RECHERCHEZ
Simon Agatstein est né le 15 septembre 1912 à Vienne (Autriche) dans une famille juive originaire de la partie de la Pologne alors sous domination austro-hongroise[i]. Ses parents : Chaskel Yechezkel/Hermann Agatstein et Beile Berta Fuchs se sont installés dans un premier temps à Budapest (Hongrie) où sont nés les aînés de la famille : Karolina Laura – future épouse Fleishhacker – (1901), Josef (1903) et Jenö/Yener (1906). Vers 1907, les Agatstein déménagent à Vienne où naît également Jacob en 1908. Toute la famille est de nationalité polonaise.
Dans les années 1930, Simon, célibataire, travaille comme employé de commerce ; il habite 6/19 Greiseneckergasse, Vienne 20. Mais les mesures anti-juives décrétées après l’Anschluss, le laissent sans travail et sans ressources. En mai 1938, il dépose une demande de visa d’immigration pour l’Amérique du Nord. Cette demande étant certainement restée sans suite, il émigre clandestinement en Belgique, tout comme son frère Jacob. Tous deux se fixent à Bruxelles vers 1938 : Simon au 8 rue de la Poste et Jacob au 20 rue Botanique[ii]. Comme de nombreux réfugiés juifs venus du Grand Reich – considérés comme potentiellement favorables à l’ennemi – ils sont arrêtés dans la capitale par les autorités belges, internés au centre de Hal et expulsés vers la France à la mi-mai 1940.
Après avoir transité par le camp du Vigeant (Vienne) et du Fauga-Mazères (Haute Garonne), les deux frères sont finalement internés au camp de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales). Suite aux inondations qui dévastent les lieux, ils sont transférés au camp 8 d‘Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), le 30 octobre 1940. Le 13 juillet 1941, Simon est muté au 416° Groupement des Travailleurs Etrangers (GTE) du Barcarès, tandis que son frère Jacob s’évade d’Argelès-sur-Mer quelques jours plus tard.
Comme ce dernier, Simon est arrêté en août 1942[iii], lors des premières rafles menées dans le Gard, visant spécifiquement les juifs réfugiés originaires d’Allemagne, d’Autriche ou d’Europe de l’Est. De nouveau réunis, ils sont envoyés au camp des Milles puis à Drancy. Le 7 septembre 1942, ils sont déportés par le convoi N° 29 pour Auschwitz. Sur le parcours, à Cosel (Haute-Silésie), ils sont sélectionnés et envoyés au Zwangsarbeits-lager – camp de travail forcé – de Blechhammer (matricules 176531 pour Jacob et 176590 pour Simon). Leurs destins divergent ensuite. Simon est muté dans un autre camp de travail : Gogolin, puis à Laurahütte, sous-camp d’Auschwitz[iv]. Au début 1945, il est évacué lors l’une de ces abominables « Marches de la Mort » qui le conduit finalement à Buchenwald le 12 février (matricule 124505).
Après sa libération, son état de santé très dégradé nécessite de longs soins. En juillet 1945, il est admis au sanatorium « Bir-Hakeim », en Forêt Noire, qui dépend des services de santé des troupes d’occupation françaises en Allemagne. A l’issue de son séjour, il retourne à Bruxelles au n° 20 rue Botanique, chez son frère Jacob. Il semble être resté en Belgique au moins jusque dans les années 1950.
Simon Agatstein est inscrit sur le mur des noms du Mémorial de la Shoah, dalle 2, colonne 1, rangée 2.
Gérard Krebs et Georges Muller
[i] Son père est né en 1864 à Sniatyn et sa mère à Glinaniy. Ces deux localités, redevenues polonaises pendant l’entre-deux guerres, sont aujourd’hui ukrainiennes.
[ii] Il existe aux archives de Belgique un dossier de la police des étrangers le concernant, n° 307660 (non consulté).
[iii] Ils sont peut-être arrêtés à Nîmes, où on leur connaît une adresse : à la synagogue, 40 rue Roussy.
[iv] Renseignements figurant sur le résumé d’un témoignage de Simon Agatstein, recueilli le 22/05/1951 lors d’un questionnaire du ministère de la Reconstruction belge. Cf. https://ressources.memorialdelashoah.org/notice.php?q=id:581315. Le témoignage complet (4 pages) peut être consulté sur place au Mémorial de la Shoah à Paris.
