NARDONE Damien alias « Le Sourdingue » 

  • Evadé du train fantôme

  • Né à Sète le 6 décembre 1924

  • Décédé à Sète le 7 juin 2010

     

 

Damien Nardone s’engage dans la Résistance dès 1941. Au sein du « Groupe-Franc de Combat », il participe à de nombreuses actions contre les collaborateurs et l’occupant. Arrêté en mars 1944, il s’évade le 20 août de la même année du « Train fantôme » qui le conduit à Dachau.

Issu d’une famille d’origine italienne, Damien Honoré Alexandre Nardone naît à Sète le 6 décembre 1924. Il est le fils aîné de Nicolas Nardone, docker, et de Joséphine Catanzano, sans profession. Le couple aura deux autres enfants, Marthe et Elise, nées en 1927 et 1931.  Damien passe toute son enfance et son adolescence à Sète. Orphelin de mère en 1935, il est pris en charge par ses grands-parents maternels. Après son échec au certificat d’études primaires, il est embauché comme tonnelier chez un oncle maternel. En 1941, alors qu’il n’a que 17 ans, Damien Nardone rejoint un groupe de jeunes sétois qui « n’acceptent ni la défaite temporaire, ni le régime asservi de Vichy. Pour eux « la vraie France est celle qui résiste ! Son seul chef : le Général de Gaulle ! »[1]. Ils n’hésitent pas à diffuser parmi la jeunesse locale des mots d’ordre anti-gouvernementaux. Au sein d’une cinquantaine de jeunes[2], groupés par quartier, Damien Nardone et ses amis participent essentiellement à des actions de propagande avec la diffusion de tracts et de journaux clandestins. Journaux et tracts que Damien va chercher tous les trois mois à Villeurbanne et cela jusqu’à l’invasion de la zone libre par les Allemands en novembre 1942. Dans les premiers mois de l’année 1942, Damien Nardone intègre avec une grande partie de ses amis un « Groupe-Franc[3] de Combat » constitué à Sète en février 1942. Mieux organisé, ce groupe d’une quarantaine de jeunes intensifie son activité antigouvernementale en multipliant les manifestations et les actions contre des collaborateurs notoires. Avec l’occupation par les Allemands de la zone sud à partir du 11 novembre 1942, Damien Nardone et son groupe mènent une activité de résistance plus offensive avec notamment l’organisation d’attentats et de sabotages[4], dirigés à la fois contre les collaborateurs locaux et contre l’occupant. Damien est particulièrement chargé de la récupération et du transport d’explosifs. Il ne s’agit plus pour lui de déjouer seulement la police de Vichy, il doit désormais observer un état de vigilance permanent face à la féroce répression de la Gestapo qui n’hésite pas à s’allier la Milice locale et les agents du P.P.F. de Marseille. Entre le 15 et 18 janvier 1944, plusieurs membres du Groupe Franc Combat sont arrêtés, d’autres dont Damien Nardone parviennent à fuir. La Gestapo qui le recherche activement se rend le 29 janvier chez son père mais ne le trouvant pas arrête ce dernier qui subira la torture et sera déporté[5] au camp de Buchenwald après un passage à Auschwitz. En fuite, Damien Nardone parvient à rejoindre le maquis d’Ardaillès[6] situé à quelques kilomètres de Valleraugue dans le Gard[7]. Le 29 février Ardaillès est envahi par les Allemands[8] qui saccagent et pillent le village, incendient plusieurs habitations dont la Soureilhade. Damien Nardone et ses camarades avertis à temps parviennent à s’échapper sous les tirs des Allemands et à trouver refuge dans les alentours. Dans sa fuite, Damien est blessé à l’oreille, ce qui lui vaudra plus tard le surnom de « sourdingue ». Il est recueilli et caché quelques jours par des paysans dans une grotte où un médecin[9] acquis au combat de la Résistance lui prodigue les premiers soins. Damien décide ensuite de se rendre à Nîmes pour se faire soigner à l’hôpital. Mais ce dernier étant étroitement surveillé, il retourne à Sète chez un oncle qui ne veut pas le recevoir par peur de représailles. Il renonce à aller voir ses sœurs qui depuis l’arrestation de leur père, vivent dans la journée chez leurs