944, ceux-ci sont extraits de leurs cellules pour être entassés dans des wagons : c’est le « train fantôme », qui amène plus de 700 prisonniers politiques vers les camps de Dachau (pour les hommes) et de Ravensbrück (pour les femmes, dont Nativité (sa mère) et Arlette Alvarez (sa sœur). Ange Alvarez parvient à s’évader le 3 juillet 1944 en sautant du train à Saint-Bazeille. De là, il parvient à rejoindre les groupes locaux de Résistance, d’abord en Gironde puis dans l’Hérault, où il participe aux combats de la Libération dans le secteur de Saint-Pons – Bédarieux.
Après la Libération du territoire national, Ange Alvarez poursuit son combat contre le fascisme : incorporé à la 11ème Brigade de Guérilleros, il fait partie de l’expédition du Val d’Aran pour tenter de soulever le peuple espagnol contre le régime franquiste. Après l’échec de cette tentative, il revient à Alès où il travaille dès 1945 aux mines de Rochebelle et continue à militer au sein du PCF et participe activement aux luttes syndicales. Poursuivi après les très dures grèves de 1948, il plonge dans la clandestinité mais est arrêté à Aigues-Mortes en juillet 1949. Assigné à résidence en Corse en avril 1953, il s’y marie la même année. En 1956, malgré l’assignation, Ange Alvarez et son épouse Carmen reviennent sur le continent sous une fausse identité et rejoignent Amador qui vit lui aussi dans la clandestinité en région parisienne. Après de nombreuses démarches, et grâce au soutien d’anciens résistants de toutes tendances, Ange Alvarez obtient en 1962 le droit de revenir vivre à Alès, assigné à résidence il doit pointer chaque semaine au commissariat ; en 1966 son arrêté d’expulsion est abrogé et en 1975 il obtient sa naturalisation. Cette même année, il rompt avec le PCF et rejoint les rangs du parti socialiste en 1976.
Homme d’action, Ange Alvarez a également exercé de nombreuses responsabilités associatives, notamment pour défendre le devoir de mémoire. Il a présidé la section départementale du Comité d’Union de la Résistance et de l’Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance, président d’honneur de l’Amicale des Guérilleros et la section locale des Anciens Combattants de Saint-Christol-les-Alès, où il demeure. Il prolonge son engagement en racontant son parcours de résistant dans les collèges et lycées.
Il est reconnu comme déporté du fait de son évasion en cours de transport vers un camp.
Il décède à St Christol-lez-Alès le 22 mai 2022.
Décorations : Chevalier de la Légion d’Honneur (décret du 24 mai 1994) promu Officier de Légion d’Honneur le 14 février 2002 – Chevalier de l’Ordre National du Mérite – Médaille de la Résistance – Médaille des Evadés – Médaille du Combattant de la Résistance – Médaille de la Déportation – Médaille des Blessés de la Résistance
Monique Vézilier
Sources :
– Le Maitron : Jacques Brès, Fabrice Sugier
– Témoignage de son fils Ange Alvarez le 16 septembre 2024
RECHERCHEZ
Ange Georges Alvarez naît le 17 mars 1926 à Moreda, dans les Asturies (Espagne). Il n’a que deux ans quand sa famille émigre vers la France, s’installant d’abord à Decazeville (Aveyron), avant de venir dans le Gard, au Vigan, puis à Alès. Dans ses « Mémoires de Résistance », Ange Alvarez se rappelle avoir grandi dans un milieu gagné aux idées communistes, les anecdotes racontées se rattachent d’ailleurs presque toutes aux activités et manifestations militantes auxquelles participent ses parents et ses aînés dans le bassin alésien, dans une époque marquée par la montée de la menace fasciste et par la victoire du Front Populaire en France.
Quand le régime de Vichy s’installe, Ange Alvarez n’a que 14 ans. Il est le témoin des réunions qui se tiennent au domicile des Alvarez entre militants communistes, pour reconstituer un appareil clandestin et continuer la lutte. Après avoir travaillé en 1941 à la mine, il est employé en 1942 à l’entreprise Alès-Forges-Camargue, puis, début 1943, comme son aîné Amador, aux mines de pyrite du Soulier. Dès cette époque, il participe aux activités de la résistance communiste : à Salindres, il aide Léonce Guiraud à glisser des tracts dans les vestiaires ; au Soulier, lui et son frère Amador sortent des explosifs utilisés ensuite par les équipes de sabotage FTP.
