MERMELSTEIN Paula

  • Auschwitz

  • Née  le 10 janvier 1934 à Anvers-Borgerhout

  • Décédée le 25 mai 1944 à Auschwitz

Frieda naît à Varsovie (Pologne) le 6 mars 1912, tout comme sa sœur Ester, son aînée de cinq ans, née le 2 mars 1907. Au tout début des années 1920, leur père Abram Gutman émigre aux Pays-Bas. La famille s’installe alors à Amsterdam, 35 Constantijn Huijgensstraat, puis, en 1924, elle déménage à Anvers (Belgique).

C’est là que Frieda se marie, en 1933, avec Marek (Max) Mermelstein, né le 14 septembre 1907 à Michalovce, – alors en Hongrie, aujourd’hui en Slovaquie – et arrivé en Belgique en 1925. Le couple vit à Borgerhout, district d’Anvers au 3 Marinisstrasst. Marek est établi comme boucher kasher et son épouse se déclare vendeuse.

Leur premier enfant, Paula (Paulette) naît le 10 janvier 1934 à Anvers-Borgerhout, les parents ont alors respectivement 27 et 22 ans. Marcel, naît trois ans plus tard, le 14 janvier 1937, dans la même ville. Les deux enfants ont ainsi la nationalité belge tandis que Max garde sa nationalité hongroise (ou slovaque selon les sources) et que Frieda a acquis par mariage celle de son époux.

Le 14 mai 1940, devant l’avancée allemande, les Mermelstein fuient vers la France, comme de nombreux Belges. Réfugiés en zone libre, il est possible qu’ils s’installent un moment dans le Gard où l’on trouve la trace de Frieda à Saint-Sébastien d’Aigrefeuille. [1]

Domiciliés ensuite à Causses-et-Veyran dans l’Hérault, ils sont arrêtés tous les quatre le 28 juin 1942, puis internés le 31 août au camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales). Les enfants sont libérés une dizaine de jours plus tard, le 9 septembre, le motif invoqué étant « mère enceinte ». C’est très probablement l’Oeuvre de Secours aux Enfants (OSE) qui les prend en charge. Frieda et son mari arrivent à sortir du camp en s’évadant ; Max rejoint le maquis, tandis que Frieda finit par se fixer à Pau (Pyrénées-Atlantiques), au 2 rue d’Alsace.

Les enfants Mermelstein intègrent successivement différents lieux d’hébergement dépendants de l’OSE situés à Palavas (Hérault), Campestre (Gard) près de Lodève et sans doute à Nîmes (puisqu’une adresse, rue Saint Gilles, les situe à un moment dans cette ville). Ils se retrouvent enfin à la Colonie des enfants réfugiés de l’Hérault en mai 1943, colonie qui devient la Maison d’Enfants d’Izieu, située à Belley dans l’Ain. Ils retrouvent deux autres enfants anversois, les Tetelbaum. On sait que la scolarité de Paula s’effectue au niveau du « cours moyen » et que Marcel est hospitalisé à Chambéry pendant deux jours le 24 décembre 1943. La vie le village d’Izieu est plutôt paisible, du moins jusqu’en septembre 1943, date à laquelle les Allemands occupent la zone italienne.

Le 8 février 1944, les Allemands arrêtent le personnel de l’OSE de Chambéry, l’OSE entreprend alors de fermer toutes ses maisons ; seule celle d’Izieu reste encore en activité. Sabine Zlatin, sa directrice, fait des démarches en février 1944 pour céder la maison au Service social d’Aide aux Emigrants. Elle prévoit de transférer les enfants dans l’Hérault. Le 2 avril, elle est à Montpellier pour organiser les départs, mais le 6 avril, la Gestapo, sur ordre de Klaus Barbie arrête les 44 enfants présents et les 6 adultes encadrants. Les enfants Hélène et Bernard Waysenson (voir biographie de Joseph Waysenson) sont les seuls à avoir quitté à temps la Maison d’Izieu.