grands-parents. Il ne s’agit pas de les « compromettre » et de les mettre ainsi en danger. Il parvient toutefois à contacter des amis qui le soignent et l’accompagnent à la gare de Sète direction Toulouse. Il y retrouve des camarades et des contacts de la Résistance. Il en profite également pour parfaire les soins reçus à Sète. Se considérant toujours apte au combat, il décide de rejoindre le maquis de la Montagne Noire[10] mais en vain. Le 14 mars 1944, près de Carmaux, il est reconnu lors d’un contrôle routier opéré par la gendarmerie française et est arrêté. Il est alors incarcéré à la prison d’Albi jusqu’au 13 avril 1944, date à laquelle il est transféré à la prison saint-Michel de Toulouse où il retrouve des camarades du Groupe-Franc de Combat de Sète dont Damien Marcone. Le 3 juillet 1944, avec 149 autres détenus il rejoint à la gare Reynal de Toulouse 403 détenus du camp de Vernet arrivés la veille, tous sont destinés à être déportés au camp de Dachau par l’un des derniers convois de déportation connu sous l’appellation de « Train fantôme »[11]. Entassés à 70 hommes dans des wagons à bestiaux, Damien Nardone et ses codétenus débutent un voyage dont les conditions se révèleront effroyables. Le 20 août 1944[12], jour de la libération de Sète, après sept semaines d’un transport sans cesse interrompu, mitraillé à plusieurs reprises par les avions des Alliés, Damien Nardone parvient avec 11 autres codétenus à s’évader à la hauteur du lieu-dit de « L’Homme d’Armes » à quelques kilomètres au nord de Montélimar. Lors d’un transbordement de déportés à Sorgues, l’un d’entr’eux, Christian de Roquemaurel, a pu ramasser discrètement une barre métallique grâce à laquelle certains de ses camarades dont Damien Nardone et Damien Marcone vont se servir pour déboulonner et ôter des planches du plancher de leur wagon créant ainsi une ouverture par laquelle ils pourront s’échapper. Entouré de vêtements pour protéger ses genoux et sa tête, Damien Nardone parvient à se laisser glisser sur la voie sans se blesser et se retrouve dans un champ de tomates.  Il est recueilli par des paysans qui lui donnent à manger et l’hébergent pour la nuit. Sur leur indication il profite du bac qu’empruntent chaque matin les ouvriers de l’usine Lafarge pour se rendre sur la rive droite du Rhône, et rejoint ainsi les Américains qui s’y trouvent. Presque deux semaines plus tard, le 4 septembre 1944, il retourne à Sète. Il s’engage dans le 3e bataillon régional du territoire de Sète qu’il quitte le 17 janvier 1945 avec le grade de sergent après avoir été réformé en raison de son handicap auditif. Il retrouve la vie civile et travaille comme docker sur le port de Sète. Le 1e avril 1950, il épouse Josette Vinsonneau, originaire de Montpellier et qui exerce la profession de vendeuse. De leur union naissent trois enfants, Norbert, Francis et Maryline, respectivement en 1950, 1955 et 1959. Peu après son mariage, Damien Nardone intègre la Chambre de Commerce et d’Industrie de Sète comme technicien d’entretien, emploi qu’il occupera jusqu’à sa retraite en 1984. Véritable passion familiale transmise de père en fils, Damien pratique assidument la chasse au gibier d’eau. Mais là n’est pas sa seule passion, il voue un véritable culte au Général de Gaulle dont il a lu tous les livres et dont il a suivi très tôt l’appel de juin 1940. De « caractère entier », il est dépeint par ses proches comme un homme au fort tempérament, réactif voire impulsif, il est d’ailleurs surnommé avec affection par ses amis « pétard ». Très jovial et très sociable, il aime « bien vivre » et s’entourer de ses amis. Les autres ne lui sont pas indifférents et son altruisme le pousse à défendre leurs intérêts quand il juge qu’ils sont compromis. « Homme de l’ombre », il n’a jamais brigué de mandat politique et c’est au sein d’associations d’anciens combattants qu’il s’implique. En 1991, il participe à la création de l’Amicale du Train Fantôme qui verra le jour deux ans plus tard.