Gérard Krebs et Georges Muller
Sources :
Archives Arolsen octobre 2021
« La liste de St-Cyprien » par Marcel Bervoets
Archives départementales des PO – Mémorial de la Shoah – site MyHeritage
Photo : site https://beeldbank.kazernedossin.eu/
A voir également, pour :
– Hal, https://books.openedition.org/septentrion/7348?lang=fr
– Le Vigeant, https://www.lesamisdegeneriques.org/ark:/naan/a011442407908xSFLf2
– Blechammer, https://shs.cairn.info/revue-le-monde-juif-1985-4-page-131?lang=fr
RECHERCHEZ
Simon Agatstein est né le 15 septembre 1912 à Vienne (Autriche) dans une famille juive originaire de la partie de la Pologne alors sous domination austro-hongroise[i]. Ses parents : Chaskel Yechezkel/Hermann Agatstein et Beile Berta Fuchs se sont installés dans un premier temps à Budapest (Hongrie) où sont nés les aînés de la famille : Karolina Laura – future épouse Fleishhacker – (1901), Josef (1903) et Jenö/Yener (1906). Vers 1907, les Agatstein déménagent à Vienne où naît également Jacob en 1908. Toute la famille est de nationalité polonaise.
Dans les années 1930, Simon, célibataire, travaille comme employé de commerce ; il habite 6/19 Greiseneckergasse, Vienne 20. Mais les mesures anti-juives décrétées après l’Anschluss, le laissent sans travail et sans ressources. En mai 1938, il dépose une demande de visa d’immigration pour l’Amérique du Nord. Cette demande étant certainement restée sans suite, il émigre clandestinement en Belgique, tout comme son frère Jacob. Tous deux se fixent à Bruxelles vers 1938 : Simon au 8 rue de la Poste et Jacob au 20 rue Botanique[ii]. Comme de nombreux réfugiés juifs venus du Grand Reich – considérés comme potentiellement favorables à l’ennemi – ils sont arrêtés dans la capitale par les autorités belges, internés au centre de Hal et expulsés vers la France à la mi-mai 1940.
Après avoir transité par le camp du Vigeant (Vienne) et du Fauga-Mazères (Haute Garonne), les deux frères sont finalement internés au camp de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales). Suite aux inondations qui dévastent les lieux, ils sont transférés au camp 8 d‘Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), le 30 octobre 1940. Le 13 juillet 1941, Simon est muté au 416° Groupement des Travailleurs Etrangers (GTE) du Barcarès, tandis que son frère Jacob s’évade d’Argelès-sur-Mer quelques jours plus tard.
Comme ce dernier, Simon est arrêté en août 1942[iii], lors des premières rafles menées dans le Gard, visant spécifiquement les juifs réfugiés originaires d’Allemagne, d’Autriche ou d’Europe de l’Est. De nouveau réunis, ils sont envoyés au camp des Milles puis à Drancy. Le 7 septembre 1942, ils sont déportés par le convoi N° 29 pour Auschwitz. Sur le parcours, à Cosel (Haute-Silésie), ils sont sélectionnés et envoyés au Zwangsarbeits-lager – camp de travail forcé – de Blechhammer (matricules 176531 pour Jacob et 176590 pour Simon). Leurs destins divergent ensuite. Simon est muté dans un autre camp de travail : Gogolin, puis à Laurahütte, sous-camp d’Auschwitz[iv]. Au début 1945, il est évacué lors l’une de ces abominables « Marches de la Mort » qui le conduit finalement à Buchenwald le 12 février (matricule 124505).
Après sa libération, son état de santé très dégradé nécessite de longs soins. En juillet 1945, il est admis au sanatorium « Bir-Hakeim », en Forêt Noire, qui dépend des services de santé des troupes d’occupation françaises en Allemagne. A l’issue de son séjour, il retourne à Bruxelles au n° 20 rue Botanique, chez son frère Jacob. Il semble être resté en Belgique au moins jusque dans les années 1950.
Simon Agatstein est inscrit sur le mur des noms du Mémorial de la Shoah, dalle 2, colonne 1, rangée 2.
Gérard Krebs et Georges Muller
[i] Son père est né en 1864 à Sniatyn et sa mère à Glinaniy. Ces deux localités, redevenues polonaises pendant l’entre-deux guerres, sont aujourd’hui ukrainiennes.
[ii] Il existe aux archives de Belgique un dossier de la police des étrangers le concernant, n° 307660 (non consulté).
[iii] Ils sont peut-être arrêtés à Nîmes, où on leur connaît une adresse : à la synagogue, 40 rue Roussy.
[iv] Renseignements figurant sur le résumé d’un témoignage de Simon Agatstein, recueilli le 22/05/1951 lors d’un questionnaire du ministère de la Reconstruction belge. Cf. https://ressources.memorialdelashoah.org/notice.php?q=id:581315. Le témoignage complet (4 pages) peut être consulté sur place au Mémorial de la Shoah à Paris.
Gérard Krebs et Georges Muller
Sources :
Archives Arolsen octobre 2021
« La liste de St-Cyprien » par Marcel Bervoets
Archives départementales des PO – Mémorial de la Shoah – site MyHeritage
Photo : site https://beeldbank.kazernedossin.eu/
A voir également, pour :
– Hal, https://books.openedition.org/septentrion/7348?lang=fr
– Le Vigeant, https://www.lesamisdegeneriques.org/ark:/naan/a011442407908xSFLf2
– Blechammer, https://shs.cairn.info/revue-le-monde-juif-1985-4-page-131?lang=fr