Les autres enfants et les adultes sont embarqués dans des camions vers la prison de Montluc (Lyon). Ils y restent le 6 et 7 avril dans un dénuement complet et sont ensuite expédiés au camp de Drancy où ils arrivent le 8 avril 1944 (Paula matricule 19212, Marcel matricule 19213).

Quant à Frieda Mermelstein, peu de temps après la liquidation d’Izieu, elle est arrêtée, à Pau puis, le 13 mai 1944 emprisonnée à Toulouse (dossier n° 41-15293). Son adresse a-t-elle été trouvée dans les affaires des enfants ? C’est une hypothèse évoquée par certains.

À Drancy Paula et Marcel retrouvent leur mère (matricule 21903) et tous les trois partent le 20 mai 1944 pour Auschwitz par le convoi 74. Lorsqu’ils y sont gazés, Frieda est âgée de 32 ans, Paula de 10 ans et Marcel de 7 ans.

Les attestations de leur disparition et de présomption de leur décès ne seront délivrées qu’en 2009 date à laquelle la mention Mort en Déportation leur est également attribuée ; la date de leur décès a été fixée au 25 mai 1944.

Max, époux de Frieda, père de Paula et Marcel aura la vie sauve et partira en Australie après la guerre, Au sein de l’Association des fils et filles de déportés juifs de France, il se constituera partie civile au procès de Klaus Barbie en 1987.

Rédaction : Marie Balta et Gérard Krebs


[1] St Sébastien d’Aigrefeuille, à quelques kilomètres d’Anduze dans le Gard est connu pour le sauvetage de deux enfants juifs et leur mère cachés par les habitants, avec la complicité des élus. Six habitants sont condamnés, deux ont été déportés et ne sont pas revenus, tous honorés comme Justes.

Sources :

-Dossiers Caen : Paula : 21P 48 2429, Marcel : 21P 48 2429 (dont photo Frieda)

-Guide des Stolepersteine de Bogerhout-Anvers.
-Archives de la ville d’Amsterdam : https://www.openarchieven.nl/saa:a0f5f2d6-84ab-4f29-a2b1-6bd5a6905358
-Archives départementales des Pyrénées Orientales : https://archives-camps.cg66.fr/basescamps
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3334423r.r=%22max%20mermelstein%22?rk=21459;2
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3328863m.r=%22marcel%20mermelstein%22?rk=42918;4#
-Sur les enfants d’Izieu   https://www.mahj.org/sites/default/files/2023-02/DP%20Izieu%20d%C3%A9f.pdf
-Dossier Pédagogique « Tu te souviendras de moi . Paroles et dessins des enfants de la Maison d’Izieu, 43-44.
-Les mémoires de la Dame d’Izieu. Sabine Zlatin. Cf. sa déposition au procès Barbie, Gallimard collection Témoins 1992.
– Le Procès Barbie. Mémoire de Master 2 de Lila Amoura, sous la direction de Denis Pechanski Année 2016/2017. Panthéon Sorbonne. Centre d’Histoire Sociale du XXème siècle.
– Journal l’Humanité du 25 juin 2023 concernant le village de St Sébastien d’Aigrefeuille.
– Extrait tract du Réseau de Résistance Fraternité mai 44. Archives du PCF. (Conditions de détention des enfants d’Izieu à la prison de Montluc)
– Archives du Comité d’Histoire de la 2ème Guerre Mondiale. Service de la protection des juifs. Cotes : 72AJ/71 dossier n°11, pièce 10.
– Journal officiel du 11 mars 201O, texte 51 (apposition de la mention Mort en Déportation sur Actes Déclaratifs de décès).
– Site « Find a Grave », photos de Paula et de Marcel : https://fr.findagrave.com/memorial/126773381/paula-mermelstein/photo
https://fr.findagrave.com/memorial/126773898/marcel-mermelstein

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MERMELSTEIN Paula

  • Auschwitz

  • Née  le 10 janvier 1934 à Anvers-Borgerhout

  • Décédée le 25 mai 1944 à Auschwitz

Frieda naît à Varsovie (Pologne) le 6 mars 1912, tout comme sa sœur Ester, son aînée de cinq ans, née le 2 mars 1907. Au tout début des années 1920, leur père Abram Gutman émigre aux Pays-Bas. La famille s’installe alors à Amsterdam, 35 Constantijn Huijgensstraat, puis, en 1924, elle déménage à Anvers (Belgique).

C’est là que Frieda se marie, en 1933, avec Marek (Max) Mermelstein, né le 14 septembre 1907 à Michalovce, – alors en Hongrie, aujourd’hui en Slovaquie – et arrivé en Belgique en 1925. Le couple vit à Borgerhout, district d’Anvers au 3 Marinisstrasst. Marek est établi comme boucher kasher et son épouse se déclare vendeuse.

Leur premier enfant, Paula (Paulette) naît le 10 janvier 1934 à Anvers-Borgerhout, les parents ont alors respectivement 27 et 22 ans. Marcel, naît trois ans plus tard, le 14 janvier 1937, dans la même ville. Les deux enfants ont ainsi la nationalité belge tandis que Max garde sa nationalité hongroise (ou slovaque selon les sources) et que Frieda a acquis par mariage celle de son époux.

Le 14 mai 1940, devant l’avancée allemande, les Mermelstein fuient vers la France, comme de nombreux Belges. Réfugiés en zone libre, il est possible qu’ils s’installent un moment dans le Gard où l’on trouve la trace de Frieda à Saint-Sébastien d’Aigrefeuille. [1]

Domiciliés ensuite à Causses-et-Veyran dans l’Hérault, ils sont arrêtés tous les quatre le 28 juin 1942, puis internés le 31 août au camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales). Les enfants sont libérés une dizaine de jours plus tard, le 9 septembre, le motif invoqué étant « mère enceinte ». C’est très probablement l’Oeuvre de Secours aux Enfants (OSE) qui les prend en charge. Frieda et son mari arrivent à sortir du camp en s’évadant ; Max rejoint le maquis, tandis que Frieda finit par se fixer à Pau (Pyrénées-Atlantiques), au 2 rue d’Alsace.

Les enfants Mermelstein intègrent successivement différents lieux d’hébergement dépendants de l’OSE situés à Palavas (Hérault), Campestre (Gard) près de Lodève et sans doute à Nîmes (puisqu’une adresse, rue Saint Gilles, les situe à un moment dans cette ville). Ils se retrouvent enfin à la Colonie des enfants réfugiés de l’Hérault en mai 1943, colonie qui devient la Maison d’Enfants d’Izieu, située à Belley dans l’Ain. Ils retrouvent deux autres enfants anversois, les Tetelbaum. On sait que la scolarité de Paula s’effectue au niveau du « cours moyen » et que Marcel est hospitalisé à Chambéry pendant deux jours le 24 décembre 1943. La vie le village d’Izieu est plutôt paisible, du moins jusqu’en septembre 1943, date à laquelle les Allemands occupent la zone italienne.

Le 8 février 1944, les Allemands arrêtent le personnel de l’OSE de Chambéry, l’OSE entreprend alors de fermer toutes ses maisons ; seule celle d’Izieu reste encore en activité. Sabine Zlatin, sa directrice, fait des démarches en février 1944 pour céder la maison au Service social d’Aide aux Emigrants. Elle prévoit de transférer les enfants dans l’Hérault. Le 2 avril, elle est à Montpellier pour organiser les départs, mais le 6 avril, la Gestapo, sur ordre de Klaus Barbie arrête les 44 enfants présents et les 6 adultes encadrants. Les enfants Hélène et Bernard Waysenson (voir biographie de Joseph Waysenson) sont les seuls à avoir quitté à temps la Maison d’Izieu.

Les autres enfants et les adultes sont embarqués dans des camions vers la prison de Montluc (Lyon). Ils y restent le 6 et 7 avril dans un dénuement complet et sont ensuite expédiés au camp de Drancy où ils arrivent le 8 avril 1944 (Paula matricule 19212, Marcel matricule 19213).

Quant à Frieda Mermelstein, peu de temps après la liquidation d’Izieu, elle est arrêtée, à Pau puis, le 13 mai 1944 emprisonnée à Toulouse (dossier n° 41-15293). Son adresse a-t-elle été trouvée dans les affaires des enfants ? C’est une hypothèse évoquée par certains.

À Drancy Paula et Marcel retrouvent leur mère (matricule 21903) et tous les trois partent le 20 mai 1944 pour Auschwitz par le convoi 74. Lorsqu’ils y sont gazés, Frieda est âgée de 32 ans, Paula de 10 ans et Marcel de 7 ans.

Les attestations de leur disparition et de présomption de leur décès ne seront délivrées qu’en 2009 date à laquelle la mention Mort en Déportation leur est également attribuée ; la date de leur décès a été fixée au 25 mai 1944.

Max, époux de Frieda, père de Paula et Marcel aura la vie sauve et partira en Australie après la guerre, Au sein de l’Association des fils et filles de déportés juifs de France, il se constituera partie civile au procès de Klaus Barbie en 1987.

Rédaction : Marie Balta et Gérard Krebs


[1] St Sébastien d’Aigrefeuille, à quelques kilomètres d’Anduze dans le Gard est connu pour le sauvetage de deux enfants juifs et leur mère cachés par les habitants, avec la complicité des élus. Six habitants sont condamnés, deux ont été déportés et ne sont pas revenus, tous honorés comme Justes.

Sources :

-Dossiers Caen : Paula : 21P 48 2429, Marcel : 21P 48 2429 (dont photo Frieda)

-Guide des Stolepersteine de Bogerhout-Anvers.
-Archives de la ville d’Amsterdam : https://www.openarchieven.nl/saa:a0f5f2d6-84ab-4f29-a2b1-6bd5a6905358
-Archives départementales des Pyrénées Orientales : https://archives-camps.cg66.fr/basescamps
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3334423r.r=%22max%20mermelstein%22?rk=21459;2
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3328863m.r=%22marcel%20mermelstein%22?rk=42918;4#
-Sur les enfants d’Izieu   https://www.mahj.org/sites/default/files/2023-02/DP%20Izieu%20d%C3%A9f.pdf
-Dossier Pédagogique « Tu te souviendras de moi . Paroles et dessins des enfants de la Maison d’Izieu, 43-44.
-Les mémoires de la Dame d’Izieu. Sabine Zlatin. Cf. sa déposition au procès Barbie, Gallimard collection Témoins 1992.
– Le Procès Barbie. Mémoire de Master 2 de Lila Amoura, sous la direction de Denis Pechanski Année 2016/2017. Panthéon Sorbonne. Centre d’Histoire Sociale du XXème siècle.
– Journal l’Humanité du 25 juin 2023 concernant le village de St Sébastien d’Aigrefeuille.
– Extrait tract du Réseau de Résistance Fraternité mai 44. Archives du PCF. (Conditions de détention des enfants d’Izieu à la prison de Montluc)
– Archives du Comité d’Histoire de la 2ème Guerre Mondiale. Service de la protection des juifs. Cotes : 72AJ/71 dossier n°11, pièce 10.
– Journal officiel du 11 mars 201O, texte 51 (apposition de la mention Mort en Déportation sur Actes Déclaratifs de décès).
– Site « Find a Grave », photos de Paula et de Marcel : https://fr.findagrave.com/memorial/126773381/paula-mermelstein/photo
https://fr.findagrave.com/memorial/126773898/marcel-mermelstein

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