AGASTEIN Jacob

AGASTEIN Jacob

Jakob/Jacob Agatstein est né le 18 août 1908 à Vienne (Autriche) dans une famille juive originaire de la partie de la Pologne alors sous domination autro-hongroise[i]. Ses parents : Chaskel Yechezkel/Hermann Agatstein et Beile Berta Fuchs se sont installés dans un premier temps à Budapest (Hongrie) où sont nés les aînés de la famille : Karolina Laura – future épouse Fleishhacker – (1901), Josef (1903) et Jenö/Yener (1906). Vers 1907, les Agatstein déménagent à Vienne où naît également le benjamin, Simon, en 1912. Toute la famille est de nationalité polonaise.

Célibataire, Jacob travaille à Vienne comme employé de commerce. Après l’Anschluss, les persécutions nazies le poussent à émigrer clandestinement en Belgique, tout comme son frère Simon. Tous deux se fixent à Bruxelles vers 1938 :  Jacob au 20 rue Botanique et Simon au 8 rue de la Poste[ii]. Comme de nombreux réfugiés juifs venus du Grand Reich – considérés comme potentiellement favorables à l’ennemi – ils sont arrêtés dans la capitale par les autorités belges, internés au centre de Hal et expulsés vers la France à la mi-mai 1940.

Après avoir transité par le camp du Vigeant (Vienne) et du Fauga-Mazères (Haute Garonne), les deux frères sont finalement internés au camp de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales). Suite aux inondations qui dévastent les lieux, ils sont transférés au camp 8 d‘Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), le 30 octobre 1940. Le 18 juillet 1941, quelques jours après le transfert de Simon au camp du Barcarès, Jacob s’évade d’Argelès-sur-Mer. Il est repris vers la fin de l’année et affecté comme agriculteur au Groupement de Travailleurs Etrangers des Salles-du-Gardon (Gard)[iii].

Comme son frère Simon, il est arrêté en août 1942[iv], lors des premières rafles menées dans le Gard, visant spécifiquement les juifs réfugiés originaires d’Allemagne, d’Autriche ou d’Europe de l’Est. De nouveau réunis, ils sont envoyés au camp des Milles puis à Drancy. Le 7 septembre 1942, ils sont déportés par le convoi N° 29 pour Auschwitz. Sur le parcours, à Cosel (Haute-Silésie), ils sont sélectionnés et envoyés au Zwangsarbeits-lager – camp de travail forcé – de Blechhammer (matricules 176531 pour Jacob et 176590 pour Simon). Leurs destins divergent ensuite. Il semble que Jacob reste jusqu’à l’évacuation du camp, le 21 janvier 1945. Commence alors l’une de ces abominables « Marches de la Mort » qui le conduit à Gross-Rosen. Il est ensuite transféré à Dachau où il est enregistré le 28 février sous le matricule 141979. Deux mois plus tard, il est affecté au kommando d’Ötztak dans une usine de constructions mécaniques.

Jacob est finalement libéré le 8 mai 1945 et envoyé dans les centres de déplacés de Feldafing puis de München Neu Freimann (Allemagne). Après un bref séjour dans sa ville natale en septembre, il est rapatrié en Belgique, via Strasbourg et retrouve son appartement au n° 20 rue Botanique à Bruxelles dans les derniers jours de l’année 1945.

Retourné vivre en Autriche, il s’y marie avec une jeune femme de 10 ans sa cadette, prénommée Becha. Juste après la naissance de leur fille Béatrice, née en octobre 1951, la famille s’exile aux Etats-Unis ; le navire Vulcania les débarque à New York le 26 décembre 1951[v].

Installé en Californie sous le nom de Jack J Agatstein, il décède le 10 août 1967 à Los Angeles (Etats-Unis).

Son nom est inscrit sur le mur des noms du Mémorial de la Shoah, dalle 2, colonne 1, rangée 2.

Gérard Krebs et Georges Muller

[i] Son père est né en 1864 à Sniatyn et sa mère à Glinaniy. Ces deux localités, redevenues polonaises pendant l’entre-deux guerres, sont aujourd’hui ukrainiennes.

[ii] Il existe aux archives de Belgique un dossier de la police des étrangers le concernant, n° 311051 (non consulté).

[iii] Il s’agit du Groupement 4, basé à La Favède, dépendant du GTE 805 de la Grand’ Combe. D’après certains documents, il est possible que Jacob ait été dans un premier temps affecté à la mine de charbon de la Grand ’Combe.

[iv] Ils sont peut-être arrêtés à Nîmes, où on leur connaît une adresse : à la synagogue, 40 rue Roussy.

[v] Jacob est considéré comme apatride pendant la guerre. Mais quand il émigre aux Etats-Unis, il possède un passeport autrichien, comme sa femme et sa fille.

Sources :

Archives Arolsen octobre 2021

« La liste de St-Cyprien » par Marcel Bervoets

https://www.ushmm.org/media/dc/HSV/source_media/all_cataloging/general/pdf/source_33334_prepablog.pdf

Archives départementales des PO

Archives départementales du Gard, Fichier des juifs français et étrangers, cote 1W139

Site Yad Washem – Mémorial de la Shoah – site MyHeritage

Photo : site https://beeldbank.kazernedossin.eu/

A voir également, pour :

– Hal, https://books.openedition.org/septentrion/7348?lang=fr

– Le Vigeant, https://www.lesamisdegeneriques.org/ark:/naan/a011442407908xSFLf2

– Blechammer, https://shs.cairn.info/revue-le-monde-juif-1985-4-page-131?lang=fr

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.
AGASTEIN Jacob

AGASTEIN Jacob

Jakob/Jacob Agatstein est né le 18 août 1908 à Vienne (Autriche) dans une famille juive originaire de la partie de la Pologne alors sous domination autro-hongroise[i]. Ses parents : Chaskel Yechezkel/Hermann Agatstein et Beile Berta Fuchs se sont installés dans un premier temps à Budapest (Hongrie) où sont nés les aînés de la famille : Karolina Laura – future épouse Fleishhacker – (1901), Josef (1903) et Jenö/Yener (1906). Vers 1907, les Agatstein déménagent à Vienne où naît également le benjamin, Simon, en 1912. Toute la famille est de nationalité polonaise.