Chevalier de la légion d’Honneur et Médaillé militaire, titulaire de la Croix de guerre 1939-1945, de la Croix de combattant volontaire de la Résistance et de la médaille des internés résistants, Damien Nardone décède le 7 juin 2010 à Sète, ville qu’il aimait passionnément.

Eric BERNARD

[1] Historique du « Groupe-Franc de Combat » de Sète de Maurice Roche, Edmond Millet, Léon Magurno et Louis Oulhiou, Sète août 1955 in BLIN, Jacques et RICHARD RALITE, Jean-Claude. « Un groupe Franc de Combat à Sète durant la Seconde Guerre mondiale », Etudes Héraultaises 2015 n° 45, p. 154. Disponible en ligne à l’adresse : http://www.etudesheraultaises.fr/

[2] Dirigés par Maurice Roche et ses deux adjoints André Porte et Jean-Marie Barrat

[3] Groupes paramilitaires créés à partir de 1941 par les principaux mouvements de Résistance en zone Sud dont Combat, pour mener des actions plus radicales contre les collaborateurs et les Allemands.

[4] Le groupe s’est vu renforcé par la venue d’un ancien militaire Damien Marcone spécialiste en explosifs et pratique d’attentats et de sabotages. Il sera arrêté à Sète le 27 janvier 1944.

[5] Par le convoi dit des « tatoués » du 27 avril 1944.

[6] Dit aussi maquis de la « Soureilhade », nom de la ferme où logent les maquisards

[7] Créé en avril 1943 par le pasteur Olivès, il deviendra le maquis Aigoual-Cévennes en se regroupant avec celui de Lasalle.

[8] Plus précisément la Division de Feldgendarmes attachée à la 9ème Division blindée SS Hohenstaufen (350 hommes environ venus avec 47 véhicules)  dont l’état-major était installé à Nîmes depuis le 20 février 1944.

[9] Il s’agirait du docteur Vial.

[10] Plus exactement le Corps-Franc de la Montagne Noire installé au sud du Massif Central, dans une zone montagneuse située aux confins de plusieurs départements : la Haute-Garonne, le Tarn et l’Aude.

[11] L’un des derniers convois de déportés, qui a mis près de deux mois pour parvenir à Dachau. Parti de Toulouse le 3 juillet 1944, il arrivera à Dachau le 28 août 1944 malgré l’action de la Résistance et les bombardements de l’aviation alliée. Il comporta autour de 750 détenus et compta de tous les convois de déportés le plus grand nombre d’évasions (autour de 200). Baptisé « Train Fantôme » parce qu’il ne cessait d’apparaître, de disparaître, de se recomposer, de réapparaître, en raison des bombardements alliés et des sabotages de la Résistance.

[12] C’est aussi le jour de la libération de Sète.

Sources :

BLIN, Jacques et RICHARD RALITE, Jean-Claude. « Un groupe Franc de Combat à Sète durant la Seconde Guerre mondiale », Etudes Héraultaises 2015 n° 45, p. 154. Disponible en ligne à l’adresse : http://www.etudesheraultaises.fr/ (dernière consultation le 8 juin 2025)

Société des membres de la Légion d’Honneur, section du Languedoc sud, « Hommage de la section du Languedoc sud des membres de la Légion d’Honneur décorés au péril de leur vie. A Damien Nardone, leur camarade, décédé à Sète le 7 juin 2010 ». Disponible en ligne à l’adresse : https://www.museedelaresistanceenligne.org/documents.php?d=226a79x4n5pcooswk8.pdf (dernière consultation le 10 juin 2025).

LUTAUD, Laurent, DI SCALA, Patricia. Les naufragés et les rescapés du « Train fantôme ». Paris : éd. L’Harmattan, 2003, 244 p.

VLIEGHE, Laurent. Les Maquis d’Ardaillès ou de la Soureilhade. Mémoire de maîtrise d’histoire contemporaine. Montpellier : Université Paul Valéry-Montpellier III, 1997. Disponible en ligne à l’adresse : https://www.cevennesresistance.fr/maquis-ardailles-l-vlieghe.pdf (dernière consultation le 10 juin 2025)

Témoignage de Norbert Nardone, fils de Damien Nardone

Vous avez un complément d’informations ? N’hésitez pas nous le faire savoir.

NARDONE Damien alias « Le Sourdingue » 

  • Evadé du train fantôme

  • Né à Sète le 6 décembre 1924

  • Décédé à Sète le 7 juin 2010

     

 

Damien Nardone s’engage dans la Résistance dès 1941. Au sein du « Groupe-Franc de Combat », il participe à de nombreuses actions contre les collaborateurs et l’occupant. Arrêté en mars 1944, il s’évade le 20 août de la même année du « Train fantôme » qui le conduit à Dachau.

Issu d’une famille d’origine italienne, Damien Honoré Alexandre Nardone naît à Sète le 6 décembre 1924. Il est le fils aîné de Nicolas Nardone, docker, et de Joséphine Catanzano, sans profession. Le couple aura deux autres enfants, Marthe et Elise, nées en 1927 et 1931.  Damien passe toute son enfance et son adolescence à Sète. Orphelin de mère en 1935, il est pris en charge par ses grands-parents maternels. Après son échec au certificat d’études primaires, il est embauché comme tonnelier chez un oncle maternel. En 1941, alors qu’il n’a que 17 ans, Damien Nardone rejoint un groupe de jeunes sétois qui « n’acceptent ni la défaite temporaire, ni le régime asservi de Vichy. Pour eux « la vraie France est celle qui résiste ! Son seul chef : le Général de Gaulle ! »[1]. Ils n’hésitent pas à diffuser parmi la jeunesse locale des mots d’ordre anti-gouvernementaux. Au sein d’une cinquantaine de jeunes[2], groupés par quartier, Damien Nardone et ses amis participent essentiellement à des actions de propagande avec la diffusion de tracts et de journaux clandestins. Journaux et tracts que Damien va chercher tous les trois mois à Villeurbanne et cela jusqu’à l’invasion de la zone libre par les Allemands en novembre 1942. Dans les premiers mois de l’année 1942, Damien Nardone intègre avec une grande partie de ses amis un « Groupe-Franc[3] de Combat » constitué à Sète en février 1942. Mieux organisé, ce groupe d’une quarantaine de jeunes intensifie son activité antigouvernementale en multipliant les manifestations et les actions contre des collaborateurs notoires. Avec l’occupation par les Allemands de la zone sud à partir du 11 novembre 1942, Damien Nardone et son groupe mènent une activité de résistance plus offensive avec notamment l’organisation d’attentats et de sabotages[4], dirigés à la fois contre les collaborateurs locaux et contre l’occupant. Damien est particulièrement chargé de la récupération et du transport d’explosifs. Il ne s’agit plus pour lui de déjouer seulement la police de Vichy, il doit désormais observer un état de vigilance permanent face à la féroce répression de la Gestapo qui n’hésite pas à s’allier la Milice locale et les agents du P.P.F. de Marseille. Entre le 15 et 18 janvier 1944, plusieurs membres du Groupe Franc Combat sont arrêtés, d’autres dont Damien Nardone parviennent à fuir. La Gestapo qui le recherche activement se rend le 29 janvier chez son père mais ne le trouvant pas arrête ce dernier qui subira la torture et sera déporté[5] au camp de Buchenwald après un passage à Auschwitz. En fuite, Damien Nardone parvient à rejoindre le maquis d’Ardaillès[6] situé à quelques kilomètres de Valleraugue dans le Gard[7]. Le 29 février Ardaillès est envahi par les Allemands[8] qui saccagent et pillent le village, incendient plusieurs habitations dont la Soureilhade. Damien Nardone et ses camarades avertis à temps parviennent à s’échapper sous les tirs des Allemands et à trouver refuge dans les alentours. Dans sa fuite, Damien est blessé à l’oreille, ce qui lui vaudra plus tard le surnom de « sourdingue ». Il est recueilli et caché quelques jours par des paysans dans une grotte où un médecin[9] acquis au combat de la Résistance lui prodigue les premiers soins. Damien décide ensuite de se rendre à Nîmes pour se faire soigner à l’hôpital. Mais ce dernier étant étroitement surveillé, il retourne à Sète chez un oncle qui ne veut pas le recevoir par peur de représailles. Il renonce à aller voir ses sœurs qui depuis l’arrestation de leur père, vivent dans la journée chez leurs