Le 8 avril 1943, il est arrêté en même temps que son frère et d’autres membres du groupe. La nuit suivante il réussit à s’échapper de la gendarmerie après s’être emparé d’un pistolet. Gaby Bastide, institutrice à La Royale, près d’Alès, le met en relations avec d’autres groupes FTP cachés dans les montagnes cévenoles. Il part ensuite pour le camp FTP de Grand-Bois, dans le Vaucluse. Après la dissolution de ce camp, Ange Alvarez est envoyé, par l’organisation clandestine à Montpellier, auprès d’un responsable communiste, Adrien Niel. En juillet 1943, celui-ci lui demande de rejoindre le maquis Jean Grandel, dans le secteur de Bédarieux, puis du massif du Soumail. Il participe à différentes opérations de sabotage, avant d’être désigné membre d’une « équipe spéciale », dirigée par Raymond Champel et chargée, en particulier, d’éliminer des traîtres et des collaborateurs.
Le 2 décembre 1943, à Montpellier, il abat un militaire allemand. Quinze jours plus tard, il est arrêté par la police en compagnie de trois autres membres de l’équipe. En février 1944, il est transféré à la prison Saint-Michel de Toulouse, où sont regroupés de nombreux détenus politiques. Le 30 juin 1944, ceux-ci sont extraits de leurs cellules pour être entassés dans des wagons : c’est le « train fantôme », qui amène plus de 700 prisonniers politiques vers les camps de Dachau (pour les hommes) et de Ravensbrück (pour les femmes, dont Nativité (sa mère) et Arlette Alvarez (sa sœur). Ange Alvarez parvient à s’évader le 3 juillet 1944 en sautant du train à Saint-Bazeille. De là, il parvient à rejoindre les groupes locaux de Résistance, d’abord en Gironde puis dans l’Hérault, où il participe aux combats de la Libération dans le secteur de Saint-Pons – Bédarieux.
Après la Libération du territoire national, Ange Alvarez poursuit son combat contre le fascisme : incorporé à la 11ème Brigade de Guérilleros, il fait partie de l’expédition du Val d’Aran pour tenter de soulever le peuple espagnol contre le régime franquiste. Après l’échec de cette tentative, il revient à Alès où il travaille dès 1945 aux mines de Rochebelle et continue à militer au sein du PCF et participe activement aux luttes syndicales. Poursuivi après les très dures grèves de 1948, il plonge dans la clandestinité mais est arrêté à Aigues-Mortes en juillet 1949. Assigné à résidence en Corse en avril 1953, il s’y marie la même année. En 1956, malgré l’assignation, Ange Alvarez et son épouse Carmen reviennent sur le continent sous une fausse identité et rejoignent Amador qui vit lui aussi dans la clandestinité en région parisienne. Après de nombreuses démarches, et grâce au soutien d’anciens résistants de toutes tendances, Ange Alvarez obtient en 1962 le droit de revenir vivre à Alès, assigné à résidence il doit pointer chaque semaine au commissariat ; en 1966 son arrêté d’expulsion est abrogé et en 1975 il obtient sa naturalisation. Cette même année, il rompt avec le PCF et rejoint les rangs du parti socialiste en 1976.
Homme d’action, Ange Alvarez a également exercé de nombreuses responsabilités associatives, notamment pour défendre le devoir de mémoire. Il a présidé la section départementale du Comité d’Union de la Résistance et de l’Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance, président d’honneur de l’Amicale des Guérilleros et la section locale des Anciens Combattants de Saint-Christol-les-Alès, où il demeure. Il prolonge son engagement en racontant son parcours de résistant dans les collèges et lycées.
Il est reconnu comme déporté du fait de son évasion en cours de transport vers un camp.
Il décède à St Christol-lez-Alès le 22 mai 2022.
Décorations : Chevalier de la Légion d’Honneur (décret du 24 mai 1994) promu Officier de Légion d’Honneur le 14 février 2002 – Chevalier de l’Ordre National du Mérite – Médaille de la Résistance – Médaille des Evadés – Médaille du Combattant de la Résistance – Médaille de la Déportation – Médaille des Blessés de la Résistance
Monique Vézilier
Sources :
– Le Maitron : Jacques Brès, Fabrice Sugier
– Témoignage de son fils Ange Alvarez le 16 septembre 2024