Célibataire, Jacob travaille à Vienne comme employé de commerce. Après l’Anschluss, les persécutions nazies le poussent à émigrer clandestinement en Belgique, tout comme son frère Simon. Tous deux se fixent à Bruxelles vers 1938 :  Jacob au 20 rue Botanique et Simon au 8 rue de la Poste[ii]. Comme de nombreux réfugiés juifs venus du Grand Reich – considérés comme potentiellement favorables à l’ennemi – ils sont arrêtés dans la capitale par les autorités belges, internés au centre de Hal et expulsés vers la France à la mi-mai 1940.

Après avoir transité par le camp du Vigeant (Vienne) et du Fauga-Mazères (Haute Garonne), les deux frères sont finalement internés au camp de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales). Suite aux inondations qui dévastent les lieux, ils sont transférés au camp 8 d‘Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), le 30 octobre 1940. Le 18 juillet 1941, quelques jours après le transfert de Simon au camp du Barcarès, Jacob s’évade d’Argelès-sur-Mer. Il est repris vers la fin de l’année et affecté comme agriculteur au Groupement de Travailleurs Etrangers des Salles-du-Gardon (Gard)[iii].

Comme son frère Simon, il est arrêté en août 1942[iv], lors des premières rafles menées dans le Gard, visant spécifiquement les juifs réfugiés originaires d’Allemagne, d’Autriche ou d’Europe de l’Est. De nouveau réunis, ils sont envoyés au camp des Milles puis à Drancy. Le 7 septembre 1942, ils sont déportés par le convoi N° 29 pour Auschwitz. Sur le parcours, à Cosel (Haute-Silésie), ils sont sélectionnés et envoyés au Zwangsarbeits-lager – camp de travail forcé – de Blechhammer (matricules 176531 pour Jacob et 176590 pour Simon). Leurs destins divergent ensuite. Il semble que Jacob reste jusqu’à l’évacuation du camp, le 21 janvier 1945. Commence alors l’une de ces abominables « Marches de la Mort » qui le conduit à Gross-Rosen. Il est ensuite transféré à Dachau où il est enregistré le 28 février sous le matricule 141979. Deux mois plus tard, il est affecté au kommando d’Ötztak dans une usine de constructions mécaniques.

Jacob est finalement libéré le 8 mai 1945 et envoyé dans les centres de déplacés de Feldafing puis de München Neu Freimann (Allemagne). Après un bref séjour dans sa ville natale en septembre, il est rapatrié en Belgique, via Strasbourg et retrouve son appartement au n° 20 rue Botanique à Bruxelles dans les derniers jours de l’année 1945.

Retourné vivre en Autriche, il s’y marie avec une jeune femme de 10 ans sa cadette, prénommée Becha. Juste après la naissance de leur fille Béatrice, née en octobre 1951, la famille s’exile aux Etats-Unis ; le navire Vulcania les débarque à New York le 26 décembre 1951[v].

Installé en Californie sous le nom de Jack J Agatstein, il décède le 10 août 1967 à Los Angeles (Etats-Unis).

Son nom est inscrit sur le mur des noms du Mémorial de la Shoah, dalle 2, colonne 1, rangée 2.

Gérard Krebs et Georges Muller

[i] Son père est né en 1864 à Sniatyn et sa mère à Glinaniy. Ces deux localités, redevenues polonaises pendant l’entre-deux guerres, sont aujourd’hui ukrainiennes.

[ii] Il existe aux archives de Belgique un dossier de la police des étrangers le concernant, n° 311051 (non consulté).

[iii] Il s’agit du Groupement 4, basé à La Favède, dépendant du GTE 805 de la Grand’ Combe. D’après certains documents, il est possible que Jacob ait été dans un premier temps affecté à la mine de charbon de la Grand ’Combe.

[iv] Ils sont peut-être arrêtés à Nîmes, où on leur connaît une adresse : à la synagogue, 40 rue Roussy.

[v] Jacob est considéré comme apatride pendant la guerre. Mais quand il émigre aux Etats-Unis, il possède un passeport autrichien, comme sa femme et sa fille.

Sources :

Archives Arolsen octobre 2021

« La liste de St-Cyprien » par Marcel Bervoets

https://www.ushmm.org/media/dc/HSV/source_media/all_cataloging/general/pdf/source_33334_prepablog.pdf

Archives départementales des PO

Archives départementales du Gard, Fichier des juifs français et étrangers, cote 1W139

Site Yad Washem – Mémorial de la Shoah – site MyHeritage

Photo : site https://beeldbank.kazernedossin.eu/

A voir également, pour :

– Hal, https://books.openedition.org/septentrion/7348?lang=fr

– Le Vigeant, https://www.lesamisdegeneriques.org/ark:/naan/a011442407908xSFLf2

– Blechammer, https://shs.cairn.info/revue-le-monde-juif-1985-4-page-131?lang=fr

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