grands-parents. Il ne s’agit pas de les « compromettre » et de les mettre ainsi en danger. Il parvient toutefois à contacter des amis qui le soignent et l’accompagnent à la gare de Sète direction Toulouse. Il y retrouve des camarades et des contacts de la Résistance. Il en profite également pour parfaire les soins reçus à Sète. Se considérant toujours apte au combat, il décide de rejoindre le maquis de la Montagne Noire[10] mais en vain. Le 14 mars 1944, près de Carmaux, il est reconnu lors d’un contrôle routier opéré par la gendarmerie française et est arrêté. Il est alors incarcéré à la prison d’Albi jusqu’au 13 avril 1944, date à laquelle il est transféré à la prison saint-Michel de Toulouse où il retrouve des camarades du Groupe-Franc de Combat de Sète dont Damien Marcone. Le 3 juillet 1944, avec 149 autres détenus il rejoint à la gare Reynal de Toulouse 403 détenus du camp de Vernet arrivés la veille, tous sont destinés à être déportés au camp de Dachau par l’un des derniers convois de déportation connu sous l’appellation de « Train fantôme »[11]. Entassés à 70 hommes dans des wagons à bestiaux, Damien Nardone et ses codétenus débutent un voyage dont les conditions se révèleront effroyables. Le 20 août 1944[12], jour de la libération de Sète, après sept semaines d’un transport sans cesse interrompu, mitraillé à plusieurs reprises par les avions des Alliés, Damien Nardone parvient avec 11 autres codétenus à s’évader à la hauteur du lieu-dit de « L’Homme d’Armes » à quelques kilomètres au nord de Montélimar. Lors d’un transbordement de déportés à Sorgues, l’un d’entr’eux, Christian de Roquemaurel, a pu ramasser discrètement une barre métallique grâce à laquelle certains de ses camarades dont Damien Nardone et Damien Marcone vont se servir pour déboulonner et ôter des planches du plancher de leur wagon créant ainsi une ouverture par laquelle ils pourront s’échapper. Entouré de vêtements pour protéger ses genoux et sa tête, Damien Nardone parvient à se laisser glisser sur la voie sans se blesser et se retrouve dans un champ de tomates.  Il est recueilli par des paysans qui lui donnent à manger et l’hébergent pour la nuit. Sur leur indication il profite du bac qu’empruntent chaque matin les ouvriers de l’usine Lafarge pour se rendre sur la rive droite du Rhône, et rejoint ainsi les Américains qui s’y trouvent. Presque deux semaines plus tard, le 4 septembre 1944, il retourne à Sète. Il s’engage dans le 3e bataillon régional du territoire de Sète qu’il quitte le 17 janvier 1945 avec le grade de sergent après avoir été réformé en raison de son handicap auditif. Il retrouve la vie civile et travaille comme docker sur le port de Sète. Le 1e avril 1950, il épouse Josette Vinsonneau, originaire de Montpellier et qui exerce la profession de vendeuse. De leur union naissent trois enfants, Norbert, Francis et Maryline, respectivement en 1950, 1955 et 1959. Peu après son mariage, Damien Nardone intègre la Chambre de Commerce et d’Industrie de Sète comme technicien d’entretien, emploi qu’il occupera jusqu’à sa retraite en 1984. Véritable passion familiale transmise de père en fils, Damien pratique assidument la chasse au gibier d’eau. Mais là n’est pas sa seule passion, il voue un véritable culte au Général de Gaulle dont il a lu tous les livres et dont il a suivi très tôt l’appel de juin 1940. De « caractère entier », il est dépeint par ses proches comme un homme au fort tempérament, réactif voire impulsif, il est d’ailleurs surnommé avec affection par ses amis « pétard ». Très jovial et très sociable, il aime « bien vivre » et s’entourer de ses amis. Les autres ne lui sont pas indifférents et son altruisme le pousse à défendre leurs intérêts quand il juge qu’ils sont compromis. « Homme de l’ombre », il n’a jamais brigué de mandat politique et c’est au sein d’associations d’anciens combattants qu’il s’implique. En 1991, il participe à la création de l’Amicale du Train Fantôme qui verra le jour deux ans plus tard.

Chevalier de la légion d’Honneur et Médaillé militaire, titulaire de la Croix de guerre 1939-1945, de la Croix de combattant volontaire de la Résistance et de la médaille des internés résistants, Damien Nardone décède le 7 juin 2010 à Sète, ville qu’il aimait passionnément.

Eric BERNARD

[1] Historique du « Groupe-Franc de Combat » de Sète de Maurice Roche, Edmond Millet, Léon Magurno et Louis Oulhiou, Sète août 1955 in BLIN, Jacques et RICHARD RALITE, Jean-Claude. « Un groupe Franc de Combat à Sète durant la Seconde Guerre mondiale », Etudes Héraultaises 2015 n° 45, p. 154. Disponible en ligne à l’adresse : http://www.etudesheraultaises.fr/

[2] Dirigés par Maurice Roche et ses deux adjoints André Porte et Jean-Marie Barrat

[3] Groupes paramilitaires créés à partir de 1941 par les principaux mouvements de Résistance en zone Sud dont Combat, pour mener des actions plus radicales contre les collaborateurs et les Allemands.

[4] Le groupe s’est vu renforcé par la venue d’un ancien militaire Damien Marcone spécialiste en explosifs et pratique d’attentats et de sabotages. Il sera arrêté à Sète le 27 janvier 1944.

[5] Par le convoi dit des « tatoués » du 27 avril 1944.

[6] Dit aussi maquis de la « Soureilhade », nom de la ferme où logent les maquisards

[7] Créé en avril 1943 par le pasteur Olivès, il deviendra le maquis Aigoual-Cévennes en se regroupant avec celui de Lasalle.

[8] Plus précisément la Division de Feldgendarmes attachée à la 9ème Division blindée SS Hohenstaufen (350 hommes environ venus avec 47 véhicules)  dont l’état-major était installé à Nîmes depuis le 20 février 1944.

[9] Il s’agirait du docteur Vial.

[10] Plus exactement le Corps-Franc de la Montagne Noire installé au sud du Massif Central, dans une zone montagneuse située aux confins de plusieurs départements : la Haute-Garonne, le Tarn et l’Aude.

[11] L’un des derniers convois de déportés, qui a mis près de deux mois pour parvenir à Dachau. Parti de Toulouse le 3 juillet 1944, il arrivera à Dachau le 28 août 1944 malgré l’action de la Résistance et les bombardements de l’aviation alliée. Il comporta autour de 750 détenus et compta de tous les convois de déportés le plus grand nombre d’évasions (autour de 200). Baptisé « Train Fantôme » parce qu’il ne cessait d’apparaître, de disparaître, de se recomposer, de réapparaître, en raison des bombardements alliés et des sabotages de la Résistance.

[12] C’est aussi le jour de la libération de Sète.

Sources :

BLIN, Jacques et RICHARD RALITE, Jean-Claude. « Un groupe Franc de Combat à Sète durant la Seconde Guerre mondiale », Etudes Héraultaises 2015 n° 45, p. 154. Disponible en ligne à l’adresse : http://www.etudesheraultaises.fr/ (dernière consultation le 8 juin 2025)

Société des membres de la Légion d’Honneur, section du Languedoc sud, « Hommage de la section du Languedoc sud des membres de la Légion d’Honneur décorés au péril de leur vie. A Damien Nardone, leur camarade, décédé à Sète le 7 juin 2010 ». Disponible en ligne à l’adresse : https://www.museedelaresistanceenligne.org/documents.php?d=226a79x4n5pcooswk8.pdf (dernière consultation le 10 juin 2025).

LUTAUD, Laurent, DI SCALA, Patricia. Les naufragés et les rescapés du « Train fantôme ». Paris : éd. L’Harmattan, 2003, 244 p.

VLIEGHE, Laurent. Les Maquis d’Ardaillès ou de la Soureilhade. Mémoire de maîtrise d’histoire contemporaine. Montpellier : Université Paul Valéry-Montpellier III, 1997. Disponible en ligne à l’adresse : https://www.cevennesresistance.fr/maquis-ardailles-l-vlieghe.pdf (dernière consultation le 10 juin 2025)

Témoignage de Norbert Nardone, fils de Damien Nardone

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