RECHERCHEZ
Avant la guerre, Georges Ben Attar est un jeune homme plein d’insouciance. Né à Nîmes le 11 juillet 1924 d’Aaron Ben Attar et de Sarah Cario, il est élevé avec ses deux sœurs aînées dans un milieu aisé.Au début des années 1940, malgré la politique anti-juive de l’État Français, la vie est encore assez plaisante. Georges a beaucoup d’amis, il suit la mode zazou et souhaite devenir avocat. Mais, à 18 ans sa vie bascule totalement. Fin 1942, les Allemands envahissent la zone libre, bien décidés à y poursuivre les persécutions raciales. Cependant les autorités laissent entendre aux Ben Attar qu’ils les considèrent comme faisant partie d’une toute petite élite juive «de bons français », qui sera épargnée. Il n’en est rien. Le 17 septembre 1943, la Gestapo et la Feldgendarmerie font irruption au domicile familial, 13 rue général Perrier. Tous les convives sont arrêtés : Georges, ses parents, ses sœurs et son oncle et sa tante : Lazare et Bellyne Cario. Après un bref passage par la caserne Vallongue à Nîmes, hommes et femmes sont envoyés séparément à la prison Saint-Pierre à Marseille. Ils ne se trouvent à nouveau réunis que le 25 septembre, au moment du départ pour Drancy, où toute la famille partagera le même bloc.
Le 7 octobre c’est la déportation pour Auschwitz par le convoi 60. A leur arrivée, Georges, son père Aaron (matricule 156976) et son oncle Lazare Cario (matricule 156978) sont envoyés au sous-camp de Monowitz (Pologne), tandis que sa mère et ses sœurs périssent dans les chambres à gaz de Birkenau.
Georges, qui est affecté à un kommando chargé d’épuisants travaux de terrassement, décide qu’il doit survivre pour pouvoir témoigner un jour : chaque matin, son objectif est de durer jusqu’au soir. En janvier 1944, après une angine diphtérique qui le cloue à l’hôpital – où il reçoit quelques visites de son père -, il est transféré de Monowitz à Auschwitz 1. Il ne reverra plus ni son père ni son oncle.
Intégré ensuite dans un kommando travaillant pour la Waffen SS, il transporte sur son dos des matériaux de construction. Cela dure un an, avant que les Allemands ne jettent les déportés sur les routes, pour fuir l’avancée de l’Armée rouge : ils sont 30.000 à partir à pied par une température de -20 ° C.
Avec ses compagnons d’infortune, Georges arrive quatre jours plus tard à Gross-Rosen (Pologne). Il parvient à se procurer un écusson de déporté politique pour remplacer celui qu’il porte. Le 21 janvier 1945, c’est avec un convoi de non-juifs, qu’il est évacué vers Dora (Allemagne). Le mois suivant, nouveau départ pour Nordhausen, d’où il est sensé partir derechef vers Bergen-Belsen, début avril. Il refuse cette perspective, se cache pendant une semaine et finit par rejoindre les troupes américaines le 11 avril.
Rapatrié dix jours plus tard, il est – à 21 ans – dans un état de santé très déficient. Sa maison à Nîmes ayant été pillée, il s’installe d’abord chez une tante maternelle. Puis il part s’occuper du magasin de chapellerie que la famille possède à Béziers. Il s’y marie le 13 juin avec Simone Calef. Le couple aura deux enfants dont Hélène, qui recueillera le témoignage de son père, peu avant que celui-ci ne s’éteigne, le 1er mai 1997.
Gérard KREBS
Sources :
Service historique Caen
Blog familial « Tranches de survie » d’Hélène Ben Attar, épouse Fernandez, février 2022
https://www.tranchedesurvie.org/testemonials/read-simone-calefs-testimony/
photo : blog «Tranches de survie» Georges Ben Attar et son épouse Simone en 1946
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Avant la guerre, Georges Ben Attar est un jeune homme plein d’insouciance. Né à Nîmes le 11 juillet 1924 d’Aaron Ben Attar et de Sarah Cario, il est élevé avec ses deux sœurs aînées dans un milieu aisé.Au début des années 1940, malgré la politique anti-juive de l’État Français, la vie est encore assez plaisante. Georges a beaucoup d’amis, il suit la mode zazou et souhaite devenir avocat. Mais, à 18 ans sa vie bascule totalement. Fin 1942, les Allemands envahissent la zone libre, bien décidés à y poursuivre les persécutions raciales. Cependant les autorités laissent entendre aux Ben Attar qu’ils les considèrent comme faisant partie d’une toute petite élite juive «de bons français », qui sera épargnée. Il n’en est rien. Le 17 septembre 1943, la Gestapo et la Feldgendarmerie font irruption au domicile familial, 13 rue général Perrier. Tous les convives sont arrêtés : Georges, ses parents, ses sœurs et son oncle et sa tante : Lazare et Bellyne Cario. Après un bref passage par la caserne Vallongue à Nîmes, hommes et femmes sont envoyés séparément à la prison Saint-Pierre à Marseille. Ils ne se trouvent à nouveau réunis que le 25 septembre, au moment du départ pour Drancy, où toute la famille partagera le même bloc.
Le 7 octobre c’est la déportation pour Auschwitz par le convoi 60. A leur arrivée, Georges, son père Aaron (matricule 156976) et son oncle Lazare Cario (matricule 156978) sont envoyés au sous-camp de Monowitz (Pologne), tandis que sa mère et ses sœurs périssent dans les chambres à gaz de Birkenau.
Georges, qui est affecté à un kommando chargé d’épuisants travaux de terrassement, décide qu’il doit survivre pour pouvoir témoigner un jour : chaque matin, son objectif est de durer jusqu’au soir. En janvier 1944, après une angine diphtérique qui le cloue à l’hôpital – où il reçoit quelques visites de son père -, il est transféré de Monowitz à Auschwitz 1. Il ne reverra plus ni son père ni son oncle.
Intégré ensuite dans un kommando travaillant pour la Waffen SS, il transporte sur son dos des matériaux de construction. Cela dure un an, avant que les Allemands ne jettent les déportés sur les routes, pour fuir l’avancée de l’Armée rouge : ils sont 30.000 à partir à pied par une température de -20 ° C.
Avec ses compagnons d’infortune, Georges arrive quatre jours plus tard à Gross-Rosen (Pologne). Il parvient à se procurer un écusson de déporté politique pour remplacer celui qu’il porte. Le 21 janvier 1945, c’est avec un convoi de non-juifs, qu’il est évacué vers Dora (Allemagne). Le mois suivant, nouveau départ pour Nordhausen, d’où il est sensé partir derechef vers Bergen-Belsen, début avril. Il refuse cette perspective, se cache pendant une semaine et finit par rejoindre les troupes américaines le 11 avril.
Rapatrié dix jours plus tard, il est – à 21 ans – dans un état de santé très déficient. Sa maison à Nîmes ayant été pillée, il s’installe d’abord chez une tante maternelle. Puis il part s’occuper du magasin de chapellerie que la famille possède à Béziers. Il s’y marie le 13 juin avec Simone Calef. Le couple aura deux enfants dont Hélène, qui recueillera le témoignage de son père, peu avant que celui-ci ne s’éteigne, le 1er mai 1997.
Gérard KREBS
Sources :
Service historique Caen
Blog familial « Tranches de survie » d’Hélène Ben Attar, épouse Fernandez, février 2022
https://www.tranchedesurvie.org/testemonials/read-simone-calefs-testimony/
photo : blog «Tranches de survie» Georges Ben Attar et son épouse Simone